La cité administrative

Des logements militaires à la Cité Administrative : un peu d’histoire…

Immédiatement après la signature, le 30 septembre 1681 à Illkirch, de l’acte de capitulation qui transférait Strasbourg à la couronne de France, l’ingénieur militaire Tarade entreprit la réalisation de la citadelle conçue par Vauban. L’acte autorisait également la Ville de Strasbourg à construire des logements pour les troupes de la garnison. Edifiés sur l’ordre du marquis de Louvois, ministre de la guerre, ceux-ci furent implantés à l’extérieur des fortifications urbaines, entre la ville et la citadelle, c’est-à-dire sur l’esplanade, au sens premier du terme dans le vocabulaire de l’urbanisme militaire. En raison de sa localisation, l’ensemble, qui formait, selon un auteur de l’époque, « un bel ensemble aux lignes sobres et aux vastes proportions », fut lui-même entouré d’un système fortifié destiné à le protéger d’une éventuelle attaque. On accédait donc à l’hôpital par un pont-levis qui enjambait un fossé ; ce dernier était alimenté par le Rheingiessen, bras du Rhin qui suivait le tracé des actuelles rues du Maréchal Juin et de Zurich, pour se jeter dans l’Ill, et avait par ailleurs servi à l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction de la citadelle.

Entamée en 1691, la construction de l’hôpital fut, en raison des guerres, menée en deux étapes : jusqu’en 1694, on édifia les ailes nord et ouest ; de 1736 à 1742 on réalisa le prolongement des ailes, les trois pavillons transversaux (dont un a disparu) et, dernière construction, moins haute que les autres, le corps d’entrée ouest en fer à cheval, avec son portail monumental orné d’un médaillon aveugle et d’un trophée d’armes.

Longues d’environ deux cents mètres, rythmées par des avant-corps, les deux ailes accueillaient, sur trois niveaux au nord et deux au sud, un total de neuf cents lits répartis dans de grandes salles de soixante à quatre-vingts lits. Percés d’un passage, reliés aux ailes par des galeries à l’étage, les pavillons transversaux abritaient divers services (cuisines , tisanerie, pharmacie, laboratoire) ; celui de l’ouest a conservé son clocheton.

Dès les débuts de son existence, l’hôpital militaire hébergeait, en plus des services de soins, une école de sages-femmes. Y étaient en outre dispensés des cours d’anatomie, de chirurgie et d’obstétrique ; cette fonction d’enseignement fut confirmée par le 30 décembre 1814 par une ordonnance impériale qui en faisait un des quatre hôpitaux d’instruction de France.

En 1843, la menace que les eaux stagnant dans les fossés faisaient peser sur la salubrité publique motiva la suppression de ceux-ci, mais non du Rheingiessen. Quelques années plus tard, de nombreux malades hospitalisés ayant développé le paludisme de manière inexpliquée, une enquête fut diligentée, qui révéla que la maladie était transmise par les moustiques qui pullulaient dans le Rheingiessen ; celui-ci fut donc comblé vers 1874.

L’hôpital militaire conserva son affectation entre 1871 et 1918, ne faisant l’objet que de rares modifications. En 1919, dans le cadre du retour de l’Alsace à la France en vertu du traité de Versailles, l’hôpital prit le nom d’un médecin militaire qui y fut instructeur : Gaujot.

De 1940 à 1944, durant la période d’annexion de fait de l’Alsace à l’Allemagne hitlérienne, l’hôpital devint un centre sanitaire pour prisonniers russes.

