Classement: | 10 | Participants: | 168 |
Classement catégorie: | 8 | Arrivants: | 124 |
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Pourquoi avoir choisi ce Trail des Crêtes du Chablais ? Pour son format d’abord : un trail suffisamment long pour constituer une belle aventure, un objectif de saison ; mais pas encore un Ultra, ce qui évite de se retrouver à crapahuter dans des lieux reculés à des heures indues de la nuit… Pour le cadre, ensuite : maintes fois m’a-t-on conté les randonnées splendides de la Dent d’Oche, des Cornettes de Bise… mais j’ai toujours renâclé à y accompagner mon père, accaparé que j’étais par le vélo… et les plages du Léman. Ce TCC est l’occasion parfaite de m’absoudre de 30 ans de déshérence. ![]() Lever à 2h30 – ouch ! ; une alerte météo aux orages plane sur le Chablais depuis la veille mais le ciel semble dégagé en gagnant la vallée d’Abondance et Vacheresse. Pas la grande foule et guère de difficulté à se garer à proximité du départ – sage précaution, en prévision de mon futur état de grabataire à l’arrivée. 5h, départ pour 65km et 5000m de D+/D-, une balade pour laquelle j’estime mettre 9 à 10h. Avec un tel menu, j’eusse espéré un départ tranquille… nenni : nous voilà lancés à plus de 17km/h et, au bout de 300m, dans une longue ascension (700m D+) vers le Mont Baron – re-ouch ! Le soleil se lève à mesure que nous grimpons et, une fois sortis de la forêt, les premiers panoramas se dévoilent à nous. Quelques jeunes spectateurs nous ont devancé au sommet du Mont Baron : survoltés, armés de porte-voix et cloches de vache, on les entend de loin ! Ce ne seront pas les derniers à nous encourager, souvent dans des endroits escarpés… merci, et chapeau à eux. Hormis quelques rochers glissants sur le haut, la descente sur Bernex est plutôt plaisante, par des traces et chemins forestiers. |
![]() Final du Mont Baron
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![]() Bernex, depuis Mont Billant
(crédit photos: contributeurs Panoramio sur Google Earth) |
Bernex : 1er ravitaillement, 8km de parcourus, passage en 15ème position, à une intensité bien supérieure à mes plans. Il a beau rester bien du chemin, mes ambitions au classement se sont déjà envolées. On enchaîne avec l’ascension du Mont Bénand, à peine sortis du village. Une ascension progressive et facile sur sentiers, durant laquelle les positions s’établissent. Je peine encore à trouver mon rythme avec les bâtons : pas si simple de trouver l’optimum entre la déclivité, le souffle, la foulée, le planté de bâtons (alterné/parallèle)… ça ira mieux cet été. La pente se raidit vers le Col du Pertuis (km12) et les
premières défaillances surviennent - essentiellement des concurrents ayant
tenté l’aventure sans bâtons. La traversée de la Montagne des Mémises est
plaisante, avec de splendides panoramas tantôt sur le Lac Léman, tantôt sur les
massifs. ![]() Télécabine de Thollon-les Mémises (km 17) : là encore, des
spectateurs euphoriques et des bénévoles aux petits soins pour ce second
ravitaillement. Bananes, pruneaux et mélange eau-Coca pour ma part, et ce
jusqu’à la fin de la course. Avec une paire de barres de céréales consommées,
le tout en petites prises très régulières (rappel sonore toutes les 15’ par ma
montre). Un plan d’alimentation qui m’aura bien réussi aujourd’hui : aucun
souci digestif, pause forcée, reflux ou autre désagrément, malgré la durée
d’effort et les nombreux passages venteux. Nouvelle bonne grimpée (400m D+) pour atteindre le sommet du Pic Boré. Ça valait le coup d’y grimper pour le passage en arête, sans réel danger, mais quand même vertigineux. La redescente sur le Col de Neuva, par un alpage très raide, avec l’herbe grasse, est en revanche une galère. Pas sûr que j’y aie été plus rapide que dans la montée ! |
![]() Pic Boré
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![]() Cornettes de Bise
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Après quelques hectomètres sans balisage, m’ayant un moment fait croire que j’étais égaré, apparaît la Dent d’Oche, cime tant de fois évoquée, jamais gravie… ce ne sera pas encore pour aujourd’hui, nous le contournons pas l’Ouest et le Col de Rebollion. Un passage déjà suffisamment escarpé à mon goût, avec notamment une « cheminée » en entame de descente. Même sans souci de cheville, je ne suis pas spécialement à mon aise sur ces terrains techniques, et un coureur revient peu à peu sur moi. Jean-Marc Billet – c’est son nom – est sur mes talons au ravito des Chalets d’Oche (km 24) puis me dépasse dans la descente du Lac Darbon (km 26). |
