La traduction a pour but de rendre compréhensible un texte écrit dans une langue ( langue source) dans une autre langue (langue cible). Il est important de garder à l'esprit qu'il s'agit de passer d'un système linguistique et culturel à un autre et qu'il ne s'agit pas de calquer mot pout mot. La traduction littéraire présente un autre défi : le respect du style / registre... Il ne suffit pas de retranscrire le sens mais aussi de "faire passer" l'écriture de l'auteur. In fine, il faut que le texte cible soit lisible et ait l'air naturel. En version, posez-vous la question de l'authenticité de la langue à laquelle vous êtes arrivés ( " Est-ce que cela a du sens et sonne naturel dans ma langue maternelle ?"). Dans une mauvaise traduction, on peut deviner le texte source derrière le texte proposé par le texte cible. C'est pourquoi la traduction est un exercice rigoureux, un "exercice de corde raide".
Les italiens ont une expression intéressante : "Traduttore, traditore " : traducteur, traitre... Traduire c'est peut-être nécessairement trahir, mais il faut essayer de faire en sorte que la trahison soit la moins visible possible. Trahir avec élégance... Les deux écueils principaux sont les traductions qui collent trop au texte source et sentent le calque ou, au contraire, la réécriture "personnelle" du texte qui prend trop de libertés avec celui-ci.
Ne jamais laisser de blancs (mots/segments de phrase non traduits). Un jour de concours, cela vous coûtera très cher...aussi cher qu'au candidat qui aura fait la plus grosse faute sur le mot / passage que vous n'aurez pas traduit. Essayez de toujours trouver une traduction et aidez-vous du contexte pour trouver quelque chose qui ne soit pas aberrant. Faites une hypothèse, un choix.
La façon la plus commune de noter aux concours repose sur un système de points-fautes. Chaque erreur est sanctionnée par l'attribution de points-fautes dont la valeur varie en fonction de la gravité de la faute. La valeur des points-fautes est de 2 points, 4 points , 6 points, 8 points ou 10 points pour un non-sens. La meilleure copie est celle qui cumule le moins de points-fautes et la plus mauvaise celle qui en a le plus. Ceci donne un cadre pour échelonner la notation des autres copies.
Première lecture : Avant toute chose, lire le texte à traduire dans son intégralité. Ne surtout pas se lancer dans la traduction des premières lignes avant d'avoir pris connaissance de tout le texte. Des éléments qui vous semblent obscurs en début de passage peuvent être éclairés par le contexte général du texte. Vous pouvez, en revanche, faire des repérages de base lors de cette première lecture. Concentrez vous sur les noms de personnes, les lieux etc... Ne sous-estimez pas non plus l'apport d'informations que peuvent apporter le titre du roman dont l'extrait est tiré (que l'on ne traduira pas) , le nom de l'auteur (que vous connaissez peut-être) et son origine géographique.... Tous ces éléments vous aideront à comprendre le texte dans son ensemble et donc à éviter les contre-sens.
Deuxième lecture : Cette deuxième lecture vous permet de relever / surligner le vocabulaire inconnu. Vous pouvez également repérer les passages qui vous posent problème. En cas de phrase longue et complexe, vous pouvez à ce stade vous livrer à une analyse syntaxique : repérez la forme verbale ; chercher les mots qui peuvent en être le sujet etc...Vous pouvez aussi repérer la structure et les parties du texte, les parallèles, les répétitions (souvenez-vous que l'anglais tolère la redondance alors que le français la considère comme une faute de style). Repérez également le ton du texte et le registre de langue. Pour les mots repérés comme posant problème, essayez d'en inférer le sens à partir du contexte de la phrase et du texte en général. Rédigez au brouillon un premier projet de traduction (premier jet) en sautant des lignes afin de permettre des notes et accolades lorsque vous hésitez entre plusieurs traductions. En revanche, il vous faudra impérativement opérer un choix avant votre version finale ; jamais plusieurs possibilités sur la copie que vous rendrez ! Pour cette étape, vous pouvez laisser des blancs pour ce qui vous semble encore difficile à traduire. Ce premier jet ne constituera que le "squelette" de votre traduction.
Troisième lecture : Vous allez à présent retravailler sur votre premier jet : voyez si certaines traductions peuvent être reformulées différemment dans la langue cible. C'est aussi l'occasion de retravailler votre expression et de porter une attention toute particulière aux temps que vous avez choisis (il n'existe pas de correspondances systématiques entre les temps anglais et les temps français...). Une faute de temps est lourdement sanctionnée un jour de concours. Rédigez une traduction complète au brouillon. Il serait bon que vous révisiez vos conjugaisons françaises car même des temps aussi usités que le passé simple (le temps canonique du récit littéraire) fait souvent défaut... L'acquisition d'un Bescherelle, aussi rébarbatif qu’efficace, s'impose parfois.
Quatrième lecture : Vous relisez le texte source puis votre traduction afin de repérer d'éventuels décalages, faux sens.... En version, votre texte doit être écrit dans une langue française authentique. Les traductions que vous proposez doivent enfin toujours répondre aux règles élémentaires du bon sens. Eliminez les absurdités et non-sens. Recopiez votre version en écrivant toutes les deux lignes afin de laisser de la place au correcteur pour ses observations éventuelles.
Traduire ou ne pas traduire ?
On ne traduit pas :
– les noms de famille et prénoms. Peter Smith ne devient pas Pierre Forgeron....Les personnages littéraires gardent leur identité. On ne traduit pas les noms des personnages, même quand il existe un équivalent en français Ex: Peter= Peter/ Mary= Mary Les appellations Mr (.)/ Mrs (.)/Miss devant les noms se gardent en traduction littéraire (contexte anglo-saxon).
