Citations d'Origène

Je n'appelle pas cette Loi un Ancien Testament si je la comprends en esprit

La Loi ne devient un Ancien Testament que pour ceux qui veulent la comprendre charnellement

Évidemment, pour eux elle est devenue ancienne, elle a vieilli parce qu'elle ne peut conserver sa force

Pour nous au contraire, qui la comprenons et l'expliquons en esprit et au sens de l'Évangile, elle est toujours nouvelle et les deux Testaments sont pour nous un Nouveau Testament, non à cause de la date temporelle, mais à cause de la nouveauté du sens

(Homélies sur les Nombres)

La prière est une protection contre les puissances adverses

J'estime les paroles de la prière chrétienne riches de vertu, surtout quand ceux qui prient le font en esprit et avec intelligence; la prière jaillit comme une flamme de l'âme et des lèvres de celui qui prie, elle dissipe par la puissance de Dieu le venin distillé par les puissances adverses dans l'esprit de ceux qui négligent la prière ou ne prennent pas en considération le précepte de saint Paul, fidèle à Jésus : "il faut prier sans cesse" (1 Thess. 5:17).

La prière jaillit comme une flèche de l'âme de celui qui prie, avec la connaissance, l'esprit et la foi; elle blesse à mort les forces hostiles à Dieu, qui veulent nous jeter dans le péché qui aliène.

(Origène, La prière)

Nous l'adoptons (la loi de Moïse), à condition pourtant que Jésus nous l'ait lue

(Homélies sur Josué)

Les choses qui ont été écrites sont formes et figures.

Car l'apôtre dit : toutes ces choses leur arrivaient en figure, et elles ont été écrites pour notre instruction [...] (1 Corinthiens 10:11)

Eh bien! que tardes-tu ? Partons pour la guerre, prenons d'assaut la plus considérable cité de ce monde, la malice, et détruisons les murailles orgueilleuses du péché! Regarderais-tu alentour quel chemin il faut prendre, quel champ de bataille il faut choisir ? Tu vas trouver, sans doute, mes paroles étonnantes - elles sont vraies pourtant : limite tes recherches à toi-même! En toi est le combat que tu vas livrer, à l'intérieur de toi l'édifice de malice qu'il faut saper : ton ennemi sort du fond de ton coeur! (Matthieu 15:19). Réalises-tu la puissance de cette armée ennemie qui s'avance contre toi du fond de ton coeur ? Les voilà, nos ennemis à massacrer au premier combat, à terrasser en première ligne! Si nous sommes capables de renverser leurs murailles et de les exterminer et qu'il n'en reste aucun pour le raconter, aucun pour reprendre haleine - s'il n'en est plus un seul pour reprendre vie et pour resurgir dans nos pensées, alors Jésus nous donnera le grand repos : "chacun se reposera sous sa vigne et sous son figuier, et nul n'effraiera désormais les enfants d'Israël!" (Michée 4:4).

(Homélies sur Josué)

Ismaël, fils de la servante, naît selon la chair, tandis qu'Isaac, fils de la femme libre, ne naît pas selon la chair, mais en vertu de la promesse. L'Apôtre dit à leur sujet qu'Agar enfanta pour la servitude un peuple charnel [Gal. 4:24], tandis que Sara, femme libre, enfanta un peuple qui n'est pas charnel, mais qui a été appelé dans la liberté [Gal. 5:1], liberté par laquelle le Christ l'a affranchi [Gal. 5:13]. Le Christ lui-même a dit en effet : si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres [Jean 8:36].

Or, voyons ce qu'ajoute l'Apôtre dans son exposé : mais de même qu'alors, dit-il, le fils de la chair persécutait le fils de l'esprit, ainsi en est-il encore maintenant [Gal. 4:29].

Regarde comment l'Apôtre nous apprend qu'en toutes choses la chair s'oppose à l'esprit, que ce soit le peuple charnel qui s'oppose au peuple spirituel, ou que ce soit parmi nous ceux qui sont encore charnels qui s'opposent aux spirituels. Car, toi aussi, si tu vis selon la chair, tu es fils d'Agar, et par conséquent tu t'opposes à ceux qui vivent selon l'esprit.

De plus, si nous cherchons en nous-mêmes, nous trouvons que la chair a des désirs contraires à ceux de l'esprit, et l'esprit à ceux de la chair, et qu'ils sont opposés l'un à l'autre [Gal. 5:17] - et nous trouvons qu'il y a dans nos membres une loi opposée à la loi de notre raison, qui nous tient captifs de la loi du péché [Rom. 7:23]. Vois-tu combien ils sont importants, les combats de la chair contre l'esprit ?

