Séance du 06.04.2023

Le Châtiment

1/ Enregistrement de la séance du 06.04.2023

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enregistrement séance du 06.04.2023

2/ Plan du cours séance du 06.04.2023

Lecture de Surveiller et Punir de Michel Foucault (1975)

Sous-titre : « Naissance de la prison »

Ouvrage particulièrement riche qui a eu un grand retentissement et impose Foucault comme l'un des grands philosophes contemporains (1926- 1984). Ce plan schématique est destiné à suivre la progression de l'oeuvre.



1- Le problème à résoudre et la démarche d'ensemble de l'oeuvre

(chapitre 1, 1ère partie « Le corps des condamnés »)

Foucault confronte deux documents qui ne sont séparés que par trois quarts de siècle. Le premier est un récit rapportant le supplice de Damiens (1757) ; le deuxième est un extrait du règlement de la Maison des jeunes détenus de Paris de 1838. Le contraste entre ces deux documents témoigne d'une rupture historique : en moins d'un siècle, on est passé du temps des supplices à celui des règlements. Comment expliquer cette mutation ?

L'approche méthodique de Foucault : une réflexion sur la « technologie politique du corps ».


2- L'éclat des supplices (chapitre 1, 2ème partie)

Le supplice apparaît comme un rituel politique par lequel le pouvoir du souverain se donne à voir.



3- Pourquoi les supplices sont-ils l'objet d'une critique virulente à partir du XVIII ème siècle. S'agit-il d'un changement de sensibilité ? (chapitre 2)

Foucault y voit plutôt un souci d'efficacité : il s'agit de recourir à des punitions capables de prévenir le crime. Comment ? Les réformateurs du XVIIIème siècle (Beccaria notamment) veulent agir sur les représentations. Les châtiments infligés ne doivent plus faire paraître le pouvoir du souverain ; ils doivent dissuader. Il faut que, dans les esprits, les idées de crime et de punition soient étroitement associées. Selon eux, on reculera devant le crime si on se le représente comme la cause du châtiment.



4- Pourquoi la politique proposée par les réformateurs ne parvient-elle pas à s'imposer ? (fin du chapitre 2)

L'apparition de la prison et son développement ne correspondent pas à ce que les réformateurs attendaient des peines. La peine de prison a une visée utilitaire. L'objectif n'est plus de faire porter au corps du condamné la marque du pouvoir (supplices), mais de prévenir le crime. Alors que les réformateurs voulaient rendre les peines dissuasives en agissant sur les représentations et en faisant du crime le signe de la punition, la prison va dresser les corps. La naissance de la prison résulte de l'avènement des « disciplines ».



5- L'avènement des « disciplines » (chapitre 3)

Avec cet avènement, la naissance de la prison s'inscrit dans une rupture historique qui excède largement le champ du droit et des politiques pénales.

Les disciplines sont des techniques du pouvoir qui s'exercent sur le corps en tant qu'il est en activité, pour contrôler ses mouvements, assujettir ses forces, et qui, en le rendant « docile », rendent utile l'usage de ses forces. Avec les disciplines, c'est un contrôle de la vie humaine dans ses moindres détails qui s'organise dans les écoles, les casernes, les ateliers et les hôpitaux. Elles mettent en œuvre plusieurs procédures générales : la répartition des individus dans l'espace (fermeture, quadrillage, division du travail), le contrôle de l'activité (emploi du temps, programmation des actes, capitalisation du temps des individus), la composition des forces.



6- Comment ce pouvoir disciplinaire circulant dans les écoles, les casernes et les ateliers a-t-il pu transformer le régime de la pénalité et donner naissance à la prison ? (chapitres 3 et 4)

Les techniques disciplinaires ont investi les appareils d'Etat et parmi eux l'appareil judiciaire pour les modeler de l'intérieur, à partir de trois instruments : la surveillance hiérarchique, la sanction normalisatrice, la procédure d'examen (qui combine les deux précédents)

Foucault reprend au philosophe Jeremy Bentham l'idée du « Panoptique » qui désigne un dispositif architectural permettant une surveillance de chaque prisonnier sans qu'il ne puisse voir ses surveillants. Cette architecture obéit à des critères précis : encellulement individuel, visibilité intégrale, surveillance constante. Le panoptique est ainsi l'outil d'une transparence absolue.Surveiller, non plus seulement pour punir, mais surtout pour réformer, pour amender.



L'intérêt du panoptique ne se résume pas à ses vertus carcérales ; il va servir de modèle à diverses institutions disciplinaires. Pour une "société « disciplinaire », ou société de contrôle.