Classement: | 6 | Participants: | 400 |
Classement catégorie: | 6 |
Arrivants: | 321 |
Trail de Vulcain 2014... par Arnaud |
Troisième participation au Trail de Vulcain, le
premier ultra-trail de la saison, tracé au cœur de la chaîne des Puys
d'Auvergne, avec évidemment une ascension au Puy de Dôme et ses 1465m.
Ayant eu les honneurs de figurer sur l'affiche officielle de l'édition
2014, j'avais à
cœur d'y briller, rêvant d'un podium comme en 2012. Ca commence donc une fois encore à Volvic et ça s'y finira - j'espère - aussi, 8 ou 9 heures plus tard. Sur l'aire de départ, je ne suis pas en train de me dire "m..., qu'est-ce que je fiche ici, à 5h du mat', début Mars..." comme les années précédentes : une meilleure santé, une connaissance détaillée du parcours, pas de pluie, la quasi-assurance de ne pas rencontrer trop de neige, la présence de mes amis Olivier et Rémi... je suis motivé et content d'être là. |
au départ, avec Rémi |
![]() départ
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Sortie de Volvic, premier km et première montée: il n'en faut pas plus à
deux coureurs, A.Gay et N.Fruchart, pour s'échapper. Oh, pas à une
allure folle, mais à un tempo que je ne veux pas tenter, me tenant à ma
résolution de partir prudemment. Je scrute ainsi régulièrement mes
pulsations cardiaques, oscillant autour des 165bpm : un peu haut (88%
VMA), mais pas alarmant. Derrière les deux avions, un groupe de 3 comprenant la star vosgienne Denis ... euh, non, Stéphane Brogniart (moins exotique que Koh-Lanta, mais avec quelques km/h de VMA en plus) ainsi que Rémi. Et moi derrière, accompagné de Rudy (que je ne connais pas encore, mais qu'il vaut mieux d'emblée nommer pour la suite...). Prudence donc, en attendant le lever du jour... et de meilleures sensations ; pas de quoi me plaindre, mais j'ai déjà connu foulée plus allègre, même à 6h du matin. Un coureur, Sangé Sherpa, me dépasse avec aisance dans une montée enneigée - logique, avec un tel patronyme ! Puis vient le "Mur" de Louchardière, plus raide et glissant que jamais : les cuisses en feu, parfois à 4 pattes... à plusieurs reprises, je me retiens de souffler un coup et de faire une pause. Le soleil se lève peu à peu ; nous arrivons avec Rudy au cratère de Lemptégy au moment où le premier en sort - pfiou, déjà 1km de retard ! Ravitaillement à la volée de quelques pâtes de fruits, et je lâche mon compagnon sur un arrêt technique pour filer vers le Puy de Côme. Là où ma cheville me lâchait l'an passé, je connais aujourd'hui un passage euphorique : tout à ma surprise, je reviens sans peine sur mon pote Rémi, et aperçois juste devant Sherpa et Brogniart, alors 4ème et 3ème. De quoi booster le moral... |
![]() approche du cratère de Lemptégy
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... dommage d'y mettre fin un peu bêtement, en faisant le plein de ma poche à eau au ravitaillement du Col de Ceyssat : plus de 2' de perdues, et surtout une charge maximale au moment d'affronter la montée du Puy de Dôme. Rémi ne traîne pas, je ne le reverrai plus. Un mauvais choix, tant tactique que matériel, assurément. C'était probablement la dernière fois que je partais avec une poche à eau dans le sac. Rudy, plus malin, a laissé son sac au ravito et, pourvu de bâtons, me remonte et me dépasse sans peine pendant l'ascension. Pas de panique, je prends le temps d'admirer le massif du Sancy, et de repérer la qualité du terrain, car c'est par ce même chemin des Muletiers que nous redescendons du Puy de Dôme. Arrivé au sommet 22' plus tard (selon le segment référencé sur Strava), un décor polaire se découvre devant moi. Grandiose... dommage que le chemin de ronde soit désormais éludé et qu'il faille redescendre sitôt le pointage. Descente sans souci ni danger, la fine couche de neige tombée le vendredi n'ayant pas gelé. Second passage au ravito du Puy de Ceyssat, mais cette fois en coup de vent, l'occasion de doubler Rudy qui lui récupère ses affaires. |
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Nous contournons le Puy de Dôme par l'Est à travers bois : chemins sans difficulté, légèrement descendants... de quoi se faire plaisir et allonger la foulée, sauf que... je n'y parviens pas ! Le coup de barre des 3h de course, évoqué plus haut. J'ai peine à lever les jambes, marche par moments sur un sentier plat... et quand vient la montée du Petit Puy de Dôme, c'est la débandade. Nouveau chassé-croisé avec Rudy, je suis alors 7ème. La détresse durera ainsi une bonne heure, le temps de traverser la forêt du Puy de Côme et de rallier le ravito de Lemptégy. Tout n'est pas noir pour autant : excepté ce "coup de bambou", je n'ai encore aucune douleur, aucun début de crampe, etc. Là où je rendais les armes l'an passé, je ressors de Lemptégy confiant de pouvoir effectuer les 35km restants. Déjà une petite victoire ! 1km de plat et voici le Puy des Gouttes : c'est toujours aussi raide, mais plus court que dans mes souvenirs. Il y a aussi que je commence à surmonter mon passage à vide et retrouver du rythme. J'attendais depuis 2 ans ce passage au sommet des Gouttes, avec ce panorama intégral. Il commence à faire meilleur, j'enlève une épaisseur de vêtements, qu'importent les quelques econdes perdues. |
