Être un professeur n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Un enseignant de l’école Jean-Raimbault a accepté de nous parler de son parcours et de sa réalité. Le prof du mois, sélectionné par notre journal l’Empreinte, enseigne le français en 5e secondaire. C’est donc sur Jean-François Champagne-Bélanger que notre choix s’est arrêté. Portrait d’un passionné de sa profession...
Pourquoi as-tu décidé d’enseigner?
« Honnêtement, je l’ai su très rapidement, dès l’âge de 13-14 ans. Lorsque j’étais en secondaire 2, à la fin des cours, à 4h, je restais quelquefois dans un local de classe et faisais semblant d’enseigner comme le prof. Très tôt, j’ai su que je voulais enseigner au secondaire, en français. »
Quel est ton parcours scolaire et professionnel?
« Je suis allé au cégep, ici, à Drummondville, pendant deux ans, en Lettres et Langues, maintenant appelé Arts et Lettres. J’ai donc appris l’espagnol et l’anglais, pour ensuite faire un baccalauréat de quatre ans en enseignement du français au secondaire à l’Université de Montréal. Puis, j’ai commencé en faisant de la suppléance et j’ai eu quelques contrats. Avant d’être permanent, ça m’a pris sept ans. »
As-tu une anecdote en lien avec l'école que tu voudrais nous raconter?
« J’en ai plein! Il y a une fois où j’ai dû enseigner toute la journée avec des lunettes de soleil parce que j’avais oublié mes vraies lunettes chez moi et mes lunettes de soleil ont de la force dedans. J’ai vraiment eu l’air d’un imbécile cette journée-là. »
Qu’est-ce qui te pousse à venir travailler tous les matins, malgré qu’il puisse y avoir des journées plus épuisantes que d’autres? Réussis-tu à le cacher aux élèves?
« J’ai une très grande capacité à ne pas laisser paraître ce qui m’arrive devant les jeunes. D’ailleurs, ce que j’aime beaucoup de mon métier, c’est justement quand je suis dans la classe avec les jeunes. Juste le fait d’être en classe me motive. C’est pour ça que j’aime moins l’enseignement en ligne. »
Quel est ton truc pour garder les élèves bien motivés?
« Pour moi, il y a l’humour et la relation humaine que je peux avoir avec l’élève, mais c’est aussi de dire aux élèves qu’il n’y a pas qu’un seul parcours. Ce n’est pas tout le monde qui va aller au cégep ou à l’université. Tu peux finir ton secondaire, faire un DEP et il n’y a aucun problème avec ça. Je n’ai pas de truc précis. C’est plus général. Il n’existe pas de baguette magique pour la motivation d’un élève. D’après moi, il faut que ça vienne de l’élève aussi. C’est parfois dur à régler si l’élève n’a pas envie d’être là. »
Quelles sont les qualités requises pour enseigner?
« Avant tout, c’est d’avoir un lien avec les jeunes. Tu peux être un expert dans ta matière mais, si tu n’es pas capable d’avoir un lien avec les jeunes, ça ne passera pas. Mais, si tu as juste une affinité avec les jeunes et que tu ne connais rien à ta matière, ce n’est pas mieux. Je pense que les ados ont besoin d’un contact, mais de quelqu’un de compétent aussi. Ça prend les deux. Si tu as un mélange de tout ça, c’est la formule idéale! »
Quel est ton pire défaut en classe?
« Moi, clairement, je parle beaucoup trop! Je n’ai aucun problème à parler et à perdre des minutes pour jaser de n’importe quoi. Pour certains, c’est un défaut parce qu’il y a des élèves insécures qui veulent aller tout le temps de l’avant et faire de la matière. Je suis très bohème. En fait, je sais toujours ce qu’on va faire, mais je ne sais jamais COMMENT on va le faire et combien de temps ça prendra. Même que, parfois, je préfère arriver et ne pas trop le savoir. Quand je m’organise trop bien, je vais trouver ça trop simple et m’éloigner de mon plan. Je sais où je m’en vais, en général, mais ça peut prendre n’importe quel chemin! »
Quelle est ta phobie?
« J’ai le vertige. Quand j’étais jeune, je n’avais pas peur des hauteurs, mais là, c’est incroyable comment j’ai développé cette phobie! »
-Océane Habashi
Océane Habashi ,journaliste