Séance du 28.04.2022

Réflexion sur la mémoire

La mémoire fait-elle l'identité ? 

Une lecture de l'Essai sur l'entendement humain de LOCKE     par Armand Guillot

 

1/ Enregistrement de la séance du 28.04.2022

Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après: 

enregistrement séance du 28.04.2022


2/ Plan du cours séance du 28.04.2022


Exposé du problème

Locke invente le concept moderne de conscience pour résoudre un problème déterminé, celui de l'identité personnelle.

D'une manière générale, la question de l'identité personnelle porte sur la capacité du moi à demeurer un et identique à lui-même dans la multiplicité des changements qui l'affectent. Ainsi, aucune propriété du moi n'est permanente, toutes sont changeantes ou périssables (les qualités physiques changent au cours du temps mais également les qualités morales et intellectuelles, le lâche peut devenir courageux...). Pourtant, le moi demeure un et identique à lui-même au cours de son existence. C'est ce paradoxe qui constitue le problème de l'identité personnelle et que Locke s'efforce de résoudre dans le chapitre XXVII du Livre II de l'Essai sur l'entendement humain.

 

I- La définition lockéenne de la personne

La résolution du problème commence par la formulation d'une définition rigoureuse et novatrice de la personne : « un être pensant et intelligent, doué de raison et de réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, une même chose pensante en différents temps et lieux. Ce qui provient uniquement de cette conscience qui est inséparable de la pensée » (Essai sur l'entendement humain, livre II, chap. XXVII,§9.)

Le principe de l'identité personnelle réside donc dans la conscience ou plus précisément dans la mémoire, capacité de l'être pensant à rendre présents à son esprit ses actes passés et à les reconnaître comme siens.

 

II- Les difficultés soulevées par cette définition

La définition lockéenne de la personne soulève sans doute davantage de difficultés qu'elle n'en résout.

Cependant, elle est féconde précisément par les questions qu'elle lègue à la philosophie et qui contribuent à la transformer et à la faire entrer pleinement dans la Modernité.

En effet, Locke ne dit rien ou presque des moments de notre existence qui échappent absolument à notre mémoire et contribuent pourtant à déterminer qui nous sommes (notamment ceux de la petite enfance).

 

III- Une résolution moderne des problèmes hérités de Locke

Est-il possible de résoudre toutes les difficultés impliquées par la conception lockéenne de l'identité personnelle dans le cadre d'une philosophie de la conscience ?

Pour rendre compte de l'importance, dans la constitution de l'identité d'une personne, des nombreux moments de son existence dont elle ne peut pas se souvenir distinctement, il est nécessaire de remettre en cause le postulat selon lequel la pensée est indissociable de la conscience.