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Ambiance de Noël au Puy de Jume. Je m'étonne à courir à nouveau facilement, même dans les monotraces montantes, et qui vois-je bientôt à nouveau ? Rudy, évidemment. Je reviens sur lui peu avant le sommet mais le laisse mener la descente, car il était plus à l'aise dans les précédentes. Superbes traces, c'est vraiment la plus belle portion du parcours. Toute à notre euphorie partagée, nous en oublions peut-être de rester vigilant sur le balisage... et débouchons à une intersection sans plus aucune indication ! hésitations, quelques pas vers le chemin de gauche, puis à droite... un peu plus loin, je retrouve un balisage ; le problème, c'est qu'il n'y a pas 5 coureurs qui sont passés avant nous, mais manifestement plusieurs centaines ! Le doute se confirme en certitude peu après : nous sommes sur le circuit de départ, en route vers le Puy de Louchardière. Merci, j'ai déjà donné avec ce Mur ! Nouveau demi-tour, Rudy et moi reprenons la trace qui, au pire, nous ramènera à Volvic. Nous débouchons sur une route, près du Col de la Nugère ; des bénévoles débalisent le parcours aller, donc plus le choix, il nous faut retrouver le bon chemin du retour. C'est que nous arrivons à faire, après quelques hectomètres, en suivant la route. On nous signale que seulement 4 coureurs sont passés ; tiens, nous ne sommes pas les seuls à avoir connu mauvaise fortune. Cette mésaventure nous aura au moins permis, Rudy et moi, de faire plus ample connaissance ; nos chemins s'étaient ainsi croisés sur la Christolaise 2013. J'ai retrouvé la forme et le Puy de Nugère passe avec facilité. Rudy peine à me suivre et les pas que j'entends derrière moi ne sont bientôt plus les siens mais ceux de Benjamin Beaume, l'homme de tête et futur (large) vainqueur de l'épreuve marathon. Un p'tit bonjour (on a quand même couru 40km ensemble sur l'édition 2012), mais avec son talent, et 40km de moins dans les jambes, je ne peux évidemment pas le suivre. Nouveau chassé-croisé avec Rudy au ravito de Volvic-gare où, sans assistance, je passe vraiment trop de temps. Changement brusque de saison: finie la neige, les gelées et les brumes matinales, place au large soleil et aux prairies herbues. Tout à mon euphorie, et mes souvenirs du tracé de 2012... je m'égare une nouvelle fois ! Heureusement j'aperçois Rudy en contrebas, sur le bon chemin, et parviens à limiter la perte. On ne parle pas encore de casse, ça viendra... quelques kilomètres plus loin, au moment de la bifurcation 42/81km. Je suis 5ème, il fait beau, il reste une dizaine de km, et bien que ne connaissant pas la dernière portion, je me vois finir sans encombre ainsi. Que nenni ! Insidieusement, je perds quelques longueurs sur Rudy, sur une portion pourtant sans difficulté ; le retard s'accroît au ravito de Facemeunier, et je perds alors non seulement mon compagnon de vue, mais aussi une partie de ma sérénité : nouveau coup de fatigue, que je n'aurai pas vu venir non plus. Arrivent les Gorges d'Enval, sympathique succession de sentiers longeant un ruisseau. Boueux, mais pas trop glissants. Leur profil descendant compense les forces qui me quittent. Par contre, la remontée vers le Château de Tournoël est un véritable calvaire : la montée a beau être très douce, je peine à trottiner et à atteindre les 9km/h ; le chemin étant au milieu des bois, je n'ai aucune idée d'où je suis, ni quand ça peut se terminer ; et côté hydratation, j'atteins le fond de ma poche à eau. Heureusement, sur la fin, un coureur en convalescence, faisant son jogging de reprise au même moment, a pitié de moi et m'accompagne jusqu'au château. Là, je me sais sauvé : 1 gros kilomètre plat, une révérence à la Madone avant de plonger sur Volvic, quelques hectomètres pour traverser le centre-ville... et me voilà enfin arrivé, au bout de 8h30. Ouf ! Même si j'ai connu bien pire détresse, les photos à l'arrivée attestent d'un état de fatigue avancé. |
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Sentiment à chaud ? Mitigé. Pas tant du résultat final (6ème), car il ne m'a pas fallu longtemps pour réaliser que je n'avais pas le niveau des lauréats du jour. Même sans la dizaine de minutes perdues sur 2 erreurs de parcours, je ne méritais pas le podium. Non, ce qui me contrarie, c'est de n'avoir que rarement été dans le rythme, et surtout ces deux gros coups de barre, essuyés d'abord après 3h de course, puis sur la fin. De longs moments de détresse dont je suis hélas coutumier. Je m'étais pourtant, dès le départ, placé dans une gestion de l'effort prudente, fixé sur mes pulsations cardiaques ; je pensais m'être alimenté et hydraté régulièrement... Mais pourquoi diable me suis réinscrit sur l'UTMB ?? Pour sûr, je ne me suis pas porté vers l'ultra-trail pour vivre de pareils moments, et si je ne trouve pas la solution, je repenserai mon programme sportif. Allez, relativisons : contrairement à l'édition 2013, j'en suis arrivé au bout, sans pépin physique ; les conditions étaient très bonnes, avec ce fin manteau neigeux sublimant les Puys et alentours... je m'étendrai sur les détails de course dans les prochains jours, avec un petit film de mon périple. |