Basse-Navarre XVII ème

Les Ecus de Navarre frappés à Saint-Palais

1. Contexte historique

Navarre et Basse-Navarre

Au moyen-âge, la Navarre est un important royaume du nord de l'Espagne qui atteint son apogée au quatorzième siècle.

En 1351, Charles II de Navarre décide la construction d'un atelier monétaire, dans sa province d'Outre-Pyrénées : la Basse-Navarre.

Il compte ainsi y développer l'économie et le commerce dans la région.

Cet atelier situé à Saint-Palais fonctionnera jusqu'en 1672.

Entre temps, l'essentiel de la Navarre, au sud des Pyrénées, aura été prise en 1512 par Ferdinand le catholique, roi d'Aragon. Ferdinand intégrera la Navarre à la couronne de Castille dont il est le régent.

Seule la Basse-Navarre, petite région du Pays-Basque français autour de Saint-Palais et Saint-Jean-Pied-de-Port, restera sous le contrôle de la maison d'Albret et de Foix-Béarn ; maison qui conserve ainsi le titre de roi de Navarre.

Henri III de Navarre devient Henri IV de France

C'est ainsi, grâce à la Basse-Navarre, qu'Henri de Bourbon, héritier des maisons d'Albret et de Foix-Béarn, succédant à son père, devient roi de Navarre en 1572 sous le nom de Henri III de Navarre.

Henri III de Navarre a également les titres de duc de Bourbon, Vendôme, Nemours et d'Albret, de comte de Foix, Bigorre, Armagnac et Périgord, et vicomte de Béarn et Limoges, fiefs du Royaume de France qui, au seizième siècle, ne font pas encore partie du domaine du roi de France.

En devenant roi de France en 1589, sous le nom de Henri IV de France, Henri devient roi de France et de Navarre, comme le seront ses successeurs, de Louis XIII jusqu'à Charles X.

En 1607, Henri IV lorsqu'il réuni ses fiefs.au domaine royal, il décide de ne pas n'y incorporer ni la Navarre, ni le Béarn.

Il faudra attendre 1620, et l'édit de Pau ordonné par Louis XIII, pour que la Navarre soit unie au Royaume de France et qu'elle soit incorporée, avec le Béarn, au domaine royal.

Le système monétaire de l'Ancien Régime

La livre est l'unité de compte

A cette époque, la monnaie utilisée en France (et en Basse-Navarre) est la Livre Tournois.La livre se divise en 20 sols. Le sol (aussi appelé sou) se divise lui même en 12 deniers.

Les pièces de monnaies ne sont pas libellées en livre

Les pièces de monnaies de plus grande valeur sont des monnaies d'or. Ensuite il y a des monnaies d'argent. Les monnaies divisionnaires de faible valeur sont en billon et en cuivre.

Sous l'Ancien Régime, la valeur en livre d'une pièce de monnaie n'est pas libellée sur cette pièce : c'est le roi qui fixe le cours des pièces de monnaies.

Ainsi la pièce en argent dite "1/4 d'écu" fut introduite en 1580 sous le règne d'Henri III de France. Elle pesait officiellement 9,712 grammes d'Argent. Elle valait 15 sols, l'Ecu d'or valant 3 livres.

En 1602, sous Henri IV, le cours du "1/4 d'écu" passe à 16 sols. Sous Louis XIII, en 1636, son cours passe à 20 sols, puis à 21 sols en 1641.

Le cours de la pièce "1/8 d'écu" suit la même variation : de 7 sols et 6 deniers en 1580, à 8 sols en 1602, puis 10 sols et 6 deniers en 1641.

C'est comme cela que la livre dévalue au fil du temps.

Sous Louis XIV, le "1/4 d'écu" change de poids. Les pièces fabriquées au marteau jusqu'en 1652 à Pau sont remplacées par des pièces plus légères en argent.

Ainsi le "1/4 d'écu" frappé au balancier à partir de 1643 à Paris (mais seulement à partir de 1650 à Pau et 1652 à Saint-Palais) est plus léger : il pèse seulement 6,862 g d'argent.

Son cours officiel est de 15 sols.

Logiquement le cours du "1/2 écu" frappé au balancier à partir 1643 à Paris (1650 à Pau et 1652 à Saint-Palais) est de 30 sols

Il en est de même pour l'écu d'argent qui apparaît en 1643 à Paris (1650 à Pau et 1652 à Saint-Palais) qui a un poids de 27,45 g et un cours légal de 3 livres (= 60 sols).

Pendant le règne de Louis XIV (1643-1715) le poids des écus d'argent est maintenu (à quelques exceptions locales près). Toutefois, le cours de ces monnaies change pour passer de 3 livres selon l'édit de 1641 (17,45 g d'argent) à 4 livres en 1704 pour des écus du même poids.

Sous Louis XV, un édit de 1726 fixera le poids du nouvel écu à 29,488 g d'argent pour un cours de 6 livres tournois, ce cours se maintiendra jusqu'à la révolution française.

Les monnaies royales du Béarn et de Navarre

Sur le plan numismatique, l'arrivée de la (Basse-) Navarre dans le domaine du royaume de France amène des pièces d'écu originales.

En effet, alors que dans la plupart des provinces françaises on frappe des écus avec les armes de France, à Saint-Palais (en Basse-Navarre) les écus représentent les armes de France et de Navarre.

La province de Béarn fait exception, elle aussi. Sur les écus frappés à Pau et à Morlaàs (en Béarn), les écus représentent les armes de France, Navarre et Béarn.

Les écus de Navarre et leurs divisionnaires cessent d'être frappés après 1672, avec la fermeture de l'Atelier de Saint-Palais.

L'atelier de Pau reste ouvert jusqu'en 1791. Toutefois après 1709, on cessera de représenter les armes de France, de Navarre et Béarn sur les monnaies frappées en Béarn.

A partir de 1726, sous Louis XV, on trouvera bien des Louis d'Or représentant les armes de France et de Navarre. Des écus d'argent dits « de France-Navarre » seront également émis en 1718. Il ne s'agira alors plus de monnaies spécifiques au Béarn ou à la Basse-Navarre.

Frappées par tous les ateliers de France, ces monnaies signifieront simplement que le roi s'affiche plus visiblement, dans tous le Royaume, comme roi de France et de Navarre.

2. Les écus d'argent frappés à Saint-Palais

Si des pièces divisionnaires d'argent de l'écu d'or étaient frappées en Basse-Navarre sous Henri IV et Louis XIII (des 1/4 d'écu, des 1/8 d'écu et des douzains), il faudra attendre la création de l'écu d'argent en 1641, l'avènement de Louis XIV en 1643 puis encore 10 ans pour que les premiers écus de Navarre en argent soient frappés à Saint-Palais.

Les pièces ci-dessous correspondent au deux types frappés à Saint-Palais:

L'écu de Navarre à la mèche longue frappé de 1652 à 1662 :

<Image1>

L'écu de Navarre au buste juvénile frappé de 1664 à 1671 :

<Image2>

L'atelier de Saint-Palais ferme définitivement en 1672.