Alchimie

Autrefois, on faisait de l’alchimie. Tout a commencé par des caves, par des cryptes sans jour, où, nous dit Paris-Presse, « des vieillards méphistophéliques regardaient fébrilement bouillir d’étranges mixtures » ; ils y mêlaient le fiel de vipère, le foie de nouveau-né et la langue de crapaud ; quelquefois un aegagropile ; très peu de sel, beaucoup de poivre, à peine de noix muscade.

Et ils en sortaient de l’or. Sous l’œil d’un vieux hibou. Qui hululait.

Je regrette le hibou.

Aujourd’hui, on prend du gruyère, du pétrole, de l’urine de cheval, on en tire des stylos, du beurre, des bas nylon et des manteaux en vison synthétique.

Sans hibou. Où est le plaisir ? Les traditions s’en vont.

(La Montagne – 10 mars 1959)