Classement: | 73 |
Participants: | 6000 |
Classement catégorie: | 47 |
Arrivants: | 3955 |
ma SaintéLyon 2012 en 10' |
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Deux semaines. Voilà déjà plus de deux semaines que la SaintéLyon est passée et je m’attelle seulement à ce compte-rendu. Il faut dire que je me suis efforcé de vite tourner la tête vers la saison prochaine, tant cette édition fut douloureuse pour moi.
Certes, j’ai connu pire : la civière au poste de secours de Sainte-Catherine en 2008, 69km à boiter sur une périostite en 2009… décidément, la SaintéLyon m’aura apporté plus de désillusions que de satisfactions.
Mais alors, pourquoi y revenir, chaque année, avec la même ferveur, et la même excitation dans les jours et ultimes moments précédant le départ ?? Pour revivre la joie qui fut la mienne à l’arrivée de l’édition 2011. Un sentiment d’accomplissement – à mon niveau – que l’on espère 364 jours durant.
Et comme il me reste manifestement encore beaucoup à apprendre, par exemple sur l’alimentation avant et pendant la course (voir ci-après…), je reviendrai en 2013, aussi motivé qu’un trailer lyonnais peut l’être.
Revenons à cette édition 2012, donc : un coup de froid balaye la France fin novembre et dépose une couche de neige sur les hauteurs des Monts du Lyonnais. Les rayons de soleil du samedi n’y suffiront pas : il faudra composer avec la neige et le verglas, comme en 2010.
5 semaines m’étaient imparties entre l’Endurance Trail des Templiers et la SaintéLyon : ôtez-en 2 sans pouvoir courir, ni même monter d’escalier, consécutif à ma chute sur le genou ; 1 semaine de reprise poussive, conclue par un résultat tout aussi poussif sur une course locale ; 1 dizaine de jours à m’entraîner enfin sérieusement… et me voilà déjà à J-3 !
Même avec des phases de préparation spécifique et d’affûtage bien rabotées, je me convaincs néanmoins que la condition est là. Satisfait aussi de pouvoir être au départ, alors que je m’étais résigné à faire une croix dessus un mois plus tôt.
Affublé du dossard n°35, je suis aux premières loges pour constater l’allure folle imprimée dès le départ. La faute aux relayeurs 2/3/4, partant en même temps que nous, les quelques 6000 concurrents du raid individuel, qui en avons pour 70km. A près de 16km/h sur les premiers kms, je vois néanmoins la tête de course s’étioler devant moi ; « si tu n’es pas rapide, tâche au moins d’être endurant », pensai-je alors.
Nous sommes déjà à Sorbiers quand je reprends mon souffle, et à la sortie de l’agglomération… surprise, déjà de la neige ! J’y arrive tout fier avec mes chaussures typées route (Asics Kinsei), adhérence zéro garantie. Mon salut résidera dans mon éclairage, bien plus performant que ce que j’ai employé jusqu’alors, et qui m’aura permis de discerner les plaques de verglas, trous et autres embûches de loin.
En revanche, moi qui n’aime déjà pas courir de nuit, et encore moins dans la neige, me voilà servi peu après la Gachet, avec des congères où même marcher devient laborieux. J’y laisse quelques places, et surtout beaucoup de forces. Ayant à peine puisé dans ma réserve d’eau, j’occulte le premier ravitaillement à St-Christo (km 16).
Premiers troubles digestifs, côté intestins : me voilà contraint à un premier arrêt, que la bienséance m’interdit de décrire.
Sur la portion de route du lieu-dit l’Hôpital, je suis aux côtés de quelques connaissances, comme Cédric Bonnefoy et Yann Nourry. Las, je quitte ce bon groupe sur un second arrêt forcé, peu avant Moreau. Il fait froid, -5°C peut-être. Le vent, à ce point culminant du parcours, me glace le crâne.
Passées la galère pour franchir les congères à cet endroit, l’espoir renaît : la neige est moins abondante sur les chemins en sous-bois menant à Ste-Catherine, et je retrouve un bon rythme. Du moins, je rattrape plusieurs coureurs, dont Cédric. Je lui touche deux mots, et cet instant de distraction me vaut une glissade – la seule du parcours, sans gravité.
Malgré ces encombres, j’arrive à Ste-Catherine dans les temps, avec seulement 10’ de plus qu’en 2011. Un plein de la poche à eau, quelques tranches de pain d’épices, et je repars au combat. Mais je vais bientôt me rendre compte que ce sera un combat contre moi-même uniquement. Au-delà de la fatigue qui commence à se faire sentir, j’éprouve une gêne, un malaise diffus. Lequel va grandissant, au point de ne plus pouvoir courir après St-Genoux et de me faire doubler par des hordes de concurrents (dont beaucoup de relayeurs - ouf).
J’effectue même la descente du bois de la Gorge, pourtant facile, en marchant. Plus de doute : ça bloque côté estomac. Je me résous à me faire vomir, et… effectivement, c’était bien ça : de suite, les sensations sont meilleures. Je prends du champ sur Cédric qui m’avait rejoint, et reviens sur Romain Sophys, un marnais-bien-de-chez-moi qui m’a devancé au Trail de l’Argonne, en mai dernier.