Il y a encore un autre combat, plus violent peut-être que tous ceux-là, qui vient du fait que ceux qui comprennent charnellement la loi s'opposent à ceux qui la comprennent spirituellement, et les persécutent. Pourquoi ? parce que l'homme naturel ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu. C'est pour lui une folie, et il ne peut comprendre qu'on en juge par l'Esprit [I Cor. 2:14].

(Homélies sur la Genèse)

Que vienne Ton Règne! Comme l'a dit notre Seigneur et Sauveur, le Règne de Dieu "ne vient pas de manière à frapper le regard, et on ne saurait dire : le voici, le voilà! mais le Règne de Dieu est au-dedans de nous" (Lc 17:20-21); le mot au-dedans signifie : dans notre bouche, dans notre coeur (Rom 10:8). Il est donc évident que celui qui prie pour que vienne le Royaume de Dieu prie avec raison qu'en lui s'élève, fructifie, s'achève le Règne de Dieu. Dans tous les saints qui ont Dieu pour Roi et qui obéissent à ses lois spirituelles, le Seigneur habite comme dans une cité bien administrée. Le Père est présent et le Christ règne avec le Père dans l'âme accomplie, selon la parole [...] : "Nous viendrons en lui et en lui nous établirons notre demeure" (Jn 14, 22).

[...] Le Royaume de Dieu en nous, alors que nous progressons toujours, atteindra sa perfection, quand s'accomplira la parole de l'apôtre : "lorsqu'Il aura soumis tous Ses ennemis, le Christ remettra le Royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous" (1 Co 15, 24-28). Aussi prierons-nous sans cesse avec les dispositions divinisées par le Verbe, en disant à notre Père qui est dans les Cieux : "Que Ton Nom soit sanctifié, que Ton Règne arrive!"

Il faut noter encore, à propos du Règne de Dieu : il n'est pas possible de concilier la justice avec l'iniquité, la lumière et l'ombre, le Christ et Bélial; de même le règne du péché est inconciliable avec le Règne de Dieu. Si nous voulons que Dieu règne sur nous, que jamais le péché ne règne sur notre corps mortel. Ne suivons pas les appels du péché qui sollicite notre âme aux oeuvres de la chair et aux actes qui sont étrangers à Dieu. Faisons mourir nos membres charnels pour produire les fruits de l'Esprit; le Seigneur se promènera en nous comme en un paradis spirituel, il règnera seul en nous avec Son Christ, à la droite de la puissance spirituelle que nous demandons de recevoir, jusqu'à ce que Ses ennemis deviennent en nous l'escabeau de Ses pieds et que soit écartée de nous toute principauté, puissance et souveraineté. Tout cela peut se réaliser en chacun de nous, la mort est vaincue, afin que le Christ puisse dire en nous : "Mort, où est ton aiguillon, enfer, où est ta victoire?" (Os 13:14, 1 Cor 15, 55).

Il faut donc que ce qui est corruptible en nous révèle la sainteté et l'incorruptibilité dans la pureté; et ce qui est mortel, en dépouillant la mort, révèle l'immortalité du Père. De cette manière, Dieu règnera en nous et déjà nous entrons en possession des biens de l'engendrement d'en haut et de la résurrection.

(D'après le ch. 25 de "La prière")

Quel est l'homme de sens qui croira jamais que, le premier, le second et le troisième jours, le soir et le matin purent avoir lieu sans soleil, sans lune et sans étoiles, et que le jour, qui est nommé le premier, ait pu se produire lorsque le ciel n'était pas encore ?

Qui serait assez stupide pour s'imaginer que Dieu a planté, à la manière d'un agriculteur, un jardin à Éden, dans un certain pays de l'Orient, et qu'il a placé là un arbre de vie tombant sous le sens, tel que celui qui en goûterait avec les dents du corps recevrait la vie ?

À quoi bon en dire davantage lorsque chacun, s'il n'est dénué de sens, peut facilement relever une multitude de choses semblables que l'Écriture raconte comme si elles étaient réellement arrivées et qui, à les prendre textuellement, n'ont guère eu de réalité

En fait de théologie, après les Saintes Écritures, rien de mieux à lire qu'Origène (Érasme)