RESEAU D'ENTRAIDE POUR L'ARIEGE
25 septembre 2020
Demain c’est mon premier anniversaire de mon premier mois de sevrage et tout continue à bien se passer !
Je suis sortie de l’hôpital mercredi, il y a deux jours et ça s’est très bien passé à mon retour. J’ai commencé à mettre en place de nouvelles choses.
Ça me tient à cœur de venir au groupe de parole, c’est important pour moi. J’ai pris soin de moi, je m’occupe de mes enfants et ça m’occupe ! Je ne peux toujours pas conduire à cause des benzodiazépines (le Valium) mais je me fais conduire.
Je leur ai expliqué que reprendre l’alcool n’était pas une fatalité. Même si on est en situation de danger, c’est la volonté qui fait tout ! Même s’il y a de l’alcool partout autour, on peut dire « non ».
Moi, je n’ai plus à raconter ma vie, à dire « je ne bois plus etc… ». Je me sens mieux et pour moi c’est une autre vie. J’ai gardé l’habitude de tout noter, ça date d’avant, peur de tout oublier (à cause de l’alcool).
A Noël ça fera trois ans que je ne bois plus une goutte d’alcool et tout va bien !
Il faut choisir les personnes avec qui on va parler, selon « le degré d’évolution » de la personne, en fait. A certaines personnes je ne dis rien car je sais qu’elles vont parler « à tort et à travers »…Souvent des gens qui ont un gros problèmes d’alcool et qui veulent nous « cataloguer » comme alcooliques !
La collègue qui est à côté de ma chambre veut faire pareil : choisir des boissons non-alcoolisées, faire la postcure donc on va essayer de se soutenir.
J’ai déjà arrêté de boire pendant deux ans et demi !
Evoquer mon addiction auprès des tiers…ça dépend des tiers ! Moi, je l’ai abordée auprès de certains collègues, auprès de ma famille à moi, mais pas avec mes parents.
On est malade, on s’assume !
Si on me pose la question « pourquoi ? », alors je réponds « oui j’ai un problème avec l’alcool ! », les gens comprennent et on change de sujet.
Ça fait quatre ans que j’ai arrêté de consommer de l’alcool.
Les dix premiers jours j’ai fait un auto-sevrage. Le médecin m’a dit « bravo » et ça a été la première brique qui m’a encouragé à continuer.
Je ne me suis pas promené dans la rue en brandissant un panneau disant « je ne bois plus d’alcool depuis 16 jours ! »
Maintenant, je dis « pas d’alcool pour moi ! » et avec d’avantage d’aplomb. Avant de disais « désolé, je ne bois plus d’alcool » puis j’ai dit « désolé je ne bois pas d’alcool ».
On est catalogués « alcooliques » par des gens qui ont un problème avec l’alcool (mécanisme de projection).
Mon mari continue à consommer. A un moment donné on se dit « Ben, c’est comme ça ! ».
Pas besoin de s’étaler sur la question.
En fait, on croit que personne ne voit pas ce qui se passe mais, en fait, tout le monde est au courant !
En faire son affaire personnelle !
Moi, je dis juste « T’as pas plutôt un jus d’orange, un coca ? ».
Les gens se protègent eux même en se voilant la face à leur propre sujet. Ils sont aussi malades que nous mais ils sont dans le déni.
Il existe deux méthodes de protection :
- le déni : « je n’ai pas de problème avec ça »
- la projection : « lui c’est un alcoolique, pas moi ! ».
On peut même utiliser les deux à la fois.
Le produit peut être là, à proximité, mais il ne peut pas venir tout seul dans ma bouche !
Six semaines de postcure à Nègrepelisse où j’ai pu identifier les situations qui me mettaient en danger, et les mécanismes qui s’enclenchaient…J’ai appris à voir, à anticiper ça.
J’ai démarré un suivi à l’ANPA et je ne lâche pas ce suivi avec la psychologue.
Les drogues qui tapent dans la tête et modifient nos façons de voir les choses.
Je continue à apprendre et surtout à être de plus en plus sympathique avec moi même !
Moi j’aurais envie de dire « ça dépend à quel tiers tu vas le dire ! » les soignants : oui et le groupe de parole, les membres du groupe de parole, c’est pas n’importe qui, tiens !
Le dire à qui ? C’est sûr qu’il faut faire gaffe !
Je savais que c’était délicat de le lui dire à elle, et qu’elle allait me lancer un regard stigmatisant… Et je n’ai pu lui dire que trois mois après être allé en postcure ! Je continue à suivre mon bonhomme de chemin en apprenant à me protéger.
J’ai retrouvé le goût, l’odorat, je ne vomis plus le matin, j’ai le moral, je m’occupe de moi, de mes gosses. Je reprends confiance en moi, j’ai une bonne estime de moi maintenant ! Maintenant, si on me dit « tu es bon », j’y crois !
Que du bonheur de la fierté, maintenant.
Moi, je n’en parle pas parce que je suis catalogué « alcoolique », j’évite les gens.
A des tiers, moi je n’en parle pas. Tu sais pourquoi ? la peur du jugement !
Je m’aperçois que ce sont ceux qui consomment qui ont l’air idiot !
Dans l’armée, ça peut être « pas de cerveau, pas de migraine ! ».
Beaucoup de honte dans cette histoire-là ! Ici, c’est l’Ariège, un petit pays, on est vite montré du doigt et je n’en n’ai pas envie !
Pour moi, la honte c’était avant pas maintenant. « Lettre à l’entourage » de Pierre FOUQUET, à faire circuler !
L’auto-traitement d’un stress intense, du « craving », c’est un outil intéressant. Ça dure quinze secondes, pas plus : par exemple on peut se tapoter les cuisses.
Le problème c’est pas dans le produit (alcool, cannabis etc…) c’est dans mon fonctionnement par rapport au produit. Je me suis aperçu que j’avais besoin d’une béquille dans ma vie, que j’avais un problème émotionnel à régler !
Quand j’ai arrêté l’alcool, d’autres produits se sont pointés qui me disaient « Hého, on est là, nous aussi ! »…
A la base ce n’est pas l’extérieur le problème, c’est le fonctionnement de la personne qui ne sait pas se protéger.
Le produit peut être une récompense….
Il faut être super bienveillant avec soi-même et avec les autres…
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Moi, j’en ai parlé à mes proches comme ça, s’ils m’invitent, ce sera boisson non-alcoolisée.
Je ne me reconnaissais plus, je n’avais plus l’habitude de m’occuper de moi, je ne m’occupais que des autres. Maintenant penser à moi et me protéger, c’est ce que j’apprends à faire . On se met trop souvent la pression !
FIN