321.
voici les miels de somnolence
à ton cou d’herbes folles
l’oubli collier de mésanges
(Gaston Miron)
322.
mon visage se tanne et se ride et se cuit ; s’élargit ; sous la
chevelure léonine, - les pupilles des yeux sont calmées, - je
suis plus lourd, et plus carré ; moussu : patiné. Mes coutures
pleines de sous-à-boire-du-thé-au-lait, et de crayons de couleurs !
À l’aise, dans mon sac de peau, enfin.
(Jean-Paul Klée)
323.
La vie et le bal ont passé trop vite
La nuit n’a jamais la longueur qu’on veut
Et dans le matin défont leurs cheveux
Madeleine Marie et Marguerite
(Louis Aragon)
324.
-it’s spring (all our night becomes day o, it’s spring !
all the pretty birds dive to the hearth of the sky
all the little fish climb through the mind of the sea
(all the mountains are dancing ; are dancing)
E. E. Cummings
- c’est le printemps (toute notre nuit devient jour) o, c’est le printemps !
tous les jolis oiseaux plongent au cœur du ciel
tous les petits poissons grimpent à travers l’esprit de la mer
(toutes les montagnes dansent ; dansent)
325.
Quelqu’un suspend au ciel quelques étoiles
De temps en temps un fil se rompt
Faites un vœu une étincelle a brulé mes cheveux
(Pierre Reverdy)
326.
Le jardin chuchote et tressaille
Furtif et confidentiel :
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel
(Henri de Régnier)
327.
L’Estérel rose
à droite
Ovation de toute chose à la lumière
(Jean Cocteau)
328.
Peupliers et trembles. Dans la dernière clarté horizontale
à cette heure où la feuille la plus haute, qui tout le jour
était prise dans la rivière de brise invisible
soudain se fige en un miel de silence.
(Jean-Paul de Dadelsen)
329.
Le sort est une panthère chaude
et l’instant où l’on est frôlé
prend - dans la grande moquerie nocturne -
un goût d’orgie sarrasine
(Georges Henein)
330.
De l’automne jauni qui tremble dans le bois dételé
Il demeure une étrange mélancolie
(Georges Schéhadé)