Collection de poèmes 029

291 – Le piano

Dans le piano, il y avait un autre mondeavec des forêts, des prairies pleines d’animauxdes villes au soleil couchant, des bataillesdes voix qui ressemblaient à celle de mon pèredes contes, des voyages dans tous les payset surtout, je crois, notre histoire futurequ’il fallait déchiffrer sans pouvoir aller vite
Jean-Pierre Lemaire



292

Du crin dans le vent, une accroche offerte à l'œil ,et le souffle du vent pour carder vos rêves " à peu près justes" cloués sur le fil.Le ciel est blanc. Retrouvé mon toit tranquille et Vous qui sentez encore l'hiver des sentiments; Prendre votre main et monter le chemin des bourgeons jusqu'à éclatement, suivre la pente douce et tourner vers ce rire qui résonne dans votre bouche aride. Crier à tue et à toi dans l'oreille du chat.


Anne-Marie Gaudefroy



293. La moindre abeille qui distille un poids de miel Multiplie l’été Heureuse que son infime part s’ajoute Au volume ambré


Emily Dickinson



(Least Bee that brew – a Honey’s Weight The Summer multiply - Content Her smallest fraction help The Anber Quantity - )





294. Neuf corbeaux : deux dans le désordre

1, 2, 3, 4, 5, 7, 6, 8, 9



Richard Brautigan



295


Femmes, soleils. le chant de leurs corpsToute la vie dans leurs yeux, dans leur chairM’aimait.Ô fer, ô sève, le voyage et le fleuve.Chevauxchevaux de pierre au loin cavalcadez,Moi je reste en cet or léger où la douceur fraîchit.


Georges-Emmanuel Clancier


296.

J’évoque sur tes bords heureux,O Méditerranée,D’une amoureuse après-dînéeL’ombre, le rocher creux, Ou l’arabesque périssableD’un plaisir balancéQui de sa hanche avait tracéLe contour sur le sable


Paul-Jean Toulet


297.

emplidetoi (plus grand de petitude) Humble etrosémentplus leste ondulantnon monde Le silence estbleu(dors ! nouvelle filled’or




E. E. Cummings
(youful largerof smallish) Humble arosily,nimblest ; c-urling-gnowordSilent is blue(sleep !new girgold


298

Si tu devais venir à l'Automne,Je chasserais l'Été,Comme mi-sourire, mi-dédain,La Ménagère, une Mouche. Si je pouvais te revoir dans un an,Je roulerais les mois en boules –Et les mettrais chacun dans son Tiroir,De peur que leurs nombres se mêlent - Si tu tardais un tant soit peu, des Siècles,Je les compterais sur ma Main,Les soustrayant, jusqu'à la chute de mes doigtsEn terre de Van Diemen. Si j'étais sûre que, cette vie passée -La tienne et la mienne, soient -Je la jetterais, comme la Peau d'un fruit,Pour mordre dans l'Éternité - Mais, incertaine que je suis de la duréeDe ce présent, qui les sépare,Il me harcèle, Maligne Abeille -Dont se dérobe - le dard.


(If you were coming in the Fall,I'd brush the Summer byWith half a smile, and half a spurn,As Housewives do, a Fly. If I could see you in a year,I'd wind the months in balls---And put them each in separate Drawers,For fear the numbers fuse--- If only Centuries, delayed,I'd count them on my Hand,Subtracting, til my fingers droppedInto Van Dieman's Land, If certain, when this life was out---That yours and mine, should beI'd toss it yonder, like a Rind,And take Eternity--- But, now, uncertain of the lengthOf this, that is between,It goads me, like the Goblin Bee---That will not state--- its sting.)


Emily Dickinson


299 - retouche à la destinée


le ciel laisse dormir deboutla lumière inflexible dans la cour de marbre une fourmi perdue longe le miroir d’eau

Daniel Boulanger


300 – Chanson de l’aubépin


L’odeur de l’aubépinCavale autour du préComme un jeune poulainEchappé de l’hiver. Les pâquerettes et le cielSont de porcelaine.Je rêve paradis et dimancheMais les moutons à l’épineLaissent leur laineEt moi mon cœurAux ronces de l’année.


Georges-Emmanuel Clancier