La clairière du Hang

 
    Au pied du Climont qui, du haut de ses 966 mètres d'altitude, préside à la naissance des vallées de la Bruche, de la Fave et du Val de Villé, la clairière du Hang fut d'abord mise en valeur par des verriers catholiques, dés 1723. Quelques pierres calcinées, des réfractaires glaçurés, des débris de verres gardent encore sur le terrain le souvenir de l'existence de la verrerie qui s'éteignit en 1770, faute de bois.
    Le Hang continua de prospérer avec l'arrivée de nombreux fermiers mennonites. Ils trouvèrent là un endroit favorable à leur vie pastorale et mystique, loin du monde profane, de son incompréhension et de ses tracasseries.
 
    Défrichant la forêt, traçant des chemins, captant des sources, construisant des ferme, des hommes et des femmes venus de Suisse aménagèrent sur les pentes du Hang une petite colonie qui ne tarda pas à prospérer.
 
    Malgré leur appartenance à un univers linguistique et religieux différent, ils n'hésitèrent pas à construire leurs maisons selon la tradition architecturale des Vosges. Rien ne distingue une ferme anabaptiste d'une autre, sinon peut-être ses dimensions, marque d'une mode d'existence patriarcale et d'une certaine aisance matérielle. En effet, les Mennonites étaient non seulement des observateurs stricts des préceptes évangéliques, mais aussi de remarquables éleveurs dont la science vétérinaire suscitait l'admiration.
 
     Depuis le XIX siècle un certain nombre de familles quittent le Hang pour diverses raisons (mariage, travail, problème de conscience : obligation de porter les armes par exemple) allant même jusqu'à émigrer aux Etats-Unis.
    Après la deuxième guerre, la communauté mennonite compte encore 25 familles, qui se réunissent 1 fois par mois dans une ferme pour un culte. La salle, devenue trop petite est construite au village, en 1951.
 
    Sur les 12 fermes du Hang, 4 disparaissent brûlées, 4 sont rachetées, et des 4 dernières, 1 famille fréquente encore la communauté mennonite.

  
                     
   
"...il ne m'a jamais été porté de plainte contre eux depuis 26 ans que j'exerce ce baillage. Ils vivent sans luxe et sobrement, aiment la paix et la tranquilité, sont très laborieux, charitables entre eux et on ne peut leur reprocher que les erreurs de leur secte (sic), à laquelle ils sont entièrement zêlés et attachés. Ils s'assemblent chaque mois un jour de dimanche chez un préposé qu'ils se sont choisi. Il leur fait la lecture d'une espèce de fausse bible (sic) qu'il leur explique à leur façon et s'entretiennent ensuite de leurs affaires particulières. Ils se conforment exactement aux lois du Royaume à l'exception du serment qu'ils ne veulent pas prêter ni dans les affaires civiles ni dans les criminelles et on est obligé d'employer la force pour les contraindre. Ils ne contribuent pas au régiment des soldats provinciaux et s'engagent bien rarement au service militaire..."
                                              document de baillage fait à Sélestat, le 12 juillet 1780