Séance du 16.12.2021

La mémoire

1/ Enregistrement de la séance

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enregistrement de la séance du 16.12.2021

2/ Plan du cours :

Cette 3ème séance sur la question de la mémoire sera dans le prolongement de la précédente. La lecture de la 2ème Conférence sur la perception du changement de Bergson prononcée à Oxford en 1911 a montré que le problème de la conservation du passé est un faux problème. Il présuppose que le passé n'existe plus et confond le temps avec de l'espace. La mémoire n'est pas autre chose en vérité que le passé qui se conserve de lui même et se prolonge dans le présent. Après avoir abordé la dimension ontologique de la mémoire, il est temps maintenant d'étudier sa fonction psychologique. Nous nous appuierons essentiellement sur la lecture des chapitres 2 et 3 de Matière et Mémoire, paru en 1896.

 

1- Comment expliquer la reconnaissance du passé ? Comment le passé peut-il s'actualiser et s'insérer dans le présent ?

a- La distinction des deux formes de la mémoire : mémoire-habitude et mémoire-souvenir (l'exemple de la leçon apprise par cœur), une mémoire qui s'incorpore au présent et devient une action, et une mémoire qui se rapporte explicitement au passé en se le représentant

-        Ces deux formes de la mémoire diffèrent à la fois par leur mode d'acquisition et par leur mode de reproduction du passé

-        Elles sont différentes par nature et non par degré, contrairement à à ce qu'en disent « les psychologues » qui parlent du souvenir comme d'un « pli contracté , comme d'une impression qui se grave de plus en plus et plus profondément en se répétant »

-        Il est nécessaire de les distinguer pour comprendre leur convergence sur le plan pratique : « elles se prêtent un mutuel appui ». Dans la vie ordinaire, elles se mélangent, selon des dosages variables

b- Le souvenir ne peut pas s'expliquer comme la trace matérielle de la perception d'un événement qui serait conservée par la mémoire (envisagée alors comme magasin de souvenirs). Le présent vécu se dédouble à chaque instant en perception et en souvenir, ils sont ainsi contemporains. Le passé ne succède pas au présent, il coexiste avec lui tout entier ; la coexistence des souvenirs n'est pas d'ordre spatial, elle est de l'ordre d'une compénétration (ils s'intègrent les uns aux autres dans la durée indivise)

 

2- Que se passe-t-il quand nous nous souvenons ?

 

a- L'appel au souvenir : on ne vise pas le passé à partir du présent, on se « détache du présent pour se replacer d'abord dans le passé en général, puis dans une certaine région du passé ». Le passé, à ce stade, est du virtuel : c'est ce que Bergson appelle « le souvenir pur »

b- Le rappel du souvenir : c'est le trajet descendant au cours duquel le souvenir pur se matérialise en un « souvenir-image », lequel vient imprégner la perception présente pour l'éclairer et l'orienter. On passe ici de la dimension ontologique de la mémoire à sa dimension psychologique, qui est de fait une dimension pragmatique.

c- L'image du « cône renversé » permet de saisir ce passage : elle illustre à la fois l'hétérogénéité des deux formes de mémoire et la façon dont elles entrent en convergence. Pour chaque section du cône, le passé tout entier coexiste avec le présent, mais selon des degrés de tension différents. La vie mentale se déploie ainsi entre deux limites extrêmes : entre « l'homme impulsif » et le « rêveur », il y a « l'homme d'action  

 

L'image du cône inversé :            ___

                                                        V


3- Le cerveau n'explique pas la mémoire, il est seulement la condition de l'évocation des souvenirs

 

a- Il est un organe de sélection : il fait obstacle à l'actualisation du passé dans son intégralité, il ne laisse passer que les souvenirs utiles au présent. C'est par lui que s'explique l'oubli.

b- Il insère la conscience dans le présent : le cerveau est un organe d'action et d'attention à la vie

c- Les troubles de la mémoire (l'exemple de l'aphasie) ; la notion de « schème moteur »