L'analyse économique de la pauvreté est aujourd'hui  à un moment charnière : si les approches multidimensionnelles ont acquis un certain niveau de reconnaissance dans les cercles universitaires et institutionnels, il n'en reste pas moins que les orientations de politiques économiques focalisent encore les programmes de lutte contre la pauvreté sur le seul aspect monétaire. Les raisons  principalement invoquées sont la facilité avec laquelle les analyses monétaires identifient les ménages pauvres ainsi que la mise en oeuvre rapide  des transferts de fonds envers les plus pauvres. Toutefois, il est aujourd'hui nécessaire de s'interroger sur l'efficacité du ciblage des populations en utilisant le seul critère monétaire. L'approche par les capabilités, en proposant un critère multidimensionnel pour évaluer le bien-être des individus permet de dépasser les limites inhérentes à une approche purement monétaire. Cependant, la question de la mesure des capabilités reste entière. Pour résoudre le problème de l'impossibilité de mesurer les libertés d'agir des individus, les chercheurs se tournent vers les fonctionnements accomplis (en d'autres termes les conditions de vie des individus). En ce sens, l'approche par les capabilités (ou par les fonctionnements accomplis) offre une alternative à la pauvreté monétaire. Il est cependant nécessaire de s'interroger sur l'intérêt empirique d'une mesure multidimensionnelle qui nécessite la mise en oeuvre d'outils méthodologiques et économétriques plus compliqués.

Dans cet optique j'ai entamé un travail de recherche, qui s'est concrétisé par une  thèse de doctorat portant sur les interactions (théoriques et empiriques) entre l'approche monétaire standard (la pauvreté est alors évaluée grâce au revenu des ménages) et l'approche non monétaire de la pauvreté, en utilisant l'approche par les capabilités et la littérature s'y référant. 

Je travaille également sur deux projets de recherche qui se concrétiseront par la rédaction de deux articles.

1- La question de la mesure de la pauvreté multidimensionnelle nécessite la mise en oeuvre d'une démarche méthodologique rigoureuse. Plusieurs étapes sont indispensables, de la sélection des domaines pertinents à la question de la quantification de la pauvreté, en passant par la création d'un indicateur de bien-être. Ma collaboration aux Observatoires de la Guinée maritime m'a permis d'utiliser les données récoltées pour mettre en oeuvre cette démarche. Je participerai en Novembre 2007 au colloque organisé par la Chaire Quételet de l'Université de Louvain-la-Neuve et présenterai un article co-signé avec David Leyle, géographe à l'Université de Bordeaux III, qui sera intitulé : "Mesurer la pauvreté multidimensionnelle dans un pays en développement : le cas des Observatoires de la Guinée Maritime"