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Vues les distances, ont peut se dire que les 3 journées consacrées à la route pour arriver à Grand Teton vont être pénibles. Il n’en est rien. Bon sang mais quel plaisir de parcourir ces paysages grandioses aux dimensions si exceptionnelles (pour nous européens), sur des routes larges et globalement assez peu fréquentées. La musique nous accompagne et met une ambiance que seules les distances et le confinement dans un espace restreint peuvent créer. Ce fut un régal !

Qui pense que les zones désertiques sont monotones n’est jamais allé à l’une d’elle. La route entre Bryce et Capitol Reef – (site que nous avons séché) est une merveille de la nature à ne pas manquer. Un rapide passage à Kodachrome basin donne envie de revenir pour une randonnée.

Kodachrome basin

Sur la scenic drive, il fut difficile de ne pas s’arrêter tous les kilomètres pour une photo …

Le camping de Capitol Reef fut le théâtre de 2 événements familiaux uniques. Le premier est que Robin a réussi à nager tout seul pour la première fois dans la petite piscine du camping. Il a eu le déclic et c’est maintenant pour la vie (quelle fierté chez ce petit bonhomme).

Le deuxième fut la découverte des chamallows grillés dont la technique certainement séculaire nous fut expliquée par notre sympathique voisin de tente. Avant lui, nous n’étions que des amateurs.

vue du camping

On the road again pour rejoindre Salt Lake City.

Enfin des paysages beaux mais plus communs. C’est rassurant car à force de voir des merveilles il y a accoutumance … Les zones arides font progressivement place aux prairies grasses des grands espaces pour les cowboys et les élevages. Et toujours cet immense plaisir de conduire.

Salt Lake est une ville qui semble de prime abord agréable avec ces maisons de plein pieds et peu étagées et son financial district qui pointe vers le ciel. Le camping peut être qualifié d’urbain, donc pas trop à notre gout, mais plutôt agréable quand même, avec un grand respect de la vie en communauté, comme quasiment partout depuis notre départ (le silence le soir par exemple). Chose remarquable que nous avions déjà vue mais qui fut si présente à ce camping : les camping-cars monstrueux. Certains sont des cars aménagés en espace de vie, avec moins de fenêtres. Comme un car entier ne suffit pas pour une famille, en plus, la majorité de ces véhicules comportent des sortes de soufflets qui se déplient pour agrandir l’espace en repoussant les parois latérales à l’arrêt. Ainsi, une salle de séjour d’une vingtaine de m² devient possible. Comme l’ensemble est gigantesque et pataud, un « petit » 4x4 (petit par rapport au car uniquement), est souvent tiré derrière le car, pour les petits déplacements certainement. Il est préférable de ne pas savoir combien de galons une monstruosité comme celle là peut engloutir à chaque déplacement … C’est une autre culture !

Le lendemain de notre arrivée nous consacrons la demie journée à la visite du parc central de Salt Lake dans lequel il devait y avoir un « Pow wow » : concours inter tribus de danses typiques indiennes en costume. Ce jour-là était aussi celui du « pioneer day », jour de fête mormon pour lequel une grande parade de chars était donnée. Pas de doute possible, même si en France nous avons de tels défilés, l’ambiance est ici toute différente. Plus familiale et décontractée, beaucoup plus patriotique (le défilé de véhicules militaires a soulevé des tonnerres d’applaudissements), il y a en tout cela un coté simple et bon enfant que nous ne connaissons pas en France.

Après avoir cherché longtemps le Pow wow tant le parc était vaste et notre accent mauvais (personne sur place ne comprenait dans notre bouche les mots de pow wow : c’est très vexant d’ailleurs, d’entendre au bout d’un moment votre interlocuteur vous dire le même mot avec une différence imperceptible pour nos oreilles de gaulois. Encore certainement un bougre de * % ! # d’accent tonique mal placé !). Ici, ce rassemblement n’a pas un caractère de démonstration ni de parade. C’est un concours entre indiens, pour les indiens. Impressionnants ces costumes par la richesse et la diversité des couleurs et des formes : plumes, cuir, colliers et bracelets de toutes sortes : du grand art.

Ce qui fait sourire de prime abord ce sont les indiens à lunettes. C’est là que l’on voit tout de suite que ce n’est pas une démonstration mais bel et bien de vrais indiens. Cela casse un peu l’image romanesque de notre enfance quand même.

Ensuite, les chants aigus et un peu lancinant sur fond de tam tam marquent par la force qu’ils dégagent, surtout lorsqu’ils sont donnés par des musiciens présents et non une bande sonore. Il y a une telle conviction dans les coups de tambour sourds et les « chants » tantôt guerriers tantôt plaintifs, qu’il est bien difficile de rester indifférent.

Les danses pour finir sont complexes et visiblement relèvent de codes internes pour lesquels nous n’avons pas les clés. Elles sont néanmoins très esthétiques.

Le tout nous captiva deux bonnes heures avant que nous ne décrochions, émoussés quelque peu de part l’apparente répétition des chants et danses. Il faut avouer que pour des profanes, tout cela se ressemble un peu au bout d’un moment (les subtilités de toute cette culture qui nous est fortement étrangère, restent difficiles à saisir).

Installés dans notre confortable voiture, nous repartons vers de nouveaux horizons, direction Grand Teton.

Même si tout ceci ne s’inscrivait pas particulièrement dans les temps supposés forts du voyage, Salt Lake et ses indiens sont restés imprimés dans notre mémoire comme quelque chose que nous avons bien fait de ne pas manquer.