101. L'été et notre vie étions d'un seul tenant La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante.
(René Char)
102. L'enfant chassa de son ombre les derniers filaments de nuit et posséda tout à la fois le ciel, la forêt, le village, le soleil, l'insecte qui mordillait son orteil, la flaque d'eau boueuse où s'attardait un cochon (qu'il absorba par osmose hâtivement, en passant) bref, tout ce qui l'entourait, plus l'air à perte de vue, d'un seul regard inflexible.
(Joyce Mansour)
103. J'ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l'assaut de la pierre de l'éternité.
(René Char)
104. Elle m’a fait un geste des yeux pour m’inviter à monter. C’était un geste bleu.
(Richard Brautigan)
105. Ce rien de sable qui s’écoule Du sablier en silence et se pose Et, fugace, les traces en l’incarnat, En l’incarnat s’éteignant d’un nuage…
(Giuseppe Ungaretti)
106. Tout l’après-midi est devant moi comme une terrasse inclinée, rayonnante en haut et qui plonge, là-bas, dans le soir indistinct, couleur d’étang.
(Colette)
107. Voici la plaine herbeuse où tu reposeras Dans le hamac consolateur des infortunes ; L’air nocturne caressera tes membres las, Et les bleus éléphants brouteront des lilas, Sous la clarté tiède des lunes.
(Tristan Derème)
108. Coq de combat celui qui chante l’aube
(Robert Sabatier)
109. Vitré dieu qu'ai-je là qui me stimulait jour & nuit à me prendre pour un rossignol diamanté ?...
(Jean-Paul Klée)
110. Ô douce eau douce nécessaire, vue des femmes Continue, continue longtemps, longtemps. Les dames, Les dames donnent, c’est leur nom en italien
(Marcel Thiry)