Fragments 27

261.
Pourquoi l’enfance - oh, trésors du papier d’argent, beau et menaçant froissement du métal -, dit-elle rester la seule source, la seule nostalgie ? Pourquoi l’âge adulte qui remplace la maturité n’est-il qu’un chemin sans fin, jaune comme le Sahara ?
(Adam Zagajewski)


262.
Ô Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
(Arthur Rimbaud)


263. Les douze branches de Bételgeuse ombrent les berges de la nuit ; à peine quelques noms reviennent à notre mémoire et nous sommes un vent pur ;
(Roger Kowalski)

264. Pour plaisanter j’ai pris ma mère sur mon dos elle était si légère que j’en ai pleuré avant d’avoir fait trois pas
(Ishikawa Takuboku)


265. ( la lune s’applique à ressembler à ce que tu dis ) (Mathieu Bénézet)

266. Un oiseau frétille entre les feuilles mortes : il pépie deux ou trois fois, vagues sifflements ; un petit flûtiste emplumé qui pose sur moi un regard en coin de son œil rond et jaune.
(Choderlos de Laclos)

267. Et les petits jours blancs dans le crachin de rien. La mousse sur les pierres. Les murs qui pourrissent. Les volets de bois mort qui ne cessent de mourir. Les pigeons gorgés de brouillard qui traversent un ciel sans question. Et les petits jours blancs dans le crachin de rien. Les matins mal coiffés. Le désordre des petites lumières. La belle vie dans des chaussettes mouillées.
(Thomas Vinau)

268. Homère est nouveau, ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que le journal d’aujourd’hui.
(Charles Péguy)

269. Telles les races des feuilles, telles les races des hommes :tantôt tombant sous le vent, tantôt s’accroissant innombrables,sous la poussée des forêts, quand survient la saison printanière ;ainsi, des générations : l’une croît et l’autre s’efface.
(Homère)

270. Et là j’aurai quelque paix car goutte à goutte la paix retombeDes brumes du matin sur l’herbe où le grillon chante
(And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings)

W.B. Yeats