L'albinisme est une maladie génétique (et non pas un gène) touchant visuellement plus les mâles que les femelles, caractérisé par l'absence de pigmentation. Un rat albinos serra blanc aux yeux rouges.
L'albinisme est épistatique: il masque l'expression des gènes de couleurs et de marquages. Plus simplement, il faut considérer que sous la fourrure blanche de l'albinos, il existe une "vraie" couleur et un "vrai" marquage caché par l'albinisme !
Chez l'albinos, la paroi interne de l’œil est totalement dépourvue de pigmentation. Le fond de l’œil présente alors une couleur rouge qui est en réalité due aux vaisseaux sanguins de la choroïde (membrane vasculaire nutritive de l’œil située entre la rétine et la sclérotique).
Il s'agit d'une tare récessive (les deux parents doivent le transmettre pour qu'il s'exprime). Il doit donc être présent sur les deux chromosomes de la paire.
Des recherches effectuées il y a plus de 30 ans sur des rats ont prouvé que l’albinisme n'est présent sur un locus précis (locus "fourrure") que dans le cas d'une race fixée. Autrement, la maladie génétique peut parasiter n'importe quel chromosome
C'est aux environs du milieu du XIXe siècle que les sujets albinos ont commencé à être sélectionnés et élevés en captivité. Les laboratoires américains, dont le principal est le laboratoire Wistar ayant donné son nom à la souche de rats albinos de laboratoire, auraient été fournis par le scientifique Adolf Meyer en 1890 qui les aurait ramené d'Europe depuis le Département de Zoologie de l'Université de Genève.
Il s'agit de l'une des deux versions. Henry Herbert Donaldson, connu pour être le premier à avoir créé un élevage de rats albinos et professeur neuroscientifiquen à l'Université de Chicago a déclaré d'une part que les rats albinos étaient issus d'Adolf Meyer et d'autre part qu'ils étaient le produit de mutations obtenues à partir de rats sauvages américains.
Cependant, des études récentes conduites entre autres par l'Institut des animaux de laboratoire et la Faculté de médecine du Japon ont prouvé que les premiers sujets albinos obtenus par le laboratoire Wistar provenaient d'un "stock" de rats Hooded.
De nos jours, il semblerait qu'en moyenne 80% des rats soient parasités par l'albinisme.
L'albinisme est une maladie, une défaillance génétique, de ce fait elle n'est pas "normale" et a des effets néfastes sur le corps. Cette erreur dans le code génétique peut se réparer à mesure des générations, mais elle peut aussi s'aggraver.
On peut par exemple noter que 75% des tumeurs au cerveau et 95% des tumeurs du globe oculaire chez les mammifères sont dû à cette défaillance génétique. En effet, même si l'albinisme n'est pas visible (seulement porté) sa simple présence dans le code génétique peut tout de même causer des soucis de santé.
La consanguinité est l'un des facteurs d'aggravation de l'albinisme.
Il est utile de noter que le lait ou la viande des spécimens albinos sont impropres à la consommation.
Il existe certains marquages dits "colourpoint", les extrémités de l'animal sont ainsi colorées (idéalement: bout du museau, base de la queue et des oreilles, bout des pattes).
L'animal possède -grâce à un allèle- un enzyme, la tyrosinase ne fonctionnant qu'en fonction de la température extérieure (et non la température corporelle). La chute de la température entraîne la création de mélanine par le corps, rendant les extrémités de l'animal plus foncées.
Ainsi, des marquages dérivés de l'albinisme ont été créés tels que l'Himalayen, le Siamois ou le Birman.
C'est l'albinisme qui crée la déteinte du marquage Husky chez le rat. La flèche des Husky fut une surprise et fixée grâce à des rats albinos entre 1944 et 1948.
L'albinisme s'active à certains moments de la vie du rat (gestation par exemple) et dilue la couleur partiellement ou totalement (voir rubrique Zoom sur le Husky)
Sources:
Origins of Albino and Hooded Rats: Implications from Molecular Genetic Analysis across Modern Laboratory Rat Strains, par Takashi Kuramoto, Satoshi Nakanishi, Masako Ochiai, Hitoshi Nakagama, Birger Voigt, Tadao Serikawa
Hématologie du rat : Hémogramme et Myélogramme, thèse par Fleur DESCAT
The Laboratory Rat (2e édition), par Mark A. Suckow,Steven H. Weisbroth,Craig L. Franklin
Morphologie et physiologie animales, Georges Bresse