I. Bilan de la 2nde guerre mondiale
A) Un bilan meurtrier et destructeur
Le bilan de la Second Guerre mondiale est particulièrement meurtrier : 60 millions de morts. Les pays les plus touchés sont l’URSS, la Pologne, l’Allemagne et le Japon (L’Allemagne et l’URSS représentent 84% du total des pertes militaires). Parmi ces 60 millions de morts, 45 millions sont des civils (dont le tiers voire la moitié sont morts de faim ou de maladie). De même, les bombardements ont été nombreux. Le conflit a aussi été le théâtre de violences de masse envers les populations dans le cadre de la guerre d’anéantissement. Cette forte mortalité entraîne un déséquilibre hommes-femmes de même qu’un phénomène de générations creuses.
Le bilan matériel est également lourd. Certaines villes sont partiellement ou complètement détruites suite aux bombardements (Dresde en Allemagne est détruite à 75% tandis que Caen en France est rasée à 80%). A cela s’ajoute les destructions industrielles, agricoles et dans les transports (La Pologne a par exemple perdu 80% de ses moyens de transport).
La reprise économique s’avère difficile dans la mesure où la guerre a coûté cher. Les pays se sont endettés, particulièrement vis-à-vis des USA qui se retrouvent à la tête des 2/3 du stock d’or mondial. De plus, l’Allemagne doit verser 20 milliards de dollars à l’URSS à titre de réparation. L’inflation est importante vue la rareté des produits et les tickets de rationnement sont encore utilisés en France jusqu’en 1947.
B) L’épuration en France
A la libération, un grand mouvement d’épuration touche la France visant les personnes ayant collaboré avec les autorités d’occupation nazies ou considérées comme telles. Se succèdent une phase d’épuration extrajudiciaire qui ne peut attendre la mise en place de tribunaux et une épuration légale à l’exemple du procès du Maréchal Pétain en juillet 1945.
Celui-ci sera dans un premier temps condamné à mort avant que sa peine soit ne commuée en réclusion à perpétuité par le général de Gaulle. L’épuration extra-judiciaire entraîne la mort d'environ 9 000 personnes. Quant à l’épuration judiciaire, elle aboutira à la condamnation à mort d’environ 7 000 personnes dont seule une minorité sera exécutée, à des condamnations aux travaux forcés, à des peines de prison et à des dégradations nationales. Des sanctions sont aussi prises, principalement sous forme de nationalisations, contre les entreprises considérées comme ayant collaboré avec l’Allemagne, à l’exemple de Renault.
II. Les bases d’un nouvel ordre international
A) La création de l’ONU
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le monde se réveille traumatisé par la découverte des camps de concentration et d’extermination et par la succession de deux guerres mondiales en 20 ans. L’idée de créer une organisation internationale chargée de préserver la paix, lancée par Woodrow Wilson en 1918, semble indispensable.
Au printemps 1945, 50 pays se réunissent à la conférence de San Francisco afin d’élaborer une charte visant :
A Préserver la paix dans le monde
A Proclamer les droits de l’Homme et l’égalité entre les Etats quels qu’ils soient
A Créer une amélioration des conditions de vie dans le monde
Et à Développer la démocratie
Cinq membres permanents ayant un droit de véto sont désignés au conseil de sécurité (sur 11 membres). Il s’agit des USA, du Royaume-Uni et de la France, pays capitalistes d’un côté ; de l’URSS et de la Chine communiste de l’autre. Les vainqueurs de la seconde guerre mondiale sont donc en charge de la préservation de la paix mondiale.
B) Les procès de Nuremberg et de Tokyo
La découverte des camps à la Libération est un traumatisme psychologique et moral. Qui savait ? Qui était complice ? Avec en plus, l’utilisation de l’arme nucléaire, Albert Camus considère que l’humanité et « parvenue à son dernier degré de sauvagerie ».
