Les Pensées de Pascal 02/03/2017 compléments

1- A propos du pari de Pascal, je vous recommande d'écouter l'excellente émission des "Chemins de la philosophie" sur France culture "Philosopher avec Rohmer: Ma nuit chez Maud et Conte d'hiver", et bien sûr, de voir ou de revoir ces films de Rohmer, surtout le deuxième.

L'invité de l'émission (Laurent Thirouin) montre très bien comment ce dernier film met en oeuvre l'argument du pari. Rohmer est d'après lui quelqu'un qui en a remarquablement compris le sens.

Conte d'hiver est l'histoire apparemment très banale (les films de Rohmer commencent souvent comme cela...) d'une jeune femme, Félicie (le prénom n'est pas neutre...), qui, pendant les vacances d'été, rencontre le grand amour de sa vie, Charles ... Mais à la fin des vacances, Charles doit partir aux USA, et au moment de se séparer, Félicie se trompe et lui donne une mauvaise adresse.

Elle a un enfant de lui, mais hélas, elle a un espoir infime de le retrouver. Cela ne l'empêche pas de vivre des années ensuite dans cette espérance. Elle a bien deux amants (Rémi le coiffeur, et Loic, le prof-intellectuel) mais elle ne peut se déterminer pour aucun des deux car elle se réserve pour Charles.

A Loïc, qui lui reproche de ne pas s'engager, elle répond qu'elle préfère vivre dans l'espérance de retrouver Charles, et que cela suffit à la rendre heureuse. Loïc lui fait remarquer que son choix ressemble au pari de Pascal, qu'elle ne connaît pas (Charles y tiendrait le rôle de Dieu pour Félicie). Elle lui répond qu'elle ne veut s'engager ni pour Rémi ni pour lui car elle veut "s'empêcher de faire des choses qui l'empêcheraient de retrouver Charles" (ce sont ses paroles) et d'être ainsi disponible pour Charles. Le commentaire de Laurent Thirouin est ici très intéressant: cette formule de Félicie lui paraît exprimer le sens profond du pari: de même que Pascal préconise d'"ôter tous les obstacles" qui pourraient empêcher la rencontre avec Dieu, Félicie veut ôter tous les obstacles qui pourraient empêcher sa rencontre avec Charles, si un jour elle le retrouve.

A la fin du film, pari gagné, elle retrouve Charles par hasard... et pleure de "joie". Voir les paroles du Mémorial où Pascal consigne sa conversion: "Joie, joie, pleurs de joie"

2- Alain Attinost et René Sady m'ont chanté en fin de séance la chanson de Brassens, Le Mécréant (sans doute le sont ils quelque peu eux mêmes....) , où il évoque "son voisin du dessus, un certain Blaise Pascal" (et son pari)

Je ne résiste pas au plaisir de vous transmettre les paroles de la chanson, en fichier joint.

Didier Carsin