Herbe
Herbe
« Un vieux petit temps », disait Pourrat.
Il ne fait pas d’autre bruit que le tic-tac de l’horloge. Il n’est fait que d’herbe qui pousse.
Si on écoutait bien, peut-être qu’on l’entendrait : c’est sa voix la plus importante.
Car un jour l’herbe mange l’histoire. Elle a poussé sur la tombe d’Attila. Elle a recouvert les ruines des civilisations. C’est elle qui gagne à tous les coups.
Elle est l’avenir le plus sûr des nations, l’épilogue certain de la planète.
L’inactuel mange l’actuel, le petit temps mange le grand, le jour mange le mois, le mois mange le siècle, et l’herbe l’ère.
(La Montagne – 1er octobre 1963)