Nous avons la chance de posséder encore les actes de deux prieurés : celui de Castrum Celsum (Champtoceaux) et celui de Liriaco (Liré).
L'abbé Arthur Bourdeaut a publié le chartrier de Castrum Celsum, principalement dans un article très long sur « Les origines féodales de Châteauceaux » (1). Sur les quarante textes publiés, trente concernent l’abbaye de Marmoutier, située près de Tours.
Une deuxième publication concerne le prieuré de Liré : celle de Paul Marchegay dans « Archives d'Anjou » (2). Neuf chartes concernent ce prieuré de Marmoutier. Ces chartes sont issues du cartulaire de l’abbaye de Marmoutier.
Un cartulaire était un recueil d’actes de donations en faveur des moines : ils constituaient un enregistrement précis, archivé et classé de textes constituant un réservoir de données extrêmement riche, mais elles n'étaient pas collectées gratuitement ; elle pouvaient servir à la défense, en cas de contestation, ou à la renommée de l'abbaye par le choix des pièces qui lui sont favorables. On peut les classer en trois catégories :
les actes originaux, écrits par le donateur qui s’est exprimé à la première personne : « J’ai donné... »
les notices, écrites à la troisième personne : « il nous a été donné ». cet acte est plutôt un résumé de l’acte original servant d’aide mémoire.
les « pancartes », réunissant un ensemble d’actes de même provenance sur une certaine durée
Leur contenu livre des informations inattendues sur le fonctionnement local des institutions religieuses entre 1040 et 1150, sur les répercussions de la réforme grégorienne dans les paroisses, sur la réaction seigneuriale à cette reprise en main par l'Église de Rome au début de la féodalité. On y découvre également le fonctionnement au quotidien de la châtellenie : les fêtes, les travaux, le trafic des bateaux en Loire, les conflits et la mentalité des gens (3).
La seigneurie de Châteauceaux comporte une particularité étonnante : du fait de sa position stratégique, elle a fait partie du comté nantais de 942 jusqu’au début du XIe siècle, puis les pays de Mauges et Tiffauges sont passés du côté angevin à le suite d’une captation de l’héritage du fils de Renaud Thorenc par Foulques Nerra . En conséquence, ce territoire est devenu une région de marche Anjou-Bretagne partagée entre une dépendance de l’évêché de Nantes tout en étant située en Anjou à partir du XIe siècle.
Ces documents ont été retrouvés en Touraine après la Révolution française de 1789 au moment où les départements centralisaient des archives qui étaient éparpillées auparavant. Les historiens du XIXe siècle ont donc classé les prieurés de Châteauceaux et Liré
soit dans le comté d’Anjou : « Les prieurés que Marmoutier possédait dans l’Anjou étaient au nombre de Quinze. Ils étaient situés à Angers, Bessé..Chalonnes, Champtoceaux, Chemillé,...Liré, Montjean ... Ces quinze maisons fournissent à l’histoire, seulement pour le onzième et douzième siècles, quatre-cent-dix pièces...présentant en abondance des récits et des tableaux qui montrent à tous les degrés et sous toutes ses faces, l’antique société angevine » (4).
soit dans l’évêché de Nantes. La Borderie présente ainsi le statut particulier de ces deux prieurés: « L’abbaye de Marmoutier avait dans l’ancien évêché de Nantes dix prieurés, savoir : Béré, Châteauceaux, Donges, Liré, Machecoul, Nantes, Nort, le Pellerin, Pontchateau et Varade. Châteauceaux, ou (suivant l’orthographe qui a officiellement prévalu contre l’étymologie et la logique) Champtoceaux et Liré, (quoique compris avant 1789 dans le diocèse de Nantes, appartenaient à l’Anjou...) » (5).
On peut constater que, dans les décomptes, Châteauceaux et Liré sont en même temps dans le comté d’Anjou et l’évêché de Nantes. Donc, pour rechercher des sources, il faudra puiser dans les archives des deux départements voisins.
Actuellement, ces chartes sont aussi répertoriées dans la base TELMA : « chartes originales antérieures à 1121 conservées en France. » Cédric GIRAUD, Jean-Baptiste RENAUD et Benoît -Michel TOCK, édit. , Nancy ; Centre de Médiévistique Jean Schneider, éds électronique : Orléans : Institut de Recherches et d’Histoire des Textes.2010 (Telma).