SIGMARINGEN de PIERRE ASSOULINE
C’est sur ce livre là que nous avons débattu mardi 13 décembre .
Nous avons d’abord salué le retour de certains lecteurs absents depuis quelque temps et déploré l’absence d’autres à qui nous souhaitons une meilleure santé .
Puis les débats ont démarré.
Plusieurs d’entre nous , connaissant Assouline comme journaliste voulaient le connaître comme romancier et ont donc été attirés par le nom de l’auteur .
L’œuvre est assurément facile à lire. L’écriture est limpide non dénuée d’humour parfois.
Mais elle a été peu appréciée comme roman historique même si quelqu’un a parlé de la minutie de l’historien . Pour la plupart, l’époque était connue .. et même douloureusement connue . Seul le nombre impressionnant de réfugiés a surpris .
L’œuvre a été plus appréciée comme roman…… quoique !
Certains ont accusé l’auteur de plagiat . Au vu de la longue liste de « reconnaissance de dettes » en fin de livre , on veut bien croire qu’Assouline sait bien qu’il n’écrit pas une œuvre originale . Films et autres romans ont déjà évoqué cette situation .
Cependant , beaucoup ont aimé ce livre ; Et cela pour deux raisons : le personnage du majordome et l’ambiance , l’atmosphère qui régnait dans le château .
Que des personnages comme Pétain ou Laval et les autres se livrent à de petites mesquineries durant leur séjour peut faire rire (jaune) ou ulcérer : la distribution des chambres dans les étages , l’utilisation de l’ascenseur , les allées et venues des uns et des autres bien réglées pour qu’il n’y ait pas de rencontre ...Quelle dérision alors qu’ailleurs on se meurt et que la fin est proche pour tous !. Mais jusqu’au bout ils tiennent à leurs privilèges et à (se) faire croire à leur importance. Pourtant à l’abri , ils étaient en guerre entre eux , une guerre poisseuse, sournoise.
Et à travers le personnage du majordome on peut connaître la différence d’ambiance entre l’avant avec la famille du prince de Hohenzollern et leurs savoir-vivre et le maintenant avec les français et leur manque de bienséance et de culture .
Et puis il y a Julius , le majordome, le narrateur. Il a énervé certains lecteurs par son côté omniscient , par sa grandiloquence mais il a fait l’admiration des autres . Il joue à merveille son rôle de chef du personnel , de neveu attentif à son vieil oncle , d’amoureux réservé (très) , il peut servir des personnages très différents avec le même respect, avec tact et tactique.
A travers ce personnage , se posent plusieurs questions presque philosophiques : Obéir malgré ses convictions intimes ? Nier sa culture pour ne pas déroger à son rôle ? Être à la fois majordome et passionné de musique ? Ëtre un allemand mais se sentir différent des autres allemands ? Etre donc complice ?
Des échanges donc , comme toujours intéressants d’autant plus que nous étions nombreux ce mardi autour de la table .
Voici ce qui est ressorti de nos échanges mardi 13 décembre autour de SIGMARINGEN de Pierre ASSOULINE
Ont par ailleurs été conseillé pour une lecture individuelle
Primo Levi : La trève
Truman Capote : De sang froid
Marc Dugain: L'insomnie des étoiles
Patrick Modiano : La Place de l'Etoile
Pour la suite de nos rencontres , nous avons opté pour la littérature de l'Inde et avons choisi pour mardi10 janvier: UNE SIMPLE AFFAIRE DE FAMILLE de ROHINTON MISTRY
(livre de poche 30548 à 7€ 90)