Don d'une borderie et d'une pêcherie à Liré par Fulcher de Mota qui devient moine dans l'église de Liré. Fulcher est le neveu de Gaubert, qui a donné l'église
1063-1084
Angers, Archives départementales du Maine-et-Loire 41 H 13
Accord du seigneur de Champtoceaux et de celui de Liré; cela a lieu à l'église St Jean Baptiste de Champtoceaux
Fulcher de Mota, fils d'Adelaudi, [pour le salut de] son âme et celles de ses parents et par amour pour son neveu Gautier dont on vient de parler, parce que nous l'avons accueilli pour vivre la vie monastique, a donné à Saint Martin :
une borderie, au pays des Angevins, proche de Liré, bordant la terre de Benoit du Poitou, qu'on nomme Borderie de Richard de Blois, solide et calme, avec toutes ses coutumes,
et un étang [piscatoriam fossam, une fosse pour la pêche] dans la Vallée à côté de l'église, dans laquelle il peut être fait une écluse et une descente, qu'on appelle Fosse du jeune Rainier.
Or, il demanda pour cela le privilège de faire partie de notre communauté et fut reçu par deux de nos frères, à savoir : Gausbert et Ameline, qui à partir de là, à la place du seigneur abbé Bartholomée, l'ont revêtu pendant ce temps-là, jusqu'à ce qu'il soit revêtu du voile pour la seconde fois par lui dans la salle du chapitre ou d'autres lieux de Saint-Martin.
Une fois que cette admission à ce privilège a été accomplie, il a donné son accord, avec plaisir, pour devenir moine dans l'église de Liré, que Gautier, son neveu, avait déjà donnée.
Puis, en outre, ce bénéfice presbytéral, que Gautier donnait là descendait même d'une souche plus estimable.
Et ainsi, faisant donation à Saint Martin de toutes ces choses déjà mentionnées et d'autres , il le déposa sur l'autel de Saint Jean-Baptiste de Castrum Celsum avec un bâton, fièrement, pour contribuer à faire connaître pendant des siècles la réalité de ce don,
avec l'accord de ses seigneurs Thibaut de Castrum Celsum, Archambault et Budic, son fils
Ainsi que des témoins qui y ont assisté, par la vue et l'audition : Landric, son homme, Gestin de Landemont [de Landa in Montibus], Gilbert de Fanoleres, Johan Parvus, Païen [Paganus], fils de Arscuti Forsenati, Bernard de Saint Carilepho, Gausbert Amiod, son écuyer, Garin, serviteur de Castrum Celsum ;
du côté des moines : le moine Theodoric, le moine Amelin, le moine Letard
Fulcherius de Mota, filius Adelaudi, donavit sancto Martino, prosua et animabus parentum suorum seu amore supradicti Gaulterii nepotis sui, quia eum ad monschatum suscepimus,
unam borderiam terrae in pago Audegavensi prope Liriacum juxta terram Benedicti Pictavensis, quam dicunt Bordariam Richardi Bloii, solidam et quietam cum totis consuetudinibus,
et unan piscatoriam fossam in valleia prope ecclesiam, in qua exclusa et descensus fieri potest quam dicunt Fossam Rainerii Juvenis.
Quesivit autem pro hoc benelicium nostrae societatis et accepit a duobus fratribus nostris, Gausberto videlicet et Amelino, qui ex eo illum vice domni abbatis Bartholomei, interim revestiverunt donec iterum ab eo et per illum in capitulo loci hujus vel alierum locorum sancti Martini revestiretur.
Propter cujus beneficii acceptionem letus effectus, libens favit quicquid, in ecclesia Liriacensi monachus deveniens, jam dictus nepos ejus donabat Gaulterius;
is etenim presbiteralis facus quam idem dabat Gaulteriens a stirpe potius descendebet illid.
