Alain Knapp / Vaisseau

Portraits en dialogues

Janvier - Mars 2019

Alain Knapp : la révélation du portrait

Alain Knapp est connu et reconnu comme comédien, auteur, metteur en scène et pédagogue du théâtre. Il a dirigé l’école du TNS de 1983 à 1990 et a également enseigné à Lausanne, Paris et Montréal.

Depuis une dizaine d’années, ce « théâtreux », par ailleurs collectionneur passionné et avisé, s’est piqué de devenir également peintre. L’exposition qu’il nous propose ce trimestre à l’ARES montre à quel point il a réussi et dépassé aujourd’hui ce pari audacieux.

Travail et exigence

Une telle ambition a nécessité une somme de travail considérable – et sans doute de nombreux repentirs et remises en question - pour aboutir à un résultat aujourd’hui artistiquement indiscutable. On devine de très longues heures en atelier à développer l’intensité du regard, la maîtrise technique, l’économie des moyens et la justesse du geste.

Et le résultat est là : trouvailles graphiques, maîtrise des lavis et des réserves de blanc, resserrement de la palette, variété des formats et des techniques... Tout cela au service d’un regard original et d’une dimension expressive – et parfois symbolique – très exigeante.

Alain Knapp a longtemps signé ses travaux plastique d’un pseudonyme : « Vaisseau ». Cela lui permettait de garder une distanciation par rapport à ses activités théâtrales et facilitait également une installation sereine dans cette longue, et sans doute jubilatoire, « période d’apprentissage ».

Cette période est désormais arrivée à son terme et il peut aujourd’hui, sans conteste et sans hésitations, proposer cette exposition impressionnante sous son véritable nom.

L’art du portrait

La quasi-totalité des œuvres proposées à l’ARES sont des portraits. Les formats et les techniques sont variés (acrylique, gouache, fusain, crayon ...)

Il s’agit de personnes proches ou de personnages de rencontres. Certaines têtes reviennent plusieurs fois et sont retravaillées en séries sous formes de variations prolifiques et débordantes, à la recherche de l’intériorité d’un sujet toujours en fuite.

Certains personnages sont manifestement des « gueules », marquées par le temps et par des vies difficiles et choisies pour l’évidente intensité de leurs vécus. Ils sont représentés avec une volonté de réalisme documentaire enrichie d’une volonté expressionniste dans la représentation. Cette tension expressive est cependant atténuée par la bienveillance - et parfois la complicité – du regard de l’artiste.

Mais qu’il s’agisse de portraits de proches ou de portraits de personnes marquées par la vie, c’est bien un travail sur l’intensité des regards qui résume ces concentrés d’humanité. Et tout ceci sous le regard acéré d’un – désormais – peintre.