Un peu d’histoire
Louis XIV, maître déjà de toute l'Alsace, sauf les villes de Mulhouse et de Strasbourg, décide d'annexer cette dernière, vu sa position stratégique. A cet effet, en septembre 1681, 30.000 soldats commandés par le baron de Montclar prennent position devant la ville.
Vu la disproportion des forces en présence (Strasbourg ne comptait à l'époque qu'environ 22.000 habitants), les autorités municipales comprend que toute résistance est inutile, et le 30 septembre 1681, les troupes du roi entrent dans la ville qui est désormais rattachée au royaume de France.
Le 23 octobre 1681, Louis XIV vient en visite et approuve la proposition de Vauban de construire une citadelle. Le rôle de cette dernière est double, faire face à une attaque extérieure, mais également asseoir l'autorité du roi face à une cité fraîchement conquise.
De plus, l'esplanade, glacis entre la ville et la Citadelle, relève directement du roi et échappe à l'autorité de la ville.
Les travaux, dirigés par Tarade, durent trois ans pour prendre fin en 1684.
La place de l'Esplanade (ex rond-point) et l'avenue Général de Gaulle se situent à l'ouest de l'ancienne citadelle, directement à l'emplacement des fortifications. A l'endroit de la place de l'Esplanade se trouvait un bastion. L'entrée principale de la citadelle, la Porte Royale, était située avenue de Gaulle (entre la Poste et la rue de Londres).
Pendant le siège de 1870, les troupes allemandes bombardent la citadelle. Cette dernière, non conçue pour faire face à une artillerie moderne, est en ruines. Ce qui reste de la citadelle, situé à l'intérieur du parc, représente environ un cinquième de l'enceinte de la fortification.
Sur l'espace à présent disponible, les autorités allemandes construisent des casernements, essentiellement sur le pourtour, dégageant au centre un immense espace désormais appelé Esplanade, d'une superficie de 6 ha.
Avec cette nouvelle configuration, l'avenue de Gaulle traverserait l'Esplanade en son milieu avec des bâtiments à chaque extrémité. A l'extrémité nord (angle avec la rue Vauban) on constate la présence d'une caserne affectée au logement des troupes et qui, sous la période française, après 1918, deviendra la caserne Largeau.
A l'autre extrémité, côté place, à l'angle de l'avenue de Gaulle et de la rue de Rome, les autorités allemandes ont installé les écuries et, à l'endroit de la Poste, il y avait un grand bâtiment couvert qui servait aux exercices. Ces bâtiments garderont leur affectation après 1918.
Avec l'opération Esplanade, on fait table rase. Les années 1962/1966 verront s'élever la plupart des résidences de cette partie de l'Esplanade avec l'inauguration du pont Churchill début 67.
De nombreux commerces et services, prendront place au bas des immeubles.
Restait en suspens la construction d'une grande tour là où se situe situait le square Heitz.
Ce projet fut annulé par le Tribunal Administratif en novembre 1982, grâce à l'intervention de l'ARES et de son président Jean-Marie Lorentz.
L'avenue de l'Esplanade changera de dénomination après le décès du général de Gaulle. Lors des cérémonies de l’anniversaire de la Libération de Strasbourg, le 22 novembre 1970, Pierre Pflimlin inaugure l'avenue du Général de Gaulle.
L'art a toujours été présent dans cette avenue, avec l'installation, dès le début, de trois œuvres de Hans Arp sur les espaces verts des résidences. Avec la venue du tram en 2000, les trottoirs se garniront de 18 socles aux couleurs primaires et 14 bronzes d'artistes contemporains viendront les garnir. Et si Athéna se situe place d'Athènes, elle est bien visible depuis l'avenue.
Les transports en commun font partie de l'histoire de l'Esplanade. Les premiers bus arriveront au rond-point en 1966 et le réseau s'étoffera jusqu'à l'arrivée du tram le 1er septembre 2000.
Mais dès 2000, on étudie déjà le prolongement de la ligne de tram vers le Neudorf avec la transformation du rond-point en place, la destruction du pont Churchill et son remplacement par un pont à plat reliant les deux quais du bassin.
Suite au changement d'équipe municipale et aux péripéties juridiques, ce projet prend un peu de retard. Après de nouvelles études, la réalisation finale, pour la partie Esplanade, ne s'éloigne pas beaucoup du projet original.
Les chantiers s'achèveront avec la fin des travaux de la nouvelle place et la mise en service des lignes de tram, vers Neudorf, prévue le 26 août.
Avec cette nouvelle configuration, la place de l'Esplanade sera le véritable centre du quartier, créant un réel lien entre ses habitants. Il nous faut juste espérer qu'à l'avenir elle sera toujours aussi belle et aussi propre et que les véhicules ne viendront pas déborder sur les espaces qui ne leur sont pas attribués.
Bernard Strub (ARES Flash - juin 2007)
- L'Esplanade 1945-1986 A. Andlauer
-XV. ARMEE-KORPS Standort Pläne 1912
- La Citadelle de Strasbourg R. Hutschka
- Archives ARES
UNE AVENUE, DEUX PARCS…
Sur 400 de long, l’avenue du Général de Gaulle, large comme l’avenue des Champs Elysées (75 m), aligne deux rangées d’immeubles de 35 mètres de haut.
L’ensemble monumental parait bien rectiligne avec ses façades à coursives superposées.
Cette uniformité n’est pas trop monotone car compensée par la présence de la station de tramway et celle de la perspective majestueuse sur la Faculté de Droit.
L’attrait véritable de l’avenue réside dans son parc-musée central avec ses 14 sculptures modernes (moins une), ses tables multicolores, ses nombreux bassins à fontaines et surtout son hectare de pelouses arborées.
A elle seule, l’emprise du tram offre 25 ares de végétation. Les espaces situés de part et d’autre devant les immeubles et entretenus par l’ASERE en accordent 37 ares chacun.
Mais ce n’est pas le seul parc de l’avenue. En effet, lorsqu’on parcourt les contre-allées
côté pair, les halls vitrés des entrées gigantesques laissent entrevoir des frondaisons à l’arrière des grandes barres.
Là, une série de squares transversaux successifs présente à son tour presque un nouvel hectare de verdure entre les immeubles et le campus universitaire tout en couvrant 200 places de parkings souterrains. Ces jardins, situés sur l’emprise des copropriétés, sont également entretenus par l’ASERE.
Ces espaces verts ouverts à tous les Esplanadiens font le bonheur des riverains et constituent deux véritables poumons d’oxygène.
Jean Perrin (ARES Flash - juin 2007)