Séance du 17.05.2022

Lecture de l'Etre et le Néant de Sartre

1/ Enregistrement de la séance du 17.05.2022

Cliquer sur le lien ci-après:

enregistrement séance 17.05.2022


2/ Plan du cours  séance du 17.05.2022

C'est notre dernière séance de lecture de l'Etre et le Néant. Nous abordons la 4ème et dernière partie de l'oeuvre : Avoir, faire et être (pages 575 à 805 dans l'édition Tel/Gallimard). Cette dernière partie est-elle même composée de deux chapitres : 1- Etre et faire : la liberté ; 2- Faire et avoir. Nous lirons  le 1er chapitre. Celui-ci à son tour est composé de 3 parties : 1- La condition première de l'action, c'est la liberté ; 2- Liberté et facticité : la situation ; 3- Liberté et responsabilité. Nous lirons principalement les 2 premières parties de ce chapitre.

 

En quel sens Sartre est-il un philosophe de la liberté ?

 

1- Etre, c'est agir : l'action comme manifestation de la liberté

 

a- Qu'est-ce qu'une action ? et que présuppose-t-elle ?

-        intention et néantisation (l'exemple des ouvriers de la Croix-Rousse en 1830) : « Aucun état de fait, quel qu'il soit, n'est susceptible de motiver par lui même un acte quelconque »

-        contre les partisans du libre-arbitre, « il est impossible de trouver un acte sans mobile », contre ceux du déterminisme, « le mobile n'est pas la cause de l'acte, il en est partie intégrante ».

-        conclusion : « C'est l'action qui décide de ses fins et de ses mobiles, et l'action est l'expression de la liberté »

 

b- La liberté « est l'être de l'homme, c'est à dire son néant d'être »

-        « Je suis condamné à être libre » : je ne peux pas cesser d'être libre, je suis perpétuellement condamné à choisir mon être et rien ne détermine par avance mon choix. Je ne peux pas renoncer à ma liberté ; l'invocation du déterminisme est une tentative pour me la masquer

-        La liberté n'est ni une faculté ni une propriété, elle est « l'être de l'homme », ce qui fait qu'il est en son être « néant d'être ». Si l'homme est fondamentalement libre, il est libre en toutes circonstances : « L'homme ne saurait être tantôt libre et tantôt esclave : il est tout entier et toujours libre ou il n'est pas ». Ne pas confondre la liberté de l'homme avec les conditions de son exercice.

 

c- Les passions et les actes volontaires sont deux manières différentes de manifester la liberté

Ma peur est libre et manifeste ma liberté »)

 

d- Examen approfondi des « motifs » et des « mobiles » de l'action (exemple de Clovis)

-        Ils ne sont pas des choses extérieures à la conscience, soupesées dans une délibération qui précède la décision ; « Quand je délibère, les jeux sont faits », la décision est déjà prise

-         « La liberté, comme être du pour-soi, est une totalité inanalysable : les motifs, les mobiles et les fins sont organisés unitairement  dans les cadres de cette liberté et doivent se comprendre à partir d'elles »

-         

e- Le « choix originel » à la lumière de l'opposition entre Sartre et Leibniz : l'exemple d'Adam

 

2- La liberté en situation

 

a- Explication de la notion de situation : elle n'est pas réductible aux faits (au donné), elle désigne les faits en corrélation avec ma liberté : « Le paradoxe de la liberté : il n'y a de liberté qu'en situation et il n'y a de situation que par la liberté » L'exemple du rocher.

b- « La facticité de la liberté,  soit le donné qu'elle a à être et qu'elle éclaire de son projet » se présente sous 5 registres : « ma place », « mon passé », « mes entours », « mon prochain », « ma mort ». Nous aborderons les 2 premiers et le dernier.

c- « Ma place » et « mon passé »/ «(« c'est le futur qui décide si le passé est vivant ou mort »)

c- « Ma mort » : « La mort est le triomphe du point de vue d'autrui sur le point de vue que je suis sur moi-même » ; Malraux : « La mort transforme la vie en destin »

 

3- Liberté et responsabilité.



3/ Compléments

 Dans la mesure où notre séance concernant la lecture de l'Etre et le Néant n'a pu aborder un certain nombre de points et vous a laissé sur votre faim concernant le projet sartrien de psychanalyse existentielle, je la complèterai par une note qui permettra de le présenter

C'est à la lumière de ce projet qu'on peut comprendre les travaux de Sartre consacrés à Baudelaire, Mallarmé, Genêt, et Flaubert (dernière grande œuvre inachevée: L'Idiot de la famille), et qu'on peut lire aussi Les Mots, son autobiographie (concernant seulement son enfance)

Parmi les extraits que j'ai photocopiés et distribués hier soir, il y a un extrait de la 4ème partie de l'EN où Sartre confronte sa conception de l'individu à celle du philosophe Leibniz. Pour ceux qui ne connaissent pas ce philosophe, ces pages paraîtront bien sûr incompréhensibles. Je les avais toutefois photocopiées parce que l'opposition de Sartre à Leibniz permet de bien saisir en quoi se distingue son existentialisme, pour reprendre cette formule. Leibniz est en quelque sorte le type même du philosophe qui est le plus radicalement opposé à Sartre. Je n'ai pas eu le temps d'en parler.

4- J'aurai sans doute l'occasion de revenir sur un nombre d'aspects de l'œuvre de Sartre, notamment par le biais des émissions des Rendez vous de Philopop (la difficulté étant que je m'adresse à un public qui n'est pas censé du tout le connaître). Quelques pistes que je souhaiterais creuser:

a- Sartre et Le Havre, à partir de la lecture de la Nausée

b- Sartre et la question du colonialisme, à partir d'un article qu'il a consacré au système colonial en Algérie (à confronter à Camus?)

5- La lecture de l'Etre et le Néant vous a paru très difficile, surtout au début, particulièrement dans son introduction. Il use (et parfois abuse) d'une conceptualité technique... Mais la patience, la familiarisation, la relecture permettent d'entrer progressivement dans sa démarche et d'en apprécier la fécondité

A partir de là, vous pourrez aussi mieux apprécier, j'espère, toute son œuvre, notamment son œuvre littéraire