Séance du 06.12.2022
Lecture de L'Evolution créatrice de Bergson
1/ Enregistrement de la séance du 06.12.2022
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 06.12.2022
2/ Plan du cours séance du 06.12.2022
C'est notre 3ème séance. Nous avons commenté l'introduction et les premières pages du 1er chapitre consacrées à l'examen de la durée intérieure de notre être conscient. Nous poursuivons la lecture du 1er chapitre en voyant si les caractères de celle-ci peuvent s'appliquer par analogie aux autres êtres, et à la vie elle-même entendue comme « progrès évolutif »
1-Qu'en est-il des objets matériels ?
a- Ce sont des systèmes artificiellement isolés et clos par l'intelligence
Celle-ci les divise en parties et en éléments matériels ; les changements de l'objet s'expliquent par le déplacement de ses parties. L'objet peut ainsi retrouver un état qu'il avait auparavant.
-Ce sont des systèmes soustraits à la durée : « Toutes nos opérations sur les systèmes que la science isole, reposent sur l'idée que le temps ne mord par sur eux »
b- En tant qu'ils se rattachent à la totalité de l'univers matériel, ces objets n'échappent pas à la durée,
« Pourtant la succession est un fait incontestable, même dans le monde matériel » : l'exemple du morceau de sucre dont il faut attendre la dissolution dans l'eau.
La durée qui se découvre à moi à travers mon impatience n'est pas seulement le temps de ma conscience, c'est aussi le temps de l'univers : « L'univers dure »
2- Qu'en est-il des corps vivants ? Des corps vivants à la vie « en général »
a- Ce sont des systèmes naturellement clos et isolés dont le mode d'être déroute notre intelligence. Il se caractérisent par
l'individualité : celle-ci n'est jamais achevée mais toujours en voie de réalisation (la tendance à s'individuer est combattue par la tendance à se reproduire)
le vieillissement qui est la marque de l'action de la durée sur l'organisme (il manifeste une « mémoire organique » analogue à la mémoire par laquelle la conscience prolonge le passé dans le présent)
l'appartenance à l'évolution : le moment présent d'un corps vivant témoigne non seulement de tout son passé, mais aussi de son hérédité, et « enfin de l'ensemble d'une très longue histoire »
b- Cette continuité montre la légitimité de de la notion de « vie en général » comme « courant de vie qui traverse les corps qu'il organise, passant de génération en génération, se divisant en espèces et s'éparpillant entre les individus »
La vie se caractérise de manière analogue à la conscience par la durée (c'est une évolution) ; le « transformisme » lui confère une validité objective.
Les théories de l'évolution confirment l'hypothèse transformiste, mais là où les sciences observent une succession des espèces qui naissent les unes des autres, la « philosophie de la vie » veut saisir le mouvement vital qui produit cette évolution et ces transformations. Sur ce point, Bergson se réfère au biologiste August Weismann et à sa théorie du « plasma germinatif » pour rendre compte de la transmission génétique. D'où la définition : « La vie apparaît comme un courant qui va d'un germe à un germe par l'intermédiaire d'un organisme développé »
3- Comment saisir le mouvement vital ?
a- Notre intelligence s'insurge contre l'idée d'une évolution créatrice impliquant une originalité et une imprévisibilité absolues des formes vivantes.
b- L'incapacité de l'intelligence à comprendre la vie s'explique par sa fonction vitale : (« Notre intelligence, telle que l'évolution l'a modelée, a pour fonction essentielle d'éclairer notre conduite, de préparer notre action sur les choses... »). « Originellement, nous ne pensons que pour agir » (….) « Nous naissons artisans comme nous naissons géomètres, et même nous ne sommes géomètres que parce que nous sommes artisans ».
c- L'intelligence est un obstacle à la compréhension de la vie, tant qu'on lui confère le pouvoir théorique de trancher de toutes choses, et particulièrement de la nature de la vie. Les deux représentations (les deux « vêtements de confection ») qu'elle met à notre disposition pour la connaître, le mécanisme et la finalité, consistent à assimiler la production des êtres vivants à la fabrication d'une machine (laquelle résulte d'un assemblage de parties). Elles postulent ainsi, l'une comme l'autre, que « tout est donné » (et qu'en conséquence le temps ne fait rien)
Conclusion : Comment dépasser en nous l'intelligence et parvenir à une connaissance qui permette de « ressaisir le mouvement intérieur de la vie » ?