Strasbourg fut libéré le 23 novembre 1944, mais il fallut attendre la fin du mois d’avril 1945 pour voir les administrations civiles réintégrer la ville sinistrée. Leurs anciens locaux ayant été détruits, elles s’installèrent dans des bâtiments d’habitation libérés par le départ de l’occupant, pour une superficie totale supérieure à vingt mille mètres carrés, ce qui émut l’opinion du fait que huit mille familles étaient sans logement ; à cela s’ajoutait la nécessité de loger des administrations nouvellement créées. MM. Cornut-Gentille et Bollavert, respectivement préfet du Bas-Rhin et commissaire de la République, décidèrent de « créer dans un immeuble ou groupe d’immeubles existants, non susceptibles d’être utilisés comme habitation, un centre administratif, qui rassemblerait les Services d’Etat, départementaux et communaux disséminés dans la ville ». En raison des surfaces nécessaires, le choix se porta sur l’hôpital Gaujot, que le gouverneur militaire mit à la disposition de l’Administration civile, ce qui devait entraîner le transfert de la fonction d’hôpital militaire au Neuhof avec la création de l’hôpital des armées Lyautey – affectation qui a aussi changé depuis la réforme de l’armée française.

L’entretien des bâtiments ayant été négligé depuis 1918 (la présence de parasites imposa, par exemple, l’utilisation d’acide cyanhydrique, un gaz de combat !), des travaux considérables furent nécessaires pour rénover totalement l’ensemble ; ils furent menés à bien du 15 septembre 1945 à juillet 1946, grâce au recours à des prisonniers de guerre pour le déblaiement et à une direction du chantier énergique (il arriva que cinquante entreprises travaillent simultanément). Les budgets étant très serrés, on alla même jusqu’à récupérer certains éléments en provenance d'Allemagne. Certains services n’attendirent même pas la fin des travaux puisque, dès février 1946, le service des statistiques de l’Economie nationale, ancêtre de l’INSEE, s’installait dans ses locaux.

L’ancien hôpital militaire, dont la mémoire est conservée dans le nom de la rue sur laquelle s’ouvre le portail principal, fit place à la Cité Administrative ; celle-ci accueillait, sur 15.500 m² de bureaux et 5.500 m² de couloirs, vingt-trois services départementaux et régionaux relevant de plusieurs ministères, soit environ douze cents agents – pas toujours enthousiastes à l’idée de devoir travailler à distance du centre ville…

Jean-Pierre Beck (Ares Flash - Février 2005)


Sources:

NN., Historique, s.l.n.d. (avant 1963).

ECREMENT (D.),« Chroniques » in La Passerelle. Journal de la DDASS du Bas-Rhin, N° 3, 1993.

TOURSEL-HARSTER (D.), BECK (J.-P.), BRONNER (G.), Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, 1995.

Renseignements fournis par la Direction Départementale de l’Equipement.

La cité administrative (ancien hôpital militaire) a été inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 12 octobre 1929 pour les parties suivantes : façades et toitures du pavillon d’entrée, façades sur la cour d’honneur des bâtiments nord et sud et du pavillon de l’Horloge.

LA CITE ADMINISTRATIVE AUJOURD’HUI

Rénovation de 2010

La Cité Administrative Gaujot est située sur un terrain de 3,5 hectares, appartenant à l’Etat.

Les surfaces disponibles sont actuellement de :

Bureaux 20.210 m²

Locaux communs 10.375 m²

Locaux en travaux 4.437 m²


Dans les 15 bâtiments, modernes, anciens, réhabilités ou en projet de réhabilitation, on recense, à ce jour, une foule de services de l’Etat (ou assimilés), et par conséquent des centaines d’agents qui viennent y travailler.

Certains de ces services sont ouverts au public, d’autres non


  • Association de Gestion du Restaurant de la Cité Administrative (AGRICAS)
  • Centre d’Information et d’Orientation
  • Centre Régional de Formation de la Police Nationale
  • Commission Départementale de l’Education Spécialisée
  • Prévention Routière
  • Délégation Générale pour l’Armement – Service de la Qualité
  • Préfecture Secrétariat des Commissions Médicales des Permis de Conduire
  • Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt du Bas-Rhin
  • Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales
  • Services Généraux
  • Direction Interdépartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
  • Direction Régionale de l’Office National des Forêts
  • Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse et des Sports
  • Direction Régionale de l’Agriculture
  • Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
  • Fondation Entente Franco-Allemande
  • Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE)
  • Fédération Régionale de Défense contre les Ennemis des Cultures en Alsace
  • Mission Interministérielle d’Inspection du Logement Social
  • Limitation de la Nuisance due aux Moustiques
  • Service de la Navigation de Strasbourg
  • Direction de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Nombre total d’agents : 612


Dans la Cité Administrative, se trouvent également 352 places de stationnement pour les voitures.

