LE POID DES NOTES.

Noter les élèves existe depuis longtemps. Que ce soit par les lettres ou par un pourcentage, ce moyen d’évaluer les jeunes dure depuis des décennies. Toutefois, a-t-on déjà pris conscience de ce que ces notes impliquent pour les étudiants? Quel fardeau elles représentent pour les élèves en difficulté comme pour les élèves performants? Voici donc mon avis sur ce sujet, moi, Maxine Joyal, qui fréquente l’école depuis bientôt douze ans.

Comme ça m’arrive souvent, j’ai eu l’idée d’écrire ce texte alors que je me trouvais sous la douche. Je repensais à un résultat obtenu récemment pour une de mes évaluations. Cette note me préoccupait beaucoup et j’en avais presque honte. Je me suis alors rendu compte de la futilité de ce tracas car ce n’est qu’un nombre sur un morceau de papier après tout. Je me suis aussi demandé : qu’est-ce que je peux faire de plus? Rien! Pour cet examen, comme pour tous les autres, j’ai fait ce que ma grand-mère dit souvent : « Fais de ton mieux et, ensuite, prie pour le correcteur! »

Donc, ce résultat me dérangeait. Pour y remédier, j’ai relativisé. Qu’est-ce qu’une note dans toute une vie? Elle influence grandement notre parcours scolaire et nos choix de carrière. Par contre, personne ne demande lors d’un premier rendez-vous amoureux : « Quelle a été ta moyenne en anglais pour la première étape de ton deuxième secondaire? » On pose des questions sur la personnalité de l’autre, sur ses préférences et ses passions. L’être humain est une créature sociable donnant et recevant de l’affection. Nous avons besoin de créer des liens pour survivre, pas d’avoir une moyenne de 96% en mathématiques!

De plus, notre bulletin ne reflète pas notre intelligence, mais plutôt notre niveau de compréhension de la matière. Nous devons garder en tête que nos notes sont influencées par plusieurs facteurs qui ne dépendent pas de nous comme la capacité du professeur à vulgariser sa matière, le niveau de difficulté des examens, la sévérité du correcteur, l’aide proposée aux élèves, etc.

Par ailleurs, il y a des sujets que nous comprenons mieux que d’autres. Nos cerveaux ne fonctionnent pas tous de la même façon, et heureusement! Ce serait ennuyant si nous étions tous pareils. Nous sommes tous plus performants dans un domaine que dans un autre. Comme l’a déjà dit Albert Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson par sa capacité à grimper aux arbres, il passera sa vie entière persuadé qu’il est totalement stupide. »


De surcroît, les sentiments vis-à-vis des notes sont complexes. Par exemple, en quatrième secondaire j’étais en mathématiques, option Sciences Naturelles (SN), et j’ai eu 67% lors d’un examen. Devinez quoi? J’étais vraiment heureuse parce que je passais! Maintenant, me voilà en train de me morfondre à cause d’un 88% dans une production écrite. Je me suis donc demandé pourquoi j’étais déçue d’une aussi bonne note. La réponse est simple : la pression. La pression de la part des autres élèves, des professeurs ayant eu vent de ma réputation de bonne étudiante et, surtout, de moi-même, pour être à la hauteur de cette réputation. Au fil des ans, nous sommes tous étiquetés par nos pairs : la bollée en maths, le bon en anglais, le meilleur de la classe, l’athlète performante, etc. Personnellement, j’ai eu deux étiquettes : celle de la bonne à l’école et, plus les années passaient, celle de la meilleure en français. Pourquoi suis-je maintenant meilleure en français qu’en mathématiques? Simplement parce que j’ai, oui, une certaine facilité à comprendre cette matière, mais aussi parce que je suis passionnée par cette langue.


Ainsi, j’apprends encore chaque jour à me délester de ce fardeau qu’est l’obsession des notes. Attention! Je ne vous dis pas que je me contente d’un 30%, loin de là, je dis simplement que j’accepte plus facilement mes notes plus basses. Je commence lentement à me défaire de cette pression et de ce jugement malsain envers moi comme envers les autres.


Ensuite, j’essaie aussi de ne pas faire l’erreur d’être envieuse, car le temps que je perds à observer les autres n’est pas consacré à atteindre mes objectifs.


Bref, ce texte s’adresse à vous, chers élèves, mais il est aussi pertinent pour le personnel enseignant qui, après toutes ces années, a peut-être oublié l’impact de ce nombre inscrit sur une copie, peu importe sa valeur.


En somme, lentement mais sûrement, j’évite de me comparer. Mes notes ne représentent pas qui je suis comme être humain et encore moins ce que je vaux. Nous valons tous 100% à notre façon.


Maxine Joyal