![]() Col de Rebollion
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![]() Roc de Rianda
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![]() Chalets d'Oche |
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Je suis alors 13ème à passer au Col de Bise. Aussi insolite qu’inattendu, un groupe de bouquetins y campe, à 10m de moi, impassibles. Nullement inquiétés par le passage des coureurs, peut-être se marrent-ils même, intérieurement, de mes piètres talents de descendeurs… |
![]() Bouquetins (au Col de Pavis)
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Refuge de Bise (km 30), nouvelle pause pour remplir outre et poches. Le beau temps se maintient encore, comme mon allure. Pas de souci particulier, ce qui n’est pas le cas d’un concurrent manifestement éreinté ; puis d’un second aux quadriceps morts dans la descente d’Ubine ; puis d’un troisième abandonnant au ravito d’Abondance (km 41). Et me voilà 10ème ! |
![]() Chalets de Bise
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![]() Pas de la Bosse
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![]() église d'Abondance
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![]() Abondance, centre
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Si je n’aurai jamais pu me mêler à la bataille en tête de course (comme sur le Tour des Fiz 2012 avec Bohard, Challier et Vulliez… avant de sombrer et d’y laisser durablement ma cheville !), un top 10 dans une épreuve de cette envergure me satisfera. Mais pour cela, il reste encore du chemin. Dans l’interminable remontée vers les Chalets d’Autigny, je reviens à ma grande surprise sur Jean-Marc. 5km à peut-être 25% de moyenne, cela offre le temps de faire connaissance. J’ai beau prendre du champ à partir du lieu-dit Les Nœuds, je sais que l’adage, qui veut qu’entre deux trailers, le meilleur descendeur l’emporte, se vérifiera à la fin. |
![]() Chalets d'Autigny
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Le ciel s’est couvert entre temps et se fait menaçant, en arrivant aux Chalets d’Autigny (ravito n°5, km 47). Mention spéciale aux bénévoles postés là, qui n'auraient pas davantage acclamé Lionel Messi ! S’ensuit une descente plaisante que je crois aboutir à Darbon… grave erreur : je tombe sur un ravito au bord d’une route (celui des 4-chemins), et repars pour une grimpette de 700m D+ ! Une montée non anticipée, le brouillard et la pluie désormais… il n’en faut pas plus pour faire sombrer mon moral : la hâte d’en finir accapare mes pensées, j’en viens à prendre le parcours de repli à Darbon, même si l’on ne me le propose pas, quitte à ne pas être classé. Après une bonne heure à errer à travers les alpages, à scruter les balises (blanches et guère visibles) dans le brouillard, se dessine au détour d’un virage deux chalets. Un col, enfin ! Des gens ! Difficile de décrire ma joie quand ces signaleurs m’annoncent que nous prendrons le parcours de repli final : pas de Pointe de Pelluaz, mais désormais 8km de descente, ou presque, jusqu’à l’arrivée. Qu’importe si ce retour par un chemin de terre, puis la route est insipide ; tant pis également si Jean-Marc me dépose comme redouté et reprend sa 9ème place ; la délivrance est proche ! |
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L’aventure prend fin au bout de 9h02’, 63km et 5000m de dénivelé. Les premières impressions sont mitigées, avec cette 10ème place à plus d’une heure du vainqueur, la relative indifférence sur l’aire d’arrivée, la météo qui n’incite guère à y séjourner… et l’absence de souvenir Finisher à l'arrivée. Ben oui, mon placard a beau déborder de T-shirts, j’y reste sensible ! Des notes plus positives arrivent ensuite : voilà un trail bien long - quasiment un Ultra - que j’aurai géré comme rarement, sans blessure, souci digestif, fringale ou autre coup du sort. Deux jours après n’auront subsisté que de légères courbatures, et la forme sera revenue le vendredi suivant. Reste à la mémoire de purger les quelques moments de souffrance, et me voilà reparti pour de prochains périples ! |