Girafe

A moins qu’elle ne s’élance dans une danse aérienne, rien n’est plus vaporeux que la valse des girafes, plus jeune fille et plus printanier. Elles sont couleur de papier peint, comme le guépard. Quand elles s’arrêtent, quand elles sont immobiles, faites de triangles scalènes dans l’ensemble et dans le détail, elles ont l’air d’éléments de menuiserie en série, pour la fabrication de meubles de bureaux, de tables modernes et d’étagères dissymétriques ; ou de généraux du canard enchaîné. Leur tête rappelle celle du chameau ; mais leurs grands cils sont des cils de demoiselle ; elles ressemblent toutes plus ou moins au professeur de piano que j’avais dans mon enfance ; en plus mondain et en plus chichiteux.

(La Montagne – 31 janvier 1961)