CONTRE LA CONCILIATION TRAVAIL-ÉTUDES
CONTRE LA CONCILIATION TRAVAIL-ÉTUDES
Environ 50% des jeunes du secondaire concilient études et travail. Même ici à Jean-Raimbault, plusieurs occupent déjà un poste à temps partiel. Or, il faut savoir gérer école et travail de façon raisonnable et équilibrée. Pour ma part, je m’estime capable de le faire et je me considère parmi les jeunes chanceux qui en ont la capacité, mais est-ce que tout le monde est capable d’obtenir de bons résultats tout en se rendant sur le marché du travail? Évidemment, je suis contre le fait de travailler tout en étudiant. Ça exerce une trop grande pression sur la santé mentale des élèves et il est difficile pour certains de rester à l’école, de ne pas être tenté de décrocher pour occuper un poste à temps plein sur son lieu de travail.
Premièrement, développons un peu plus le volet de santé mentale des adolescents. Malheureusement, plusieurs d’entre nous peuvent probablement s’identifier à l’anxiété et/ou à la dépression. Selon une enquête sur la santé des jeunes du secondaire faite pour la période de 2010 à 2011, 25% des élèves du Québec qui travaillent plus de 11 heures par semaine seraient en détresse psychologique de niveau élevé, De plus, environ 15% seraient diagnostiqués médicalement avec un trouble d’anxiété, de dépression ou d’un trouble de l’alimentation. Si on met les pourcentages en chiffres, pour 540 000 jeunes salariés, 129 000 adolescents souffrent de troubles de santé élevés et 81 000 souffrent de troubles mentionnés plus haut (anxiété, dépression, trouble de l’alimentation). Il est hors de doute que, pour certains, avoir un emploi est très important pour se payer des biens de consommation, mais il est important de prendre en compte les élèves pour lesquels le travail peut les impacter négativement sur le plan psychologique. Sans même qu’on le sache, plusieurs élèves de Jean-Raimbault pourraient être dans cette situation et c’est important d’en parler. Tout compte fait, la différence au niveau de la santé mentale des élèves qui n'occupent aucun emploi et des étudiants qui consacrent 11 heures et plus par semaine est significativement différente.
Deuxièmement, parlons de l’impact sur le pourcentage de décrochage scolaire causé par le travail. Évidemment, plusieurs élèves sont influencés par leurs emplois à laisser tomber leur secondaire pour se lancer directement sur le marché du travail. Selon l’enquête sur la santé des jeunes du secondaire, au Québec, environ 27% des étudiants salariés sont sujets au décrochage scolaire, soit 145 800 jeunes qui ont plus de chance de sortir de leur parcours scolaire en travaillant 11 heures et plus par semaine. Bien-sûr, le travail ne s’attaque pas seulement à la motivation des élèves, mais aussi à leur performance académique. 15% de nos jeunes travailleurs ont une performance scolaire en dessous de la moyenne à cause du temps qu’ils doivent investir dans leurs emplois, soit 81 000 élèves au Québec sur 540 000. Ce n’est pas tout. Qui dit motivation scolaire et réussite, dit sentiment d’appartenance à son école secondaire. On voit une baisse de 6% des adolescents, donc 32 000 personnes, qui ne croient plus aux bienfaits de leur école lorsque ces derniers commencent un emploi qui leur dérobe plus de 11 heures. En somme, lorsqu’on n’a pas la possibilité de pouvoir balancer ses heures de travail avec son étude, nous sommes parfois contraints de choisir l’un des deux. Dans le cas de ces 145 800 élèves susceptibles de décrocher, le choix était plus clair que pour d'autres. Ils iraient vers le marché du travail au lieu de continuer leur cheminement académique, parce que c’est un choix qui leur a été imposé au fil du temps.
Finalement, mon opinion est claire. Je pense que nous devrions accorder plus d’importance à nos études avant de plonger dans le marché du travail. À notre âge, il n’y a aucun doute que l’apprentissage devrait être une priorité, et ce, sans nuisance sur le plan mental et sans facteurs qui peuvent nuire à notre éducation. Et si la solution était un système de paie établi pour récompenser les élèves au bout de chaque année?
Mathys Duchesne