- Paysage d'été

Le silence, brodé à grands ramages par les abeilles et les reinettes, une tiédeur sur laquelle se refermaient les charmilles massives, un orage ballonné, tenu en respect derrière la colline, la pédale lointaine d’une batteuse à blé, - tels sont encore aujourd’hui les matériaux qui me servent à reconstruire l’été, comme si la belle saison, indépendante d’une chaude température, étrangère aux plages oisives, fut remise au pouvoir d’une certaine lenteur du temps, réservée aux provinces du Centre, soucieuse de s’y tenir cachée, durable et cernée d’espaliers.

(Flore et Pomone)

Un toit rose, de tuiles à godrons, dites tuiles romaines. Un cyprès en fuseau, noir sous la belle lumière, et quelques saules à grosse tête, chevelus d’un feuillage tendre que le vent peigne, divise, écarte et referme. Derrière le cyprès une petite pièce de seigle étincelle d’un vert éclat printanier : un grand ciel pâle d’avril couronne cette parcelle paisible de l’univers.

(De ma fenêtre)