Durant un an, entre octobre 1945 et octobre 1946, se tient le procès de Nuremberg qui a pour but de juger les criminels de guerre nazis. Ils sont jugés pour crime contre la paix et crimes de guerre. Face à l’ampleur des atrocités commises durant la 2nde guerre mondiale, le terme de « crime contre l’humanité » est alors créé. Seuls 22 nazis sont jugés durant ce procès. La moitié d’entre eux sont condamnés à la pendaison. 3 sont acquittés.
Le même besoin de juger les crimes de guerre a lieu au Japon, dans un pays dévasté. Le procès de Tokyo se tient entre 1946 et 1948. 28 personnes (dont 4 premiers ministres) se retrouvent dans le box des accusés. 7 personnes sont condamnées à mort et exécutés tandis que les autres sont condamnés à des peines de prison d’au minimum 7 années. Cependant, face aux divisions au sein des nations qui siègent pour juger, l’attitude critiquable des alliés durant la guerre ainsi que le refus de juger des institutions comme pour l’Allemagne nazie, le procès de Tokyo est discrédité.
C) Les accords de Bretton Woods
Outre la paix, les Alliés veulent aussi favoriser la prospérité. Pour cela, 45 pays sont présents pour signer des accords le 22 juillet 1944 à Bretton Woods. Ces accords entérinent l'hégémonie des États-Unis sur le reste du monde en matière économique et financière puisque chaque Etat s’engage à définir la valeur de sa monnaie par rapport à l’or ou au dollar (Le dollar est la seule monnaie convertible en or). De même, les USA possèdent 25% des voix à l’assemblée ainsi qu’un droit de veto. Chaque État doit aussi veiller à l'équilibre de sa balance des paiements pour assurer une stabilité. La création du FMI (Fonds Monétaire International) complète ce système. L’institution veille au respect des accords de Bretton Woods. Elle peut aussi fournir une aide aux pays en difficulté.
D) Les bases de l’État-providence
Le CNR (Conseil National de la Résistance) est créé en 1943 et représente la Résistance intérieure sous le contrôle du général de Gaulle. Toutes les tendances politiques sont représentées. Le CNR rédige un programme d’action en deux étapes : poursuivre la lutte contre l’Axe et définir des mesures à appliquer à la Libération : restauration de la démocratie, instauration d’un réel suffrage universel et mettre en place un plan de sécurité sociale.
Le général de Gaulle, à la tête du Gouvernement Provisoire, rétablit la légitimité républicaine, les libertés et la devise. Il met en place le droit de vote des femmes en 1944 et fonde la Sécurité sociale en 1945 qui marque la naissance de la France en tant qu’Etat Providence. L’Etat providence a pour objectif d’aider les citoyens tout au long de leur vie afin de réduire la misère et ainsi éviter les guerres. Cet Etat providence repose sur la solidarité nationale au travers d’un système par répartition. La vieillesse, la maladie, les accidents du travail et le chômage sont pris en charge.
III. Les nouvelles tensions
A) Le début de la guerre froide
La guerre froide est l’affrontement idéologique des deux grandes puissances dès l’immédiat après-guerre : Les Etats-Unis capitalistes et l’URSS communiste. Cette guerre est caractérisée par des affrontements indirects par pays interposés entre les deux Grandes puissances, une intense propagande et un grand manichéisme. Cette guerre froide connaît aussi une alternance entre des moments de grandes tensions et des moments de détente. Ce conflit, extrêmement long, s’étend de la fin de la seconde guerre mondiale en 1945 jusqu’à l’effondrement et la dislocation de l’URSS en 1991.
Les USA, au travers de la doctrine Truman, mettent en place le Plan Marshall afin de financer la reconstruction des pays européens et ainsi les empêcher de rejoindre le camp soviétique. Les Etats-Unis veulent ainsi diffuser leur modèle de démocratie libérale.
L’URSS réplique avec la doctrine Jdanov qui condamne les visées impérialistes des Américains.
