Juillet

La vie consiste à se baigner dans la mer et à se promener sur les montagnes.

Telle est la leçon du mois de juillet.

(Mesure de l’homme du mois de juillet – La Montagne – 28 juillet 1959)



Le mois de juillet s’étale et foisonne. Les arbres bâtissent des châteaux de verdure, des citadelles, des tours, que le soleil, çà et là, traverse d’un doigt d’or. Une grande paix règne au pied, sur l’herbe des pelouses. On ne sait quel bonheur s’y attarde, quel rêve y reste suspendu, entre l’herbe et les lourds feuillages. Il ne bouge plus. Une guêpe bourdonne. Le silence en devient plus profond.

On dirait qu’on peu l’attraper. Comme on attrape un papillon. Mais le moindre geste l’effarouche et il irait se poser ailleurs. Rayé d’ombre et d’or, comme la guêpe. Il ne reste que si l’on ne bouge pas.

C’est le bonheur de juillet. Il se cache sous les arbres. Il est baigné d’une lumière verte. Il s’en ira avec la pluie.

(La Montagne – 23 juillet 1967)

L’été continue dans les villes d’eaux. Le soleil dessèche les paulownias. Les enfants sautent dans les piscines en faisant de ronds dans l’eau bleue. Les dames se promènent dans la rue en costume de flagrant délit. Les messieurs ouvrent leur chemisette sur des poitrines velues dont ils tirent de l’orgueil ; on les prend pour de loups déguisés en agneaux.

(La Montagne – 4 juillet 1961)

La chaleur favorise les grands excès de boisson si nécessaires au moissonneur. Le gendarme sue. Le facteur fait halte. Le loup se dessèche. L’enfant vagit.

L’Auvergnat vend de l’eau minérale.

(L’homme velu de juillet - Adam – Juillet 1965)

Rien n’est plus beau que le mois de juillet.

Le soleil flamboie, la terre est surchauffée, les étoiles tournent lentement, l’alouette lulu chante au ciel, le coucou est parti pour l’Afrique australe, ne laissant que son enfant le plus gras ; les gousses du genêt éclatent dans la chaleur torride, la sauterelle stridule sous les herbes brûlantes, l’homme joue du cornet à piston dans des kiosques de style chinois. C’est pour commémorer la prise de la Bastille.

(Chronique de juillet – La Montagne – 19 juillet 1960)

Mais le soleil tombe derrière le sorbier aux fruits roses et les reines-claudes se sont ambrées. Le bleu des aconits a pâli. Le vent apporte une odeur d’étable.

La montagne a bleui. Elle sent les foins coupés. Le train a sifflé, la lune s’est levée, un chat traverse le boulevard et rentre à la gendarmerie. Le tilleul embaume la cour de l’école.

La première chauve-souris zigzague mollement dans l’air. On ne sait à quoi rêvent les demoiselles.

Levez-vous, orages désirés.

(L’homme velu de juillet - Adam – Juillet 1965)