Ecole

Dans le vert paradis de la nouvelle école, l’enfant apprend par jeu, de lui-même, curieux de tout, amusé d’un rien. C’est une récréation constante. L’essentiel est de placer le professeur de plain-pied.

On a donc supprimé la chaire.

Et pour les petites classes, m’assure-t-on, une sorte de tranchée aurait été prévue, comme la fosse des musiciens dans les théâtres, ou, au besoin, si l’espace s’y oppose, un simple trou, de forme cylindrique, dans lequel le maître, enfoncé jusqu’aux genoux, ne peut plus dépasser l’élève.

On m’a même fait voir des croquis. Le trou est à profondeur réglable. En 12ème, le buste dépasse. Dans les classes maternelles, la tête.

La tête suffit.

Le professeur ne présente plus ainsi, sur le mur blanc de l’école nouvelle, que la partie la plus cérébrale de son corps, comme le passe-boules (qui a toujours séduit l’enfance) ou le portrait de Sadi Carnot sur les belles assiettes à dessert de 1895.

L’effet est saisissant quand la barbe est carrée.

(La Montagne – 10 décembre 1957)

L’école Amidon, près de Washington, vient de bouleverser les théories pédagogiques. Elle se propose, au lieu d’enseigner, comme on le fait, à l’aide de jeux et d’amusements, de congés, de discipline librement consentie et de brimborions de toutes les couleurs, d’enseigner (j’ose à peine le dire) en instruisant.

À l’aide de leçons, de devoirs, d’efforts, de discipline librement imposée. Le but serait de faire des élèves qui puissent répondre aux exigences des examens. La science ne viendrait plus de la joie, mais la joie viendrait de l’instruction. Si rétrograde que puisse paraître un tel système il a donné des résultats si beaux que l’école, qui avait 1 500 élèves, en a maintenant 2 800. On l’agrandit. Nous amènerons, prophétise Carl Hansen, le directeur de ce collège, nous amènerons les bacheliers à être au niveau du bachot.

(Secrets d’état – La Montagne – 20 avril 1960)