03 - Le Pech du Treil

La carrière du Pech du Treil

Afficher Vers le Pech del Treil sur une carte plus grande

Départ : Maison de l'emploi, ancienne école de Condat, Av. Pelletan / D673

« Pech » dérive de l'occitan puèg issu du latin Podium et désigne un endroit plat et surélevé.

Prendre la direction nord-est sur l'Av. Pelletan / D673

Continuer de suivre la départementale 673 pendant 1,800km

Tourner à gauche, rouler pendant 1,800km

Tourner complètement à droite, rouler pendant 0,400km.

Prendre le chemin carrossable vers l'est, rouler pendant 1,000km

Garer le véhicule sur une esplanade permettant de faire demi-tour

Cette carrière étant abandonnée, les résistants se sont installés. Comme elle est très vaste, de nombreuses ouvertures devaient leur permettre de se sauver en cas d’attaque. Le principal groupe qui a stationné là, fut le bataillon « Jack » de Jacques LEVY qui appartenait au groupe VENY. Ses hommes ont fait apposer une plaque à l’entrée en souvenir, puis une autre plaque en 1983 lors du décès de leur chef. D’autres groupes y ont fait des séjours plus brefs : le groupe de Pierre MONTES alias « MONTEREAU » par exemple (voir ci-dessous). Les résistants en ce lieu n’ont jamais été attaqués.

Les plaques commémoratives

Les hommes du bataillon font apposer une plaque souvenir à l'entrée de la carrière en 1973 :

« Dans cette région fut formé et vécu le bataillon Jacques du groupe VENY Réseau BRUTUS sous les ordres du Commandant Jacques LEROY

Cette plaque pour rappeler le sacrifice de ces hommes qui

combattirent, risquant leur vie pour la défense et la liberté

de la France, accomplissant de nombreuses missions de

sabotage, de guérilla et qui participèrent à la libération

d'Agen et du département

En hommage et en remerciement à tous les habitants qui grâce

à leur courage et à leur compréhension ont permis à des

hommes de subsister dans la clandestinité

Le 13/10/1973 »

Une deuxième plaque est apposée en 1984, lors du décès de leur chef Jacques LEVY dit Jack LEROY :

« HOMMAGE À NOTRE COMMANDANT

JACK LEROY

Décédé le 9 09 83

SES COMPAGNONS LE 9 06 84 »

Les groupes "Vény"

En octobre 1943, le lieutenant-colonel Archidice, alias "Louis", sous l'autorité du général Vincent, "Vény", est à deux doigts de se faire arrêter par la Gestapo. Il se réfugie à Cuzorn, au nord de Fumel, et passe dans la clandestinité. Il organise les groupes Veny en 4 bataillons, dont celui de Jack1.

Dès le début 1944, ces bataillons sont parfaitement opérationnels, capables de mener des actions de récupération de matériel roulant et de parachutages alliés tout en protégeant efficacement ces opérations2.

En août 1944, le PC du bataillon Jack est positionné à Villeneuve-sur-Lot.

Le bataillon "Jack"

Venant de Dordogne avec 6 hommes, le bataillon "Jack"3, sous le commandement de Jacques Lévy atteindra un effectif de 94 personnes au 1er juin 1944.

Il participera aux actions coordonnées de guérilla, contre l'ennemi, entre le Lot et la Garonne.

Un projet de vie contrarié par la guerre

Arrivée : Pech du Treil

Entretien avec Pierre MONTES - juillet 2012

Pierre MONTES, né à Fumel ou ses parents étaient charcutiers, partit poursuivre ses études secondaires à Villeneuve-sur-Lot. D’abord interne, ses parents le placèrent chez des amis dont le commerce était situé près de l’établissement scolaire.

Automne 1943, c'était la rentrée scolaire. Elève en classe de Terminale Mathématiques Élémentaires, Pierre MONTES envisageait de préparer Polytechnique. C'était sans compter avec les tours parfois désagréables que joue la vie.

En marge de leur activité officielle, les hôtes de Pierre avaient un passe-temps un peu particulier : ils s'occupaient de parachutages et délivraient de fausses cartes d'identité. Ils appartenaient à l'Armée Secrète.

Tout naturellement, Pierre se piqua au jeu, de sorte qu'à partir de novembre 1943, il participait à la récupération de trois ou quatre parachutages, notamment près de Tournon. Le mode opératoire était le suivant : l'avion faisait un premier passage, les équipes au sol envoyaient le signal ".-.-" à l'aide d'une torche et l'avion larguait le matériel lors de son second passage.

Les alliés livraient le matériel dans des containers qui se dispersaient plus ou moins dans la nature lors du largage. Pierre et ses camarades ne perdirent qu'un seul container au cours de l'ensemble des opérations. Il ne fut certainement pas perdu pour tout le monde.