Chacun des pays se constitue des alliés. Les USA mettent en place l’Organisation des États américains connu sous l’acronyme d’OEA. Ils fondent aussi l’OTAN c’est-à-dire l’Organisation du traité de l'Atlantique nord, l’ANZUS qui est un pacte militaire conclu avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande et enfin l’OTASE qui est l’Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est. De son côté, l’URSS met en place le pacte de Varsovie. Il s’agit d’une alliance militaire groupant les pays d'Europe de l'Est avec l'URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. On parle alors de Bloc de l’Ouest pour désigner les Etats-Unis et leurs alliés et de Bloc de l’Est pour désigner l’URSS et ses Etats satellites.
Le territoire européen est ainsi coupé en deux au travers de ce système d’alliance. Dans son discours de Fulton de 1946, Winston Churchill résume la situation : « De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer s'est abattu à travers le continent ».
B) L’Allemagne, premier lieu d’affrontement de la guerre froide
Le premier conflit qui oppose les deux grandes puissances a lieu en Allemagne. La conférence de Yalta en 1945 avait prévu la partition et l’occupation de l’Allemagne et de Berlin la capitale par les USA, l’URSS, le Royaume-Uni et la France afin de dénazifier, démilitariser et démocratiser le pays.
Berlin fait l’objet d’un blocus de la part des soviétiques à partir du 24 juin 1948. En réponse, les alliés mettent en place un pont aérien pour approvisionner en nourriture et en combustible les berlinois soumis au blocus. L’URSS lève le blocus 11 mois plus tard, le 12 mai 1949.
En 1949, la RFA dont l’acronyme signifie République Fédérale d’Allemagne est créée sous l’égide des alliés à la suite d’un référendum dans la zone tripartite. L’URSS réplique par la fondation de la RDA, c’est-à-dire la République Démocratique Allemande.
PPO 25 février 1948 : le « coup de Prague »
La Tchécoslovaquie est un pays d’Europe centrale qui voit sa tradition démocratique menacée à la fois par la présence de l’armée rouge et par la volonté soviétique d’en faire un Etat satellite dans le cadre de la Guerre froide. Staline empêche la Tchécoslovaquie d’intégrer l’aide du plan Marshall et de nouer une alliance avec la France. En février 1948, face à ces actions, des oppositions apparaissent au gouvernement entre communistes et non-communistes. Les ministres non-communistes démissionnent.
Le président de la République, sous la pression, nomme un communiste, Gottwald, comme chef du gouvernement. Une répression est organisée par les communistes : la presse démocratique est muselée, l’administration et les cadres de la société sont épurés. L’élection législative de mai 1948 donne une majorité écrasante aux communistes : plus de 90%. Le coup de Prague n’est ni plus ni moins qu’un coup d’Etat sous des apparences de légalité.
PPO 1948 : naissance de l’État d’Israël
Le 2 novembre 1917, Arthur Balfour, ministre des Affaires étrangères britannique, écrit et annonce dans une lettre la volonté de l’Angleterre de soutenir « l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif ». La déclaration de Balfour est validée quelques années plus tard, en 1922, par la Société des Nations, qui, dans la foulée, donne au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine, c’est-à-dire son administration.
Le 29 novembre 1947, l’ONU met fin au mandat britannique en Palestine et se prononce en faveur de la création d’un Etat juif et d’un Etat palestinien, avec Jérusalem restant sous contrôle international. La résolution 181 est adoptée par 33 votes pour, 13 contre, et 10 abstentions. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame la naissance de l’État d’Israël.
Immédiatement (le 15 mai 1948), une guerre éclate entre Israël et les pays arabes voisins qui soutiennent les Palestiniens. Le conflit se poursuit jusqu’au 10 mars 1949 et voit la victoire d’Israël qui agrandit son territoire (passant de 55% selon le plan de partage de 1947 à 78% à la fin du conflit). Entre 700 000 et 750 000 Arabes palestiniens sur les 900 000 qui vivaient dans les territoires sous contrôle israélien à l'issue de la guerre ont fui ou sont chassés de leurs terres.