Roger de Briheri, ayant reçu le bénéfice de l'association spirituelle, avait donné à Marmoutier la terre de Bruère et le moulin de Diveta, avec l'autorisation d'Orri de Champtoceaux. Son fils Geoffroi conteste puis concède la dite donation avec l'accord de Geoffroi de Jarzé, nouveau seigneur de Champtoceaux
Datation peut-être 1084, parchemin 27 x 23 cm conservé à Angers, AD du Maine-et-Loire, 38 H 1 n° 7
Noms et descriptions de lieux sur les communes de Champtoceaux, La Varenne, Saint-Sauveur-de-Landemont (Maine-et-Loire), et de Barbechat (Loire-Atlantique). Seigneurs de Champtoceaux : Orri de Champtoceaux. puis Geoffroy de Jarzé
Roger de Briheri [Bruheri, parfois traduit Bruère] a demandé à l'abbé Albert qu'il lui accorda le bienfait des prières des moines du Grand Monastère. En échange de ce bénéfice, il a donné à Saint-Martin et à ses moines la terre de Briheri à partir du « torrent », c'est à dire du ruisseau de Briheri jusqu'à la Renardière [Vulpilleriam] et jusqu'au chemin de Montfaucon, un bois, une pièce de terre plate, une terre, cultivée et non cultivée, disponible et libre de toute vicaria et de toute coutume, comme il la tenait lui-même. De même, il a donné le moulin de la Divate
Une fois que cette donation fut faite, Odricus [Orri], qui était à ce moment-là seigneur de Castrum Celsum, a donné son accord.
Mais, le fils de Roger, Geoffroy, quelque temps après, attaqua [cette donation] et voulut déplacer le chemin qui menait au moulin, déjà cité, à travers son terrain.
Mais, lorsque Geoffroy de Jarzé eut récupéré son « honor » et fut alors seigneur de Castrum Celsum, un certain jour, alors qu'à peu près tous les hommes de Castrum Celsum étaient réunis tous ensemble dans un certain lieu, tous à l'écoute, tous les deux sont tombés d'accord, Geoffroy lui-même et Geoffroy, fils de Roger, sur ce que Roger a donné à Saint Martin.
Aussi, là, Geoffroy, fils de Roger, abandonna sa plainte au sujet de ce don qu'avait fait son père et à propos du chemin du moulin ; Et, en plus, il donna de son plein gré l'habitation du meunier et un pré proche du moulin, à côté de ce qui a été concédé, la moitié du moulin, seulement au cours de son vivant.
Cela a été fait en présence de nombreux hommes, comme nous l'avons dit, qui ne peuvent tous écrire leur nom. Quelques noms de ces témoins sont écrits :
Hamelin, Jean de Oudon, Morel de Bouzillé, Burcard de Liré le prieur des moines,
Hildebert de Landemont [de Landa de Montibus], Hilgodus et son fils Roger, Tristan Hildemandus, prêtre.
L'abbé Bartholomé est venu après à Castrum Celsum [vers 1070] et a accordé à Geoffroy le bénéfice de sa prière. Geoffroy a autorisé cela en sa présence et tout ce que son père avait donné.
Ont témoigné : Hamelin et Jean de Oudon.
Rotgerius de Bruheri rogavit abbatem Albertum, ut daret ei benefactum orationum Majoris Monasterii. Quod cum impetrasset, dedit beato Martino et monachis ejus terram de Bruheri a torrente id est a ductu de Bruheri usque ad Vulpilleriam et usque ad chiminum Monfalconensem, boscum et planum, terram cultam et incultam, ita quietam et liberam ab omni vicaria et omni consuetudine sicut ipse eam tenebat. Simul dedit et molendinum de Diveta.
Hanc donationem quando facta est auctorizavit Odricus qui tunc erat dominus Castri Celsi.
Filius vero Rotgerii Goffridus aliquandiu calumniatus est eam, et voluit auferre viam quȩ ducit ad predictum molendinum per terram suam.
Sed cum Goffridus de Jarziaco recuperasset honorem illum, et esset dominus Castri Celsi, quadam die cum essent simul in quodam loco omnes pene homines Castri Celsi, ibi omnibus audientibus auctorizaverunt ambo et iste Goffridus, et Goffredus filius Rotgerii quicquid Rotgerius dederat Sancto Martino.
Ibi etiam dimisit Goffridus filius Rotgerii calumniam quam fecerat de dono patris et de via molendini, et insuper dedit sponte sua herbergamentum mulnerii et pratum quod est juxta molendinum, propter quod concessa est ei medietas molendini tantum in vita sua.