Ex: Mr Benn asked Miss Kenton to come.→Mr Benn convoqua Miss Kent
– le nom des rues. Baker Street ne devient pas rue Boulanger.
– Le nom des journaux : The Observer ne devient pas l'Obervateur.
On traduit :
– Les noms de lieu lorsqu'il existe un équivalent : "London" = Londres.
– Les unités monétaires sans les convertir : "$100" = cent dollars.
– On traduira les mesures et on les convertira au plus près. Le dictionnaire unilingue vous aidera. Attention, cependant à ne pas donner une conversion à la décimale près dans un texte littéraire. Il ne s'agit pas d'un texte scientifique. Exemple : "Three inches". An inch = 2.54. Ne pas traduire par 7,62 centimètres. Mais par 7,5 cm.
– Les titres de livres ou films ne seront traduits que s'il existe une traduction reconnue dans l'autre langue. Ex : " Gone with the Wind" = Autant en Emporte le Vent. Ou, dans l'autre sens : A la Recherche du Temps Perdu = "Remembrance of Things Past".
Principaux procédés :
– l'emprunt :Il consiste à employer dans une traduction un mot ou une expression de la langue source qui a été emprunté par la langue cible.On conserve le mot anglais tel qu'il est car il renvoie à un contexte culturel unique.
Ex : " I've never been to the City" = "Je ne suis jamais allé à la City" : ici, il s'agit du quartier des affaires à Londres. On ne traduit pas. Certains mots anglais sont par ailleurs intégrés dans la langue française et on ne cherchera bien sûr pas à les traduire : bulldozer ; week-end ….Certains emprunts sont des calques : ex : science-fiction.
– La transposition :Il s’agit de passer d’une catégorie grammaticale à une autre pour respecter les usages de la langue cible ou les différences lexicales"He is a medical student" = il est étudiant en médecine. On passe d'un adjectif à un nom. Ou encore : "You'll have to register before October begins" = Il faudra vous inscrire avant début octobre (on passe d'un groupe verbal à un groupe nominal) . "She merely nodded" = elle se contenta d’acquiescer (on passe d'un adverbe à un verbe). "Do you happen to know if..." = "Est-ce que par hasard vous sauriez si..." (on passe d'un verbe à un adverbe)... Ici, on n'a pas le choix.He nearly got killed = Il a failli se faire tuer. (adverbe => verbe)For sale = A vendre (nom => verbe)
En revanche, parfois on peut garder la catégorie d'origine ou lui en substituer une autre. Ex : " He fears the concert may be cancelled" = il craint l'annulation du concert (on est passé d'un groupe verbal à un nom) / que le concert soit annulé.
– Le chassé croisé :Il s’agit d’une double transposition, puisqu’il y a à la fois changement de catégorie grammaticale et permutation syntaxique.Les "phrasal verbs" anglais (verbes à particule), d'origine saxonne, obligent bien souvent à opérer ce que l'on appelle un chassé-croisé. C'est souvent le cas, notamment, pour traduire les verbes de déplacement de cette catégorie. On opère une double transposition : changement de catégorie grammaticale et permutation syntaxique des éléments de la phrase.
Ex : "He swam across the river"= Il traversa la rivière à la nage."He looked around the room" = il parcourut / balaya la pièce du regard.
On emploie aussi cette double transformation dans les structures de type résultatif. Les structures résultatives permettent d'exprimer un rapport entre un moyen et un résultat.En français on envisage d'abord le résultat puis, on précise ensuite les circonstances dans lesquelles il a été obtenu.En anglais l'ordre est chronologique: l'action précède le résultat.
Ex : "She shook him awake" = elle le réveilla en le secouant. "She kicked the door open" = elle ouvrit la porte d'un coup de pied.
– La modulation :Il s’agit d’un changement de point de vue, encore une fois destiné à respecter les différences d’usage d’une langue à une autre.Pour faire simple, elle permet de traduire convenablement l'expression employée enchangeant de "point de vue".
Ex : "a wide range of educational activities" = tout un éventail d'activités pédagogiques. "Instant coffee" = café soluble. "No vacancies" = complet. "You're making a mountain out of a molehill" = tu fais une montagne d'un rien.
– L’équivalence : Il s’agit là de traduire une expression ou un concept spécifique à la langue source en trouvant un équivalent dans la langue cible.
Ex : La SPA = PETA (people for an ethical treatment of animals)Comme un chien dans un jeu de quilles = Like a bull in a china shop
Lorsque la traduction littérale est absolument absurde et aboutit à un non sens, on essaie de trouver un équivalent s'il en existe un. C'est le cas, pour les proverbes ou certaines expressions idiomatiques.
Ex : "It's the last straw (that broke the camel's back) = c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "You can't teach an old dog new tricks" = on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. "She remained cool as a cucumber" = elle est restée d'un calme olympien.
– L'étoffement :Ce procédé consiste à recourir à plus de mots dans la traduction en français; en effet, l’anglais est souvent plus concis que le français.Le passage d'une langue à l'autre nécessite des ajouts lexicaux pour une langue plus authentique ou même correcte.
Ex : "I picked up a magazine from the pile on the table."= Je pris un magazine dans la pile qui se trouvait sur la table. "I see", she said to no one in particular. = " Je vois" dit-elle, ne s'adressant à personne en particulier.
– Attention à la connotationIl s’agit de la valeur supplémentaire, affective et expressive, d’un mot, par opposition à son contenu purement conceptuel (dénotation). Les mots anglais politician, populace, routine, sont purement dénotatifs. A contrario, en français, politicien, populace, routine ont une connotation péjorative. Il faut passer à homme politique, peuple, procédure normale.