Les interactions humaines conduisent notre espèce vers six seuils de risque critiques, susceptibles de perturber les systèmes vitaux à notre survie. D'après le rapport 2023 sur les Risques de Catastrophes Interconnectées de l'Université des Nations Unies, sorti un mois avant la COP28, ces profonds et rapides bouleversements, initiés par l'homme, pourraient générer un désastre potentiel.
Ces "points de bascule de risque", nouvellement définis, matérialisent le moment où les systèmes indispensables à notre existence et à l'organisation de nos sociétés ne peuvent plus réprimander ce risque. Au sein des six "points de bascule interconnectés", figure une "incertitude assurantielle" symbolisant la menace que nos sociétés cessent d'opérer comme envisagé. Les autres risques partageant ce seuil critique incluent :
l’accélération des extinctions,
l’épuisement des eaux souterraines,
la disparition des glaces,
l’agglomération de débris spatiaux,
le réchauffement climatique.
Ces effets climatiques cités précédemment causent des dégâts toujours plus dévastateurs, contribuant considérablement à la Surenchère d'augmentation des primes d'assurance. D'après les rédacteurs du rapport, une fois ce point de non-retour franchi, les individus se trouvent dénués de sûreté économique en cas de catastrophe, ouvrant la porte à un effet domino de conséquences socio-économiques dans les régions à hauts risques.
Le coût d'une assurance est étroitement associé à la probabilité des dégâts provoqués par un sinistre. Le paysage des risques est cependant déformé par le changement climatique. On prévoit que le nombre de catastrophes intensives et courantes va doubler d'ici 2040 dans le monde, ce qui va inéluctablement rehausser les prix des assurances. Les dégâts provoqués par les catastrophes climatiques ont augmenté sept fois depuis les années 1970. En 2022 uniquement, les pertes économiques mondiales se sont accrues à 313 milliards de dollars. Dans les secteurs où les conditions météorologiques extrêmes génèrent de nombreux sinistres, les propriétaires ont noté une augmentation des tarifs d'assurance de 57 % depuis 2015. Néanmoins, certaines entreprises ont décidé de limiter le niveaux ou le type de dégâts couverts dans les zones à risque, en réaction à l'augmentation des pertes, voire d'annuler des contrats ou de quitter totalement le marché. Ces zones où l'assurance n'est plus disponible pour certains risques ou n'est plus offerte à un prix abordable sont qualifiées de "non assurables".
Cette situation périlleuse est exacerbée par l'importante densité de population dans certaines régions considérées comme menacées, touchant une proportion toujours croissante d'individus. Ces zones sont généralement ainsi désignées en raison de leur proximité avec le littoral, des rivières existantes, ou des vastes étendues sauvages sujettes à des phénomènes climatiques hasardeux. Ces zones menacées ne sont pas définies de manière fixe et peuvent s'étendre ou se déplacer suite à des catastrophes naturelles imminentes, comme des cyclones ou des incendies. Cette extension des zones menacées, en plus d'affecter le peuple y résidant, aggrave également la stabilité économique et sociétale des marchés immobiliers.
"Les répercussions sont cependant loin d'être uniquement économiques", soulignent les auteurs du rapport. "Le danger de l'inégalité se prononce car les individus financièrement aisés se distancient. Les personnes déjà vulnérables seront obligées de rester et devront affronter des incidents de plus en plus sévères sans assurance", précise le rapport de l'ONU. Les auteurs du rapport déplorent une solution traditionnelle à la problématique de la non-assurabilité qui se focalise surtout sur des interventions économiques, comme des subventions de l'état visant à préserver l'accessibilité financière. Selon eux, la réduction des risques fondamentaux qui ont augmenté de façon démesurée n'a pas été suffisamment considérée. Bien que l'assurance soit un outil primordial pour gérer l'incertitude liée aux risques, celle-ci montre ses limites quand les risques deviennent démesurément grands. Son efficacité est optimisée lorsqu'elle est associée à des mesures de réduction des risques. Il est mis en exergue que l'assurance ne doit pas être perçue comme une autorisation à demeurer dans des endroits périlleux.
Le rapport de l'université des Nations Unies invite à prendre en compte les modifications centrées sur les facteurs sociaux et environnementaux sous-jacents du risque. L'objectif étant de prendre des mesures avant que l'accès à une assurance vitale ne soit irréalisable lorsqu'il est le plus nécessaire.