Factum est hoc in magna ut diximus hominum multitudine quorum quia non potuerunt omnium hic nomina scribi, aliquorum ad testimonium scripta sunt,
Hamelinus, Johannes de Uldono, Morellus de Buzilli, Burcardus de Liriaco post monacus,
Hildebertus de Landa de Montibus, Hilgodus filius ipsius Rotgerii, Tristandus, Hildemandus presbiter.
Postea venit abbas Bartolomeus ad Castrum Celsum, et dedit supradicto Goffrido benefactum orationum, et auctorizavit Goffridus coram eo et quod pater suus et quod ipse dederat,
testibus Hamelino, et Johanne de Uldone.
Roger de Briheri (ou Bruère)
Abbé Albert
Odricus (Orri), seigneur de Castrum Celsum
Geoffroy, fils de Roger de Briheri
Geoffroy de Jarzé, seigneur de Castrum Celsum
Hamelin
Jean de Oudon
Morel de Bouzillé
Burcard de Liré, le prieur des moines
Hildebert de Landemont
Hilgodus et son fils Roger
Tristan Hildemandus, prêtre
Abbé Bartholomé
Hamelin et Jean de Oudon
Grand Monastère Saint Martin (= Abbaye de Marmoutier)
Terre de Briheri
Ruisseau de Briheri
La Renardière (Vulpilleriam)
Chemin de Montfaucon
Moulin de la Divatte
Castrum Celsum (= Champtoceaux)
Traduction française, éléments de contexte : J.-L. Delalande, Amis du vieux Chateauceaux
Résumé, transcription, http://telma.irht.cnrs.fr/outils/originaux/charte3520/
Acte n°3520 dans Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France , Cédric GIRAUD, Jean-Baptiste RENAULT et Benoît-Michel TOCK, éds., Nancy : Centre de Médiévistique Jean Schneider; éds électronique : Orléans : Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2010. (Telma).
Datation : base Telma indique 1084, fiabilité: ARTEM. ARTEM est (était? 2003) une base de donnée de l'Atelier de Recherche sur les Textes Médiévaux, UMR 7002 Moyen Age de l'Université Nancy 2. Nous ne retenons pas cette date comme certaine
Les lieux
Cette charte mentionne le don de la terre de Briheri qui s’étend « du ruisseau de Briheri jusqu'à la Renardière [Vulpilleriam] et jusqu'au chemin de Montfaucon, un bois, une pièce de terre plate, une terre, cultivée et non cultivée... De même, il a donné le moulin de la Divate. »
Cela mérite quelques explications sur la localisation des lieux:
D’une part ce terrain est situé (toujours actuellement) le long de la rivière Divatte, qui délimitait une frontière entre la Bretagne et l’Anjou. Le hameau de la Renardière est situé, sur La Varenne, au-dessus de la Trébertière (commune de Barbechat). Un pont assurait le passage de la rivière, au lieu-dit « Pont Trubert » (commune de Champtoceaux). Le moulin sur la Divatte (en ruine) était situé en contrebas du village de la Fontaine, sur Saint-Sauveur-de-Landemont. Nous sommes donc à la frontière de quatre communes actuelles. Un chemin, le long de la rivière , assurait la communication entre celles-ci, mais ce « chemin de Montrevault » continuait beaucoup plus loin vers le sud.
Le comte d’Anjou a voulu relier ses forteresses par des chemins stratégiques : le chemin de Montfaucon est l’un d’eux : « Pour assurer la sécurité de sa nouvelle forteresse de Montfaucon en 1026, Foulque Nerra dut la relier par des chemins aussi directs que possible à ses premiers châteaux-forts de Champtoceaux et de Montrevault..le chemin vers Montrevault passait par Gesté ; celui vers Champtoceaux devait suivre la frontière intercalaire retrouvée précédemment. En tout cas, dès avant 1060, le cartulaire de Marmoutier fait mention d’une terre donnée aux moines, la terre de Brehery, située un peu au sud de Champtoceaux et limitée par le chemin de Montfaucon, « usque ad chiminum Monfalconensem » , démontrant ainsi que déjà nos Hautes et Basses Marches étaient reliées entre elles par une voie bien connue et très fréquentée. » (1)
CARTE ACTUELLE DES TOPONYMES DE BRÉHÉRY ENTRE BARBECHAT ET CHAMPTOCEAUX (extrait du site IGN Geoportail)
Les seigneurs de Champtoceaux
Oderic (ou Orri de Castrum Celsum) vient d’être exhérédé (avant 1060) par le comte d’Anjou, Geoffroy Martel. Cela signifie que son fief lui a été retire. Le comte Geoffroy a nommé un nouveau châtelain sur la seigneurie : Thibaut (?) de Jarzé.