Séance du 12.10.2021
Lecture de l'Etre et le Néant de Sartre
1/ Enregistrement de la séance 12.10.2021
Cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance 12.10.2021
2/ Plan du cours séance 12.10.2021
Pour avoir une idée du projet et du problème abordés par Sartre dans l'Etre et le Néant, et comprendre le sous-titre de l'oeuvre : « Essai d'ontologie phénoménologique », il faut d'abord savoir en quoi consiste la nouveauté de la phénoménologie à laquelle il fait référence dans son introduction. La phénoménologie se propose de décrire rigoureusement la manière dont les choses apparaissent à la conscience, afin de sortir des impasses d'une tradition philosophique qui ne parvient pas à comprendre notre rapport au monde,
1- Les impasses de la tradition philosophique : la perception comme rencontre entre la conscience et le monde, censés préexister à leur relation.
Problème : comment du vécu (ma perception) peut-il accéder à la chose que je perçois en dehors de moi ?
a- L'examen de la position « réaliste » (la thèse empiriste) :
La perception comme action des choses extérieures sur nos sens et notre conscience.
elle est un assemblage de sensations (voir extraits de l'Essai philosophique concernant l'entendement humain de J. Locke, 1690 : l'exemple du glaçon)
qu'en est-il de la réalité de la chose perçue ? Doit-on postuler son existence à la source des sensations (Locke), ou considérer au contraire celle-ci comme une illusion (Berkeley, Trois dialogues entre Hylas et Philonous, 1713) ?
Critique : la sensation est-elle vraiment une donnée élémentaire de l'expérience comme le prétend l'empirisme ?
b- L'examen de la position « idéaliste » :
La perception comme acte d'un sujet dont la pensée confère son identité à la chose perçue (analyse du morceau de cire par Descartes dans la 2ème Méditation métaphysique, 1641)
- l'identité du morceau de cire : « Il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable »
- les sensations ne permettent pas de savoir ce qu'est la cire ; elles expriment seulement la manière dont nous sommes affectés par elle
- nous devrions dire que nous « jugeons » que nous voyons ou touchons la cire au lieu de dire que nous la voyons ou touchons
Critique : l'analyse du morceau de cire est-elle vraiment fidèle à l'expérience perceptive ? Peut-on dire vraiment que nous percevons encore le même morceau de cire alors que ses qualités sensibles ont disparu ?
2- L'approche phénoménologique de la perception
Décrire fidèlement l'expérience perceptive, c'est montrer comment les choses apparaissent à la conscience comme extérieures à elle. La perception n'est pas un face à face, c'est une relation essentielle à laquelle et la conscience et le monde doivent leur existence :
- le monde existe pour la conscience (la notion de phénomène) : « L'être d'un existant, c'est précisément ce qu'il paraît (…) Relatif, le phénomène (= la chose telle qu'elle paraît) le demeure car le « paraître » suppose par essence quelqu'un à qui paraître » (Introduction de l'EN, page 12)
- la conscience existe pour le monde (« Il n'y a pas d'être pour la conscience en dehors de cette obligation précise d'être intuition révélante de quelque chose, c'est à dire d'un être transcendant (= extérieure à elle) ». Une conscience pure (sans objet) n'existe pas.
l' « intentionnalité » de la conscience (« toute conscience est conscience de quelque chose » Husserl) : la conscience est essentiellement relation à autre chose qu'elle
la « transcendance » des choses est ce qui révèle leur existence : elles se donnent comme excédant toutes leurs apparitions, comme appelant la conscience à dépasser chacun de ses points de vue sur elles, d'où le paradoxe constitutif de la perception (« ce qui paraît, c'est seulement un aspect de l'objet et l'objet est tout entier dans cet aspect et tout entier hors de lui », page 13 de l'EN)
la chose est perçue comme présente à la condition de ne pas l'être toute entière : sa perception est une donation par esquisses (Sartre reprend le terme allemand Abschattung, =esquisse, page 13 de l'EN)