L’exposition finie, la vieille rue Visconti retourne à son triste visage.
C’est celui du secret honteux ; nul ne se doute de ses arrière-plans napolitains, car derrière ses façades s’ouvrent de nouvelles perspectives, des paysages italiens faits de camisoles roses, qui sèchent sur des ficelles, de perroquets en cage et de cactus en cageots qu’on remonte par des poulies.
Un arbre vert dépasse un mur, poussé dans quoi ?...
Une grosse dame s’encadre dans sa fenêtre, comme une reine de carreau obèse. Elle ne bouge pas. Personne ne bouge rue Visconti. Un cordonnier prétend être allé autrefois jusque dans la rue Bonaparte ; ses petits-enfants le lui font raconter.
Un autre est allé réellement jusqu’au coin de la rue de Seine. Le changement d’air l’a tué d’un seul coup.
(Il se passe un grand nombre de choses – Nouvelle Nouvelle Revue Française n°21 – Septembre 1954)