Nous discutons pendant le passage du Bois de la Dame ; je reprends confiance et m’alimente à nouveau, sans penser que cela pût ressortir à nouveau par le haut.
Mon regain d’énergie s’achève à la sortie du ravito de Soucieu. A nouveau, mon ventre se barbouille, l’allure faiblit, et je ne double plus guère que des concurrents de la SaintExpress… en mode randonnée. Les relayeurs tout frais me doublent comme des balles : moi qui n’en avais vu bien peu en 2011, le moral en prend encore un coup.
Arrivé à Chaponost et son Parc du Bouchard, je n’en peux plus : il me faut à nouveau tout régurgiter, et me résoudre à finir l’épreuve l’estomac vide, avec mes réserves. Je suis loin de ressembler à un Kenyan, il doit m’en rester. De toutes façons, à 15km de l’arrivée, il ne me reste d’autre choix que de finir.
Il est presque 6h quand je passe (sans m’arrêter, donc - plus besoin !) à l’ultime ravitaillement de Beaunant. Parcourir les 10 derniers km en 1h, pour accrocher le diplôme honorifique de la SaintéLyon d’or, me paraît alors difficile, mais jouable. Cela constituera mon ultime motivation sur cette épreuve, peu importent les places que je continue à perdre.
Tête baissée, alternant marche et course lente, je compte les kilomètres voire, les hectomètres, à l’approche de l’arrivée. Les premiers flocons tombent. Avec une allure aussi pathétique, et en ce début de l’Avent, les premiers badauds lyonnais auraient pu me jeter quelques pièces ? Même pas.
Le calvaire s’achèvera bien en moins de 7 heures, à 30 petites secondes près. Sans rien pouvoir avaler de toute la course, le bonhomme est évidemment fatigué, mais surtout déçu. Avec le recul, les 6h15 étaient jouables.
La perspective d’un abandon ne m’a jamais traversé l’esprit, mais j’admets m’être posé nombre de questions après Ste-Catherine : plus jamais d’ultra-trail… la musique, c’était quand même moins douloureux… combien de temps va-t-il falloir pour m’en remettre…
Et sur ce dernier point, une bonne nouvelle (enfin) : une semaine plus tard, la forme est revenue, et même à un niveau que je n’ai pas su atteindre cet automne. Pas depuis la Nuit des Cabornes, précisément. Avec pour conséquence immédiate d’avancer mes résolutions pour 2013 :
Certes, j’ai connu pire : la civière au poste de secours de Sainte-Catherine en 2008, 69km à boiter sur une périostite en 2009… décidément, la SaintéLyon m’aura apporté plus de désillusions que de satisfactions.
Mais alors, pourquoi y revenir, chaque année, avec la même ferveur, et la même excitation dans les jours et ultimes moments précédant le départ ?? Pour revivre la joie qui fut la mienne à l’arrivée de l’édition 2011. Un sentiment d’accomplissement – à mon niveau – que l’on espère 364 jours durant.
Et comme il me reste manifestement encore beaucoup à apprendre, par exemple sur l’alimentation avant et pendant la course (voir ci-après…), je reviendrai en 2013, aussi motivé qu’un trailer lyonnais peut l’être.
Revenons à cette édition 2012, donc : un coup de froid balaye la France fin novembre et dépose une couche de neige sur les hauteurs des Monts du Lyonnais. Les rayons de soleil du samedi n’y suffiront pas : il faudra composer avec la neige et le verglas, comme en 2010.
5 semaines m’étaient imparties entre l’Endurance Trail des Templiers et la SaintéLyon : ôtez-en 2 sans pouvoir courir, ni même monter d’escalier, consécutif à ma chute sur le genou ; 1 semaine de reprise poussive, conclue par un résultat tout aussi poussif sur une course locale ; 1 dizaine de jours à m’entraîner enfin sérieusement… et me voilà déjà à J-3 !
Même avec des phases de préparation spécifique et d’affûtage bien rabotées, je me convaincs néanmoins que la condition est là. Satisfait aussi de pouvoir être au départ, alors que je m’étais résigné à faire une croix dessus un mois plus tôt.
Affublé du dossard n°35, je suis aux premières loges pour constater l’allure folle imprimée dès le départ. La faute aux relayeurs 2/3/4, partant en même temps que nous, les quelques 6000 concurrents du raid individuel, qui en avons pour 70km. A près de 16km/h sur les premiers kms, je vois néanmoins la tête de course s’étioler devant moi ; « si tu n’es pas rapide, tâche au moins d’être endurant », pensai-je alors.
Nous sommes déjà à Sorbiers quand je reprends mon souffle, et à la sortie de l’agglomération… surprise, déjà de la neige ! J’y arrive tout fier avec mes chaussures typées route (Asics Kinsei), adhérence zéro garantie. Mon salut résidera dans mon éclairage, bien plus performant que ce que j’ai employé jusqu’alors, et qui m’aura permis de discerner les plaques de verglas, trous et autres embûches de loin.
