151. Tu pleureras l’heure où tu pleures Qui ne durera qu’un moment
(Guillaume Apollinaire)
152. Il y avait des menticures qui étaient au langage et à l’esprit ce que les manucures sont aux mains, et le matin, fort tard, tandis que ceux-ci taillaient et polissaient les ongles des personnes soigneuses de leur corps, les cures de l’intellect les interrogeaient et les entretenaient en subtilité et en élégance de la pensée et du discours.
(Paul Valéry – Conte)
153. Tortillon à la poire ou bien à la groseille Fraîche vrille de sucre acidulé, ta voix Est un bonbon anglais qu’on suce avec l’oreille
(Edmond Rostand)
154. - T’espérer ! Et sentir que le golfe halète En bleuâtres soupirs vers le ciel libre et clair ; Et voir l’eucalyptus, dans la liqueur de l’air, Agiter son feuillage ainsi que des ablettes !
(Anna de Noailles)
155. Ah ! que tout n’est-il opéra-comique !… Que tout n’évolue-t-il en mesure sur cette valse anglaise Myosotis, qu’on entendait cette année-là (moi navré dans les coins, comme on pense) au Casino, valse si décemment mélancolique, si irréparablement derniers, derniers beaux jours !... (Cette valse, oh ! si je pouvais vous en inoculer d’un mot le sentiment avant de vous laisser entrer en cette histoire !)
(Jules Laforgue)
156. Les collines en syllabes pourpres Content les aventures du jour
(The Hills in Purple syllabes The Day’s adventures tell)
Emily Dickinson
157. Une main enveloppe la terre entre ses doigts et la lance aux diverses couleurs du ciel qui est ici d’un roux de lièvre
(Pierre Reverdy)
158. l’oubli travaille maintenant Où travaillait le temps
(Bernard Noël)
159. Un grand poirier d’argent que son exil étonne Du trottoir citadin, dont l’asphalte a cédé, Veut offrir au soleil ses deux bras excédés
(Max Jacob)
160. La vision d’un clair village sur la côte Et du ciel bleu qui rit à travers l’herbe haute.
(Charles Guérin)