N.B: Ces textes sont ceux qui ont été publiés. Ils ont été édités par les auteurs pour leurs audiences. Veuillez consulter les originaux dans les Archives Générales de la Société des Missionnaires d'Afrique à Rome (Italie)
Archevêché d’Alger,
L'Archevêque d'Alger pense qu'il serait très avantageux pour l'Algérie d'y fonder deux ordres religieux spéciaux, l'un d'hommes, l'autre de femmes, qui n'auraient pour but que l'agriculture et l'exercice de la charité envers les pauvres et les malades, et pourraient rendre ainsi les mêmes services que les Trappistes, avec une règle différente et plus douce qui leur permettrait de se prêter à tous les besoins de la colonisation . Ce projet a déjà été mis plusieurs fois en avant, et M. Troplong, président du Sénat l'avait pris officiellement sous son patronage. Il a toujours échoué parce que l'Évêque d'Alger précédent n'avait pas cru devoir le favoriser, et que l'autorité diocésaine seule peut fonder, surveiller et diriger une œuvre semblable.
L'Archevêque d'Alger est dans des dispositions toutes différentes. Il a déjà en mains tous les éléments de personnel nécessaires pour commencer cette œuvre ; mais les ressources matérielles lui font défaut. Il a recours à Sa Majesté l'Empereur pour lui demander s'il serait possible de venir en aide à la réalisation de cette pensée, soit sur les fonds fournis par la Société Algérienne , soit les fonds du Ministère de la Guerre. Il suffirait, pour commencer de créer les deux Maison-Mères qui serviraient de noviciat et de les doter d'un capital de trois cent mille francs, pour les constructions et ensuite pendant dix ans de vingt mille francs par an, pour chaque communauté, soit quarante mille francs par an en tout, à la condition toutefois qu'on pourrait leur assigner, comme on l'a fait pour les Trappistes, deux terrains convenables que l'État leur céderait directement ou indirectement.
Quant aux fondations ultérieures, les deux Ordres s'en chargeraient absolument, en traitant avec la Société Algérienne, qui aurait tout intérêt à les appeler dans tous les centres qu'elle désire établir, parce qu'elle y trouverait à la fois un exemple pour les colons, un secours pour les malades et les pauvres, et même, en cas d'alerte de la part des Arabes, une sauvegarde momentanée dans les communautés d'hommes qui seraient organisées militairement, d'après leurs constitutions.
Source: Ceillier, Jean Claude. Cardinal Lavigerie Anthologie de Textes Volume 1, 26-27.