Lettres adressées à  «l’Association Saint-Michelloise du Souvenir de Mai 1940 » les 21 juin et 13 septembre 2000  par Monsieur Henri DUDON, frère du sergent DUDON Bernard. 

Fiche 015.3

TROIS JOURS POUR SAUVER L’HONNEUR      

ASSOCIATION SAINT—MICHELLOISE DU SOUVENIR DE MAI 1940

Combats des 16, 17 et 18 Mai 1940

LES COMBATS OUBLIÉS

 UNE GUERRE ENTRE EUROPÉENS EST UNE GUERRE CIVILE. (Victor Hugo

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Henri DUDON                                                                               Bergerac, le 21 juin 2000.

7, rue Pozzi

34100 BERGERAC

 

                                                                                                       Monsieur Jacques RAGUET

                                                                                                                        

         Cher Monsieur,

 

         Je reçois votre important courrier comportant les états de services de mon frère Bernard et ne saurais assez vous remercier de votre délicatesse pour avoir, vous-même rédigé le texte des lettres à adresser à l’Administration Militaire. 

         Toutefois, ce que je déplore, c’est qu’il ait fallu 60 ans pour avoir ces renseignements et admire à la fois votre diligence pour les obtenir. 

         Je pense à la satisfaction qu’auraient pu en avoir mes parents ; mon Père, grand invalide de la guerre de 14, qui dès le début 1941 avait appris le décès de son fils ainé, Officier d’Infanterie, tombé à BRIENNE SUR AISNE (Ardennes) le 9 juin 40, lors des derniers combats que nos armées ont opposés à la horde allemande et quelque mois plus tard apprenait la mort de leur second fils à Saint-Michel. 

         Oui, Cher Monsieur, en 1940, nous étions quatre de la famille mobilisés : mon frère ainé, tué à Brienne, le second, tué à Saint-Michel, mon beau-frère prisonnier, et seul, je restais providentiellement, attaché à un centre de formation E.O.R. à Angoulême et quand les allemands sont arrivés, le 25 juin, l’armistice était signé depuis la veille, la ville d’Angoulême a été déclarée ville ouverte et après un mois de campement j’étais libéré. 

         Il fallait bien qu’il en reste un pour s’occuper, comme vous le dites, de la famille. 

         En février 41, je suis parti une première fois à Brienne pour reconnaître les restes de mon frère et une seconde fois deux mois plus tard pour procéder au transfert dans le cimetière militaire local, et quand en août 41 nous apprenions le décès de Bernard, j’ai écrit au curé de Saint-Michel qui m’a adressé le compte rendu dont joint copie. Je me suis rendu à Saint-Michel où j’ai rencontré Monsieur LEMPERUR et une jeune fille (peut être sa fille) qui avait connu Bernard durant le séjour de son unité dans la région et très aimablement avait entretenu sa tombe.                      

                 Cette personne est-elle parmi vous ? 

         Mais à Brienne comme à Saint-Michel, j’ai pu apprécier la générosité et la gentillesse des habitants de votre région, qui ayant connu la guerre et la souffrance sont peut être plus généreux que ceux du midi et je pourrais rappeler ce que chantait Enrico Macias « les gens du Nord ont au cœur la chaleur que le soleil ne leur apporte pas ». 

         Aussi bien, Cher Monsieur, je ne saurais assez vous remercier et vous féliciter pour la part et le dévouement que vous apportez à votre Association « Trois jours pour sauver l’honneur » et je joins ma modeste contribution à ce généreux projet. 

         Je ne sais ce que je pourrai faire l’année prochaine, à mon âge, il faut être prudent et même si je suis encore « bon pied et bon œil » comme vous le dites, un accident est bien vite arrivé. 

         De toute façon je resterai en contact avec vous et vous tiendrai au courant du suivi de nos démarches. 

         Je vous prie de trouver ici l’expression de mes sentiments reconnaissants et très cordiaux. 

                                                                                                                                                     Signé : Henri DUDON.

 

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Henri DUDON                                                                               Bergerac, le 13 septembre 2000.

7, rue Pozzi

34100 BERGERAC

 

                                                                                                       Monsieur Jacques RAGUET

                                                                                                                             

          Cher Monsieur, 

         J’ai le plaisir de vous informer de ce que, grâce aux aimables renseignements que vous m’avez procurés, je viens de recevoir, de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur le Brevet d’Attribution de la Médaille Militaire ainsi que le Certificat de la Croix de Guerre attribués à mon frère Bernard DUDON. 

         Je vous remercie à nouveau de l’amabilité dont vous avez fait preuve à mon égard et vous prie d’agréer, Cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments très reconnaissants.

 

                                                                                                                   Signe : Henri DUDON