Amaury Crespin et sa femme Garmaise donnent aux religieuses de Notre-Dame de la Charité, ou abbaye du Ronceray, à Angers : de la dîme de leur pêcherie et de leurs moulins à Champtoceaux
Datation 1123. AD du Maine-et-Loire, cartulaire du Ronceray, R2 C89.
Amaury Crespin et sa femme Garmaise, seigneurs de Champtoceaux ; pêcherie, moulins avec barrage de construction récente
Si nous voulons être fidèles au vrai Dieu, nous devons suivre son commandement, qui nous instruit sur la charité et la miséricorde, en disant: Bienheureux les miséricordieux, pour que nous plaisions à Dieu et que nous lui soyons plus proches. Par conséquent, pour que nous soyons des « amoureux » de Dieu et pour lui être plus proche, en suivant le principe de charité et de miséricorde, nous devons nous consacrer à nos frères, par la charité et la miséricorde, selon le pouvoir que nous détenons.
C'est pourquoi, pour que nous puissions suivre l'amour et la miséricorde de Dieu, moi, Amaury Crespin et Garmaise, ma femme, pour le salut de nos âmes et de nos parents, nous avons donné à Dieu et à Sainte-Marie de la Charité la dîme de la pêcherie et la dîme des moulins, dont notre barrage, que nous avons édifié près de Castrum Celsum récemment.
Nous avons donné aussi un bourgeois libéré et dégagé de toutes coutumes, qui pourra les servir fidèlement dans cet endroit.
Ceci fut fait au chapitre de Sainte-Marie et ensuite, nous avons posé ce don sur l'autel, et de là, dans les mains de l'abbesse Mabille.
Ceux qui ont vu et entendu sont : Guillerme Chotard ; Gironius, son parent ; Manases ; Radulphe Tessonus ; Reginald Charruel ; Tegrinus ; Guillerme de Molli-Campo ; Radulphe Canus Exulata ; Rainerius, chanoine ; Meno bacheloth ; Robert de Juigné, Barbotus villicus ; Boverius ; Harduinus ; Richardus.
Cette charte a été faite en l'année 1123 à partir de l'Incarnation (Noël) du Seigneur, Calixte étant pape, Louis étant roi des Français, Foulques le jeune (Foulques V), comte des Angevins, Reginald, évêque de cette ville.
Si veri Dei cultores esse volumus, illius sequi præcepta debemus qui nos ad caritatem et misericordiam instruit, dicens : beati misericordes, ut diligamus Deum et proximum. Ut ergo amatores Dei et proximi, sectando caritatem et misericordiam, videamiur, debemus de rebus nostris caritative et misericorditer, ceu possibilitas nostra obtinet, fratribus impendere,
Quapropter ut dilectionem et misericordiam Dei consequi valeamus, ego Amauricus Crispini et Garmesia uxor mea pro animabus nostris et animabus parentum nostrorum, dedimus Deo et S. Marie Caritatis decimam piscium et decimam molendinorum cujusdam incluse nostre quam noviter edificavimus apud Castrum Celsum,
et etiam dedimus quemdam burgensem nostrum solutum et quictum ab omni cosduma qui fideliter inde eïs serviret.
Hoc factum est in capitulo S. Marie ; et postea posuimus donum super altare et inde in manum Mabile abbatisse (1)
Quod viderunt et audierunt isti : Guillermus Chotard ; Gironius, nepos ejus ; Manases ; Radulphus Tessonus ; Reginaldus Charruel ; Tegrinus ; Guillermus de Molli-Campo ; Radulfus Canus Exulata ; Raïinerius, canonicus ; Meno Bacheloth; Robertus de Juignaco ; Barbotus villicus ; Boverius ; Harduinus ; Richardus
Facta est hœc cartula anno MCX XIII ab Incarnatione Domini ; Calixto papa, Lodovico rege Francorum, Fulcone Juniore Andegavensium comite (1), Raginaldo ejusdem civitatis episcopo.
Amaury Crespin
Garmaise (épouse d’Amaury Crespin)
Mabille (abbesse de Sainte-Marie)
Guillerme Chotard
Gironius (parent de Guillerme Chotard)
Manases
Radulphe Tessonus
Reginald Charruel
Tegrinus
Guillerme de Molli-Campo
Radulphe Canus Exulata
Rainerius (chanoine)
Meno bacheloth
Robert de Juigné
Barbotus villicus
Boverius
Harduinus
Richardus
Calixte (pape)
Louis (roi des Français)
Foulques le Jeune (=Foulques V, comte des Angevins)
Reginald (évêque d'Angers)
Sainte-Marie de la Charité, alias abbaye du Ronceray
Castrum Celsum (= Champtoceaux)
Traduction française : J.-L. Delalande, Amis du vieux Châteauceaux, à partir du texte de BOURDEAUT, « Les origines féodales de Châteauceaux, BSAN, 1913, p 291-292 ou celui de Marchegay, Archives d'Anjou, t2, p 85
Le Texte latin présenté est celui de Bourdeaut
Datation : (1) Mabille fut abbesse vers 1123., Foulques V le Jeune, comte d'Anjou 1109-1129 (Boudeaut). Par ailleurs le roi Louis VI 1108 - 1137 et le pape Calixte 1060-1124 ce qui restreint à 1123-1124
Cote donnée par P.Marchegay, Achives d'Anjou, t2 p 85 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5818070b - Cartulaire du Ronceray, R2 C89. Ces cotes peuvent ne pas correspondre aux cotes actuelles AD49
Moulins
Cette charte apporte à l’abbaye les revenus dégagés par la dîme de la pêcherie et des moulins de Castrum Celsum, récemment construits. On peut penser qu’il s’agit des deux arches de l’actuel « Cul du moulin ».
Cet édifice serait donc plus ancien que le XIIIe siècle, proposition actuelle faite lors des travaux de consolidation. Il a démontré qu’il était un moulin pendu, seul vestige médiéval en France avec celui de Balan- Miré sur le Cher (travaux de Christian Cussonneau)
Nous pensons, à l’examen de sa structure interne, qu’il a utilisé une technique plus ancienne pour adapter les roues aux changements de niveau de la Loire : sous chaque arche, un bateau encastré dans chaque pilier soutenait la roue et les meules (article de Jean-Luc Delalande). La technique du moulin-pendu a sans doute été adoptée ensuite.
Pêcheries
La pêcherie pouvait se trouver à la sortie de l’étang, appelée actuellement « La Bonde ». Actuellement, on n’a pas retrouvé ici, dans le lit de la Loire, les ouvrages en forme de V découvert en amont au large du Marillais (travaux de D. Fillon et Y. Viau)
Bourgeois
Amaury Crespin met à disposition des moniales d’Angers un « bourgeois », c’est à dire un homme du »bourg » qui devait superviser l’usage et l’entretien des équipements proposés.
L'évêque d'Angers Reginald
L’évêque est Rainaldo de Martigné, évêque d’ Angers (1102-1125)