Auvergnat

Ce qui fait l’intérêt de l’Auvergne, c’est qu’elle est remplie d’auvergnats.

S’il faut en croire les dernières statistiques, elle en contient même plus que Paris. Ils vivent sur les flancs de montagnes abruptes, du produit de leur pêche, de leur chasse, de leur entregent et de leur industrie : leurs eaux, leur caoutchouc, leurs fromages, leurs barrages ; leurs confitures et leurs dentelles ; leur chocolat.

Ils ont des cheveux noirs, des yeux de braise, des dents luisantes et des chandails superposés, les uns marron et les autres aubergine. En laine épaisse. Pour le 15 août, ils en enlèvent un. A la Toussaint, ils en ajoutent deux. A la fin de leur vie, ils sont pur laine, on se sert du grand-père pour planter les épingles, et le médecin, quand il l’ausculte, doit l’éplucher comme un oignon.

(L’Auvergne absolue)

Quant à l’Auvergnat de race très pure, la zoologie nous fait voir que, sous un gilet de laine marron, qui se boutonne et qui a quatre poches, il porte un pull-over de couleur aubergine sous lequel il a mis un chandail qui dissimule quelques menus lainages superposés sur l’épaisse chemise qui recouvre son tricot de peau. Ce qui est pratique pour les ménagères. Les ménagères du Haut Cantal se servent couramment du grand-père, qui est assis à côté du feu, comme d’une pelote d’épingles. Il est immobile et pure laine. Comment se passerait-il d’un hiver rigoureux ? L’été l’éprouve déjà beaucoup, l’hiver le repose un peu de ses nombreux lainages.

(Dernières Nouvelles de l’Homme)



L’auvergnat se compose, en gros, de la tête, du tronc et des membres. Avec la tête il pense à l’économie, avec les membres il la réalise, avec les mains il la met dans le tiroir.

(L’Auvergne absolue)