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Premiers troubles digestifs, côté intestins : me voilà contraint à un premier arrêt, que la bienséance m’interdit de décrire.
Sur la portion de route du lieu-dit l’Hôpital, je suis aux côtés de quelques connaissances, comme Cédric Bonnefoy et Yann Nourry. Las, je quitte ce bon groupe sur un second arrêt forcé, peu avant Moreau. Il fait froid, -5°C peut-être. Le vent, à ce point culminant du parcours, me glace le crâne.
Passées la galère pour franchir les congères à cet endroit, l’espoir renaît : la neige est moins abondante sur les chemins en sous-bois menant à Ste-Catherine, et je retrouve un bon rythme. Du moins, je rattrape plusieurs coureurs, dont Cédric. Je lui touche deux mots, et cet instant de distraction me vaut une glissade – la seule du parcours, sans gravité.
Malgré ces encombres, j’arrive à Ste-Catherine dans les temps, avec seulement 10’ de plus qu’en 2011. Un plein de la poche à eau, quelques tranches de pain d’épices, et je repars au combat. Mais je vais bientôt me rendre compte que ce sera un combat contre moi-même uniquement. Au-delà de la fatigue qui commence à se faire sentir, j’éprouve une gêne, un malaise diffus. Lequel va grandissant, au point de ne plus pouvoir courir après St-Genoux et de me faire doubler par des hordes de concurrents (dont beaucoup de relayeurs - ouf).
J’effectue même la descente du bois de la Gorge, pourtant facile, en marchant. Plus de doute : ça bloque côté estomac. Je me résous à me faire vomir, et… effectivement, c’était bien ça : de suite, les sensations sont meilleures. Je prends du champ sur Cédric qui m’avait rejoint, et reviens sur Romain Sophys, un marnais-bien-de-chez-moi qui m’a devancé au Trail de l’Argonne, en mai dernier.
Nous discutons pendant le passage du Bois de la Dame ; je reprends confiance et m’alimente à nouveau, sans penser que cela pût ressortir à nouveau par le haut.
Mon regain d’énergie s’achève à la sortie du ravito de Soucieu. A nouveau, mon ventre se barbouille, l’allure faiblit, et je ne double plus guère que des concurrents de la SaintExpress… en mode randonnée. Les relayeurs tout frais me doublent comme des balles : moi qui n’en avais vu bien peu en 2011, le moral en prend encore un coup.
Arrivé à Chaponost et son Parc du Bouchard, je n’en peux plus : il me faut à nouveau tout régurgiter, et me résoudre à finir l’épreuve l’estomac vide, avec mes réserves. Je suis loin de ressembler à un Kenyan, il doit m’en rester. De toutes façons, à 15km de l’arrivée, il ne me reste d’autre choix que de finir.
Il est presque 6h quand je passe (sans m’arrêter, donc - plus besoin !) à l’ultime ravitaillement de Beaunant. Parcourir les 10 derniers km en 1h, pour accrocher le diplôme honorifique de la SaintéLyon d’or, me paraît alors difficile, mais jouable. Cela constituera mon ultime motivation sur cette épreuve, peu importent les places que je continue à perdre.
Tête baissée, alternant marche et course lente, je compte les kilomètres voire, les hectomètres, à l’approche de l’arrivée. Les premiers flocons tombent. Avec une allure aussi pathétique, et en ce début de l’Avent, les premiers badauds lyonnais auraient pu me jeter quelques pièces ? Même pas.
Le calvaire s’achèvera bien en moins de 7 heures, à 30 petites secondes près. Sans rien pouvoir avaler de toute la course, le bonhomme est évidemment fatigué, mais surtout déçu. Avec le recul, les 6h15 étaient jouables.
La perspective d’un abandon ne m’a jamais traversé l’esprit, mais j’admets m’être posé nombre de questions après Ste-Catherine : plus jamais d’ultra-trail… la musique, c’était quand même moins douloureux… combien de temps va-t-il falloir pour m’en remettre…
Et sur ce dernier point, une bonne nouvelle (enfin) : une semaine plus tard, la forme est revenue, et même à un niveau que je n’ai pas su atteindre cet automne. Pas depuis la Nuit des Cabornes, précisément. Avec pour conséquence immédiate d’avancer mes résolutions pour 2013 :
- Reprendre un programme progressif d’entraînement fractionné, qui m’avait bien réussi en 2009 (un semi-marathon tortueux et vallonné sur les bases d’1h17’)… avant de me causer une périostite.
- Consacrer l’automne à me remettre de l’UTMB et bien préparer la SaintéLyon 2013 (pas rancunier, le Nono !)
Pour finir, merci à tous les spectateurs, très matinaux pour certains (Alan, Richard…), ou qui ont carrément fait nuit blanche pour suivre leurs amis (Olivier, Robin…). Un bel esprit à saluer.