Cette sortie de nuit n'était pas sans risques : la première fois, Pierre eut à essuyer le feu de la mitrailleuse de l'avion au cours du deuxième survol. Manifestement ce n'était pas un appareil anglais. Le transport des armes vers les caches se faisait en les dissimulant sous le tas de charbon de la camionnette de livraison roulant au gazogène, ses hôtes étaient aussi charbonniers. Elles étaient ensuite cachées dans de vieux bâtiments situés dans les jardins se trouvant sur la droite de la route de Fumel, près de l'ancienne piscine de Villeneuve. Ensuite le matériel était réparti.

Pour leur annoncer un parachutage la radio de Londres diffusait des messages contenant la phrase "ils nagent sous l'eau" suivie du code "S.-.-".

Parmi les personnes qui s'occupaient de la récupération des parachutages, il y avait le directeur de l'établissement scolaire que fréquentait Pierre. Ainsi, quand il rentrait au petit matin et n'était pas forcément à l'heure pour reprendre les cours, il pouvait compter sur le mot d'excuse du Directeur. Cela permettait de ne pas éveiller les soupçons. Il y avait dans sa classe des individus qui appartenaient à la milice de Vichy. Parmi eux, un certain PERIBERE, celui-là même qui assassina Pierre DENUEL (du groupe "SOLEIL") au cours d'une mission de reconnaissance dans le villeneuvois.

Pierre se souvient de son inexpérience concernant les armes. Les grenades et les détonateurs étaient reçues dans des containers séparés. Ainsi, au milieu d'un bois devant deux cent grenades en tas, les voila chargés de reconstituer ces bombes sans aucune instruction. Pierre ayant remarqué qu'il y avait une pièce qui se dévissait et laissait apparaître un logement dans lequel il pouvait insérer l'amorce fit passer la consigne à ses compagnons pour armer chacune des grenades.

Cette inexpérience fut vite comblée par l'instruction fournie par d'anciens militaires du groupe ainsi que par la simplicité de mise en oeuvre du matériel comme les Colts ou les mitraillettes Sten. Les fusils mitrailleurs étaient plus complexes se souvient Pierre : c'était un vrai puzzle.

Pierre MONTES s'occupait aussi d'établir de fausses cartes d'identité destinées principalement aux réfractaires du S.T.O. et aux juifs. Elles étaient réalisées à partir de formulaires officiels récupérés après avoir incendié une mairie dans les Pyrénées. A l'époque, c'étaient les mairies qui délivraient les cartes d'identité. il en avait deux pour franchir la ligne de démarcation. Il présentait une carte de chaque côté. Il se rendait chez son oncle, percepteur à Sauveterre-de-Guyenne, près de la ligne en zone occupée, et profitait de l'occasion pour porter des messages. Son nom d'emprunt était "MONTEREAU". Grâce à ces cartes, Il a put aider une famille juive de Dausse. Après la guerre, ses recherches lui ont permis de retrouver une autre partie de cette famille aux USA.

Son frère, Charles, fut expédié en Allemagne mais il profita de sa première permission pour s'évanouir dans la nature et rejoindre le maquis. Ceci rendait périlleuse la situation de Pierre. Il avait imaginé une voie de dégagement au cas ou les autorités vichystes étaient venues le chercher. Il enjamberait la fenêtre pour fuir par le toit voisin de sa chambre d'étudiant en emportant la valise contenant ses armes servant de protection lors des parachutages.

Lui et ses compagnons du même âge étaient motivés par un fort sentiment patriotique qui pouvait les conduire à commettre des actes de résistance dont l'issue pouvait être fatale, mais ils n'en avaient pas conscience. A dix-huit ans, on ne meurt pas !

Le destin de Pierre MONTES bascula au moment ou intervint le débarquement en Normandie. Son engagement antérieur ne pouvait pas le tenir éloigné des opérations à mener pour neutraliser les voies de communications. Il lui fut impossible de passer le baccalauréat dans des conditions normales. Comme il était lâché dans la nature, on organisa pour lui et ceux qui étaient dans son cas un traitement particulier pour qu'in ne perde pas son année scolaire. Mais le rêve de Polytechnique s'éloignait dangereusement. Lire la suite...

Interdiction absolue de pénétrer dans l'enceinte de la carrière Ne pas franchir les barrières :

Danger de mort !

Total :4,9 km - Environ 9 min

Sources :

1 - Archives départementales 149 J - CG47

2 - Les Cahiers de la Résistance - page 100

3 - Les Cahiers de la Résistance - page 102

Vue aérienne de l'entrée de la carrière

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