Utrarumque ilaque rerum supradictarum donalitonem sancto Martino cum quodam juste faciens, eundem fastera, ab assignandam per secula doni hujus verittis notionem, super sancti Baptistae Johannis apud Castrum Celsum posuil altare,
faventibus senioribus suis Telbaldo de Castro Celso et Archembaldo ac Budico filio ejus;
et his videntibus et audientibus qui assistebant testes : Landricus homo ejus, Gestinus de Landa in Montibus, Gislebertus de Fanoleres, Johannes Parvus, Paganus filius Arscuti Forsenati, Bernardus de Sancto Carilepho, Gausberbus Amiod armiger ejus, Garinus famulus de Castrum Celsum;
de monachis : Theodoricus monachus, Letardus monachus, Amelinus monachus, Letardus monachus
Fulcher de Mota, fils d’Adelaudi
Gautier (neveu de Fulcher)
Gausbert (moine)
Ameline (moine)
Abbé Bartholomée
Thibaut de Castrum Celsum
Archambault
Budic, fils d’Archambault
Témoins :
Landric, homme de Fulcher
Gestin de Landemont
Gilbert de Fanoleres
Johan Parvus
Païen (Paganus), fils de Arscuti Forsenati
Bernard de Saint Carilepho
Gausbert Amiod (écuyer de Fulcher)
Garin (serviteur de Castrum Celsum)
Coté des moines :
Theodoric
Amelin
Letard
Étang dans la Vallée
Eglise de Liré
(autel) de Saint-Jean-Baptiste à Champtoceaux
Pays des Angevins
Liré, bordant la terre de Benoit du Poitou
Borderie de Richard de Blois
Vallée à côté de l’église
Fosse du jeune Rainier
Salle du chapitre de Saint-Martin
Église de Liré
Autel de Saint Jean-Baptiste de Castrum Celsum (Champtoceaux)
Castrum Celsum
Traduction française : Jean-Luc Delalande. Merci de demander l'autorisation à l'auteur pour toute réutilisation.
Vues numérisées : Cartulaire du prieuré Notre-Dame de Liré, dépendant de l'abbaye de Marmoutier (vers 1090-1478, rédigé fin XVe siècle-début XVIe siècle). Archives départementales du Maine-et-Loire, 41 H 13. images sous licence ouverte 2.0 ETALAB. Il ne s'agit pas des chartes originales mais de reproductions ultérieures. A consulter sur le site de l'IRHT https://arca.irht.cnrs.fr/ark:/63955/md440r969b4q vues 10 à 12
Transcription (latin) Marchegay, Paul, « Recherches sur les cartulaires d'Anjou », dans Archives d'Anjou. Recueil de documents et mémoires inédits sur cette province, t. 2, Angers, 1853, p. 19
Eléments de contexte : Amis du vieux Châteauceaux
Datation : On se situe sous l’abbatiat de Bartholomée (Barthélémy) qui a été abbé de Marmoutier de 1063 à 1084.
Cette charte apporte de nombreuses informations sur le contexte de cette fin du XIe siècle :
Le donateur Fulcher de Mota est sans doute un vassal d’Archambault de Liré. Il a des possessions diverses :
la borderie de Richard de Blois, près de Liré
Une piscatoriam fossam, une fosse pour la pêche dans la vallée près de l’église, nommée Fosse du jeune Rainier.
Sur les borderies
Une borderie (ou bordage selon les régions) est une petite ferme où le tenancier doit à son propriétaire de lourdes charges.
Godefroy, dans son dictionnaire, précise : « Les bordiers se placent à un degré plus bas que les paysans proprement dits...Comme les paysans, les bordiers devaient à cause de leur tènement des rentes et des services. Mais ces services étaient ordinairement les plus pénibles ...travaux domestiques.. » Dictionnaire de l’ancienne langue française, tome 1, 1881,p 687
Sur la Fosse du jeune Rainier
Il existe encore à Liré deux toponymes (noms de lieu) actuels intitulés « les Reinières », « la Loge des Reinières » proches d’une grande fosse sainte Catherine.
Sur "de Mota"
Le cognomen (= surnom) de Fulcher "de Mota" fait penser à une traduction par « de la Motte ». Il n’y a pas de motte repérée sur Liré mais un toponyme « la Motte » près de Fossé neuf, le long du ruisseau de la Haie d’Allot.
Ces toponymes en vallée se situent plutôt sur la commune de Bouzillé actuellement. Quelle explication ?
On sait que Bouzillé était divisé en deux : une partie sur l’abbaye de Saint-Florent et une partie sur la seigneurie de Castrum Celsum. La division communale actuelle ne correspond pas à celle des paroisses du Moyen Age.
Donc il n’y a rien qui puisse nous éclairer sur des lignes précises de séparation entre Liré et Bouzillé au XI e siècle.