Mycoplasma Pulmonis est une bactérie à cellule minimale (le plus petit organisme capable de réplication indépendante: 782 gènes) possédant de nombreux noms: mycoplasme ou mycoplasmose, pneumonie murine, maladie respiratoire chronique, pneumonie virale du rat ou même catarrhe infectieuse.
Il s'agit d'une maladie extrêmement contagieuse pour les rats dont il n'existe actuellement aucun traitement totalement efficace. Elle peut se transmettre d'un individu à l'autre par simple éternuement ou contact étroit (lors d'une saillie par exemple) et même être présent dans l'animal dès sa naissance via l'utérus ou le lait d'une mère infectée. Certains mycoplasmes sont plus virulents que d'autres et de nombreux facteurs entrent en jeu (l'âge de l'animal infecté, son immunité...), mais ils ne provoquent pas de symptômes chez les rats âgés de moins de 3 mois.
La maladie progresse en partant du nez pour se loger dans les poumons. La bactérie se loge tout d'abord dans le nez et l'oreille moyenne de l'animal où il ne provoque pas de symptômes immédiats.
Les symptômes comprennent les éternuements, jetage (écoulement nasal), excès de porphyrine, tête penchée si l'oreille est touchée. Puis respiration sifflante, dyspnées (difficultés respiratoires), poil hirsute, flancs creusés. Le rat devient amorphe et cesse de se toiletter ou de s'alimenter. La bronchite, la pneumonie ou l'emphysème peuvent se développer. En cas de lésions irréversible de la glande de Harder (responsable de la fabrication de la porphyrine) à cause du mycoplasme, le rat pourra subir un excès de porphyrine constant durant sa vie.
Il est important de noter que le mycoplasme peut aussi provoquer des infections génitales (pyomètre, métrorragies par exemple) de l’arthrite et la stérilité. Les femelles plus âgées semblent plus sensibles à cette forme de la maladie touchant la reproductibilité. Un signe de présence de la bactérie peut se retrouver dans les portées: portées petites et faibles, mortalité fœtale, résorptions embryonnaires sont autant de signes à surveiller. Le mycoplasme peut aussi engendrer un stress oxydatif par la production de radicaux superoxydes: il faut donc ne pas hésiter à donner des produits anti-oxydants à votre rat malade (myrtille, épinard, fraise...).
La maladie peut durer plusieurs mois avant le décès et même rendre votre animal "chronique": des problèmes pulmonaires récurrents apparaîtront alors durant toute la vie du rat.
Il existe des animaux porteurs asymptomatiques du mycoplasme.
Le mycoplasme est souvent accompagné de "co-pathogènes", des maladies opportunistes qui vont se "greffer" sur le rat malade, car le mycoplasme a la particularité de supprimer le système immunitaire de son hôte. Notons le virus Sendaï, Streptococcus pneumoniae, le Coronavirus du rat, le bacille CAR, la SDA...
La détection du mycoplasme se fait grâce au dosage immuno-enzymatique nommé ELISA.
ELISA a été testé sur 2 194 rats et souris (10 souches de rats et 9 souches de soucis) et les résultats se sont avérés excellents. C'est donc un test tout à fait fiable pour détecter la présence de mycoplasma pulmonis chez le rat.
La prévention du mycoplasme commence par le respect des quarantaines lors de l'arrivée d'un nouvel individu. La bactérie ne peut pas vivre très longtemps à l'extérieur de son hôte mais en cas de contact avec un animal infecté, lavez-vous les mains et changez de vêtements. Les cages doivent être tenues propres (l'urine du rat dégage de l’ammoniaque qui provoque au fil du temps des lésions pulmonaires et favorise la présence de la bactérie dans le nez et les poumons du rat), les cages ne doivent pas être sur-peuplées, et la pièce doit permettre une bonne ventilation. La température doit idéalement se trouver constamment entre 18° et 26°. L'humidité quant à elle doit être maintenue entre 30% et 70% et le rythme circadien doit être respecté.
Il faut particulièrement éviter la poussière, les moisissures, ainsi que les polluants atmosphériques (fumée de cigarette, produits nettoyants parfumés, Javel, sciure de bois...).
Les carences en vitamines A et E seraient un facteur prédisposant à la mycoplasmose, la bonne alimentation est donc aussi un facteur.
Les rats de laboratoire n'échappaient pas au mycoplasme, et ce jusque dans les années 1960.
Pour se débarrasser de cette encombrante bactérie, les chercheurs ont commencé par élever des lignées de rats axéniques, c'est-à-dire dépourvus de tous germes pathogènes. Pour se faire, les rats étaient maintenus dans des pièces stériles, nourris au biberon et le personnel portait gants et masques. Cependant, les intestins de ces rats ne fonctionnaient pas correctement et cela réduisait considérablement leur espérance de vie.
Ainsi, un microbiologiste a eu l'idée d'infecter ces rats à partir d'un "cocktail" de bactéries inoffensives et déterminées. Ce sont les rats gnotobiotiques.
De nos jours encore, de nombreux rats de laboratoire sont sujets au mycoplasme et il n'existerait que quelques souches entièrement saines. Une étude datant de 2008 a détecté sur ses 240 rats de laboratoire pas moins de 144 animaux infectés.
En 1976, Owen a pu capturer 80 rats sauvages rattus norvegicus pour les tester aux parasites et autres organismes, séparés en 3 groupes: A, B et D. Dans le groupe A, 42 animaux sur 42 (soit 100%) étaient infectés par mycoplasma pulmonis. Dans le groupe B, 18 animaux sur 19 étaient infectés (95%). Dans le groupe D: aucun animal sur 19 n'était infecté (0%).
Les rats sauvages sont aussi victimes de la bactérie, il faut donc prendre ses précautions lorsqu'on décide de venir en aide ou d’accueillir un rat sauvage alors qu'on possède des rats domestiques chez soi.
Le mycoplasme peut infecter les rats, les souris, les cochons d'Inde, les lapins, les hamsters et peut même exister dans les voies nasales des Humains, même s'il ne leur nuit pas. Cependant, il est le plus dangereux pour les rats et les souris.
Sources:
2ndchance.info/ratlover par Ron Hines (DVM PhD)
"Detection of natural Mycoplasma pulmonis infection in rats and mice by an enzyme linked immunosorbent assay (ELISA)"
"Intracage Ammonia Promotes Growth of Mycoplasma pulmonis in the Respiratory Tract of Rats"
"Respiratory Disease in Rats and Mice", NFRS
"Detection of Mycoplasma pulmonis in laboratory rats and technicians"
"Some parasites and other organisms of wild rodents in the vicinity of an SPF unit" par Owen D.
Centre National de Séquençage: "Mycoplasma pulmonis UAB CTIP"
"Protective Effect of Vaccination Against Mycoplasma pulmonis Respiratory Disease in Rats" par Gail H. Cassell et Jerry K. Davis
"Pratique clinique des petits mammifères" par Susan A. Brown et Karen L. Rosenthal