200 en extérieur +152 sur deux niveaux, dans le parking souterrain (crée en 1989).

Actuellement, il n’y a pas de problème de stationnement, le parking n’est jamais plein, depuis le départ de la Police Judiciaire. Par contre, la situation évoluera lors de l’arrivée des Services de l’Agriculture fin 2006 (voir plus loin) et en cas d’extension du stationnement payant à la Krutenau et éventuellement à l’Esplanade.

A noter également la présence du Restaurant Inter-administratif (env. 570 repas/jour), géré par l’AGRICAS ; la restauration est assurée par une société de restauration collective.

En plus des agents de la Cité Administrative, il est également ouvert aux agents des autres administrations de l’Esplanade.

Ces derniers sont d’ailleurs majoritaires :

40% Cité Administrative,

60% extérieur (essentiellement CNRS).

Les Services Généraux assurent la gestion administrative et technique de tous les bâtiments.

Ils gèrent les budgets de fonctionnement et d’investissement.

L’incendie – intrusion – électricité – ascenseurs – chauffage – ventilation – climatisation sont pilotés et surveillés par une gestion technique centralisée, et cela 24 h sur 24 et 365 jours sur 365.

Depuis 1973, la rénovation de la Cité Administrative est à l’ordre du jour et un lifting est réalisé en 1976 (ravalement de façades, modernisation des sanitaires, changement de gouttières, encadrement de portes, fenêtres, révision chauffage et électricité). Par la suite il n’y aura pratiquement plus de travaux d’amélioration.

En 1979, le Secrétariat Général au Gouvernement décide de lancer une opération de réhabilitation de la Cité Gaujot. Par conséquent, on abandonne une idée, née en 1963, qui consistait dans la construction, au Wacken, d’une grande Cité Administrative de 39.000 m² pour 2150 agents et regroupant tous les services administratifs.

En 1980, la Cité Administrative abrite 1120 agents pour 16.170 m² de bureaux.

Désormais, il s’agit de remettre en valeur le patrimoine existant, sans toutefois exclure la possibilité d’adjonction de nouveaux éléments ou la suppression de tout ou partie de certains bâtiments.

C’est dans cet esprit que seront réalisés les travaux successifs.

Dans un premier temps, on décide de réhabiliter le Restaurant Administratif. Travaux effectués en 1985 et 1986 avec inauguration des nouveaux locaux en octobre 1986.

En ce qui concerne les bureaux, après des lenteurs administratives (les premières études ayant été lancées en 1980 !), on démarre enfin une première tranche en 1987 avec adjonction d’un parking souterrain.

Deuxième tranche en 1992, avec entre autres la construction du bâtiment de l’INSEE, suivie enfin, en 2000, par une troisième tranche de réhabilitation.

La quatrième tranche est en cours.

Après le départ de la Police Judiciaire, il a été décidé de procéder à la réhabilitation des grands bâtiments laissés vacants et d’y héberger tous les services de l’Agriculture et de la Forêt actuellement disséminés en ville.

Sous l’autorité de la DDE, les travaux débuteront début 2005, pour se terminer au cours du second semestre 2006.

Cette opération amènera environ 120 agents supplémentaires, ce qui risque de poser quelques problèmes de stationnement.

Sera également réhabilité, dans la même opération, le petit bâtiment transversal au fond de la cour qui abrite des bureaux de la DDASS et de la DRASS.

Il restera alors encore à refaire tous les bâtiments de la cour d’honneur à laquelle on accède par le pavillon d’entrée.

Remerciements à :

M. André Peter, Régisseur de la Cité Administrative Gaujot

M. Christian Nicolier de la DDE pour leur aimable et précieuse collaboration.

Bernard Strub (Ares Flash - Février 2005)