Est-ce une bonne idée d'avoir des freins à disque sur son vélo de ville ?

Est-ce une bonne idée d'avoir des freins à disque sur son vélo de ville ?

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[Mai 2017]

Pour vous répondre très directement : la réponse est "Non". Ou plutôt, "Non, sauf si...".

Dans l'esprit du public, frein à disque rime avec qualité. Les constructeurs l'ont bien compris et certains en font un argument de vente. Il n'est pas rare désormais de voir des modèles moyen/haut de gamme proposer des freins à disque que l'on retrouvait habituellement dans l'univers du VTT. Cependant, d'autres constructeurs moins scrupuleux jouent également sur ce créneau pour vous vendre la "chèvre au prix du chameau" (adage marocain).

Sachez tout d'abord qu'il existe deux familles de freins à disque : ceux à commande hydraulique et ceux à commande mécanique. Sans vous refaire un cours entier, voici leurs principales caractéristiques :

  • Freins à disque hydrauliques : La commande se fait par déplacement d'un fluide, en l'occurrence de l'huile, dans une durite. Ceci permet aux deux plaquettes de venir serrer le disque et donc d'avoir une très bonne qualité de freinage. Ils sont donc plus chers et se retrouvent sur les vélos moyen/haut de gamme.
  • Freins à disque mécaniques : On les retrouve habituellement sur les VTT d'entrée de gamme (< 300 euros). La commande se fait par le tirage un câble dans une gaine. Seule une plaquette vient serrer le disque sur l'autre plaquette, qui elle, est fixe. Le freinage est donc moins puissant, mais il reste très largement acceptable et comparable à ce que vous obtiendrez avec des freins sur jante.

Frein à disque hydraulique (gauche) et mécanique (droite)

Pour reconnaître le type de frein à disque, il suffit de regarder l'étrier de frein (la partie où sont logées les plaquettes). Si vous ne voyez pas de câble dépasser c'est qu'il s'agit d'un système hydraulique (à gauche ci-dessus). En cas de doute, vous pouvez également regarder les manettes car elles sont caractéristiques. Il y a toujours un morceau de câble qui dépasse dans le cas du système mécanique (à droite).

Alors pourquoi préférer un (bon) système de freinage classique* sur son vélo de ville? La réponse tient en deux points.

  1. L'entretien
  2. Les requis d'un usage urbain

(*J'entends par système classique les freins sur jante de type V-brake et ceux à mâchoire que l'on rencontre habituellement sur les vélos de route. Pour un usage urbain, je vous conseille les V-Brake.)

Freins V-brake et Freins à mâchoire

1- L'entretien : coût et complexité des freins à disque

Les freins à disque sont plus chers à entretenir. Les plaquettes et les disques coûtent en général autour de 15-20 euros chacun, alors que vous trouvez de très bon patins V-brake pour 5 euros. Même si la durée de vie des plaquettes est plus longue, il n'est pas rare de devoir en changer prématurément (souillure accidentelle à l'huile, glaçage des garnitures etc.).

L'entretien est de loin le gros point faible des freins à disque, et plus particulièrement des freins hydrauliques. Ces derniers sont très complexes à régler. Vous devez manipuler de l'huile, parfois très corrosive, sous pression et à l'aide de seringues. Le système manette/durite/étrier constitue un circuit fermé qu'il n'est pas évident à comprendre tout de suite. Pour ne rien arranger, le type d'huile, les modèles de plaquettes et les méthodes de purge sont propres à chaque marque (Shimano et Avid notamment). Autrement dit, si vous disposez de deux systèmes de freinage hydrauliques différents, vous devrez vous équiper de deux kit de purge différents, avoir les deux types d'huiles et les deux types de plaquettes, voire de disques. La purge consiste à retirer les bulles d'air du circuit de freinage. Or ces dernières sont plus ou moins dilatées selon la température. Ainsi, votre vélo stocké au chaud peut avoir un freinage en état de marche alors que la sortie dans le froid extérieur (rétractation des bulles) vous indique soudainement que vous n'avez aucun frein ! Les freins hydrauliques sont longs à régler si vous n'êtes pas habitué mais il faut admettre que lorsque ça marche, ça marche très bien.

Quelle purge...

Les freins sur jante sont beaucoup plus simples et rapides à régler. Un simple jeu de clef Allen suffit généralement à régler tout le système (sauf si votre vélo est ancien). Tout est visible et facilement compréhensible et contrôlable. De plus, vous n'avez en général pas de souci de compatibilité entre les marques. Les freins à disque mécaniques sont un bon compromis. Leur réglage est relativement aisé (position de la plaquette fixe+tension du câble) et leur entretien se rapproche donc davantage des freins sur jante.

2- Les requis d'un usage urbain : les freins à disque n'apportent rien

Les freins à disque sont vraiment, voire uniquement, utiles pour un usage tout terrain intensif (la balade du dimanche sur chemin de terre n'est pas considérée comme intensive). Leur principal avantage est de garantir une très bonne qualité de freinage en présence d'eau et surtout de boue car ils ne bourrent pas comme peuvent le faire des freins sur jante (photo ci-dessous). De plus, vous pourrez compter sur eux (version hydraulique uniquement) en présence d'une pente très importante et à vitesse élevée. Notez que les coureurs cyclistes utilisent des freins à mâchoire à plus de 50 km/h, en montagne sans aucun souci.

Les freins sur jante bourrent en présence de boue.

C'est sûr que là, ça marche moins bien

En ville, vous ne faites normalement pas face à ce type de contraintes. Vous ne verrez donc que rarement la différence entre des freins sur jante et des freins à disque, même pour des arrêts d'urgence. Le seul cas notable est par temps de pluie forte. En effet, le freinage sur jante met plus longtemps à évacuer l'eau présente sur la bande de freinage que le freinage sur disque. Vous ressentirez d'autant plus cette différence que vos freins sont de mauvaise qualité et anciens, comme par exemple sur les vieux vélos Peugeot. Cependant, des freins sur jante bien réglés et de bonne qualité vous offriront un freinage très convenable par temps de pluie.

L'usage en milieu urbain comporte deux risques importants : le vol et les dégradations. Les freins à disque attirent l'attention des voleurs (et des jaloux), car comme beaucoup, ils les associent à une plus grande qualité. Par ailleurs, si comme moi vous habitez et travaillez dans une ville comme Paris, vous devrez vous habituer à faire dormir votre vélo dans un local d'immeuble surchargé, voire dehors. De même, lorsque que vous vous garez en ville ou au travail, il n'est pas rare que votre vélo soit malmené par les autres cyclistes en raison du manque de place. Vous risquez ainsi de vous retrouver très rapidement avec un disque voilé, difficilement redressable, ce qui entraînera des frottements et un couinement permanent.

Local à vélo surchargé

Enchevêtrement de vélos sur les parking

Notez que les freins à disque présentent l'avantage de ne pas être sensibles au voilage de la roue : vous pouvez taper un trottoir sans avoir votre jante qui frotte contre vos patins de freins. Cependant, il est bien plus simple de dévoiler une roue qu'un disque. De même, les plaquettes de frein sont extrêmement sensibles aux souillures par des matières grasses. La moindre projection d'huile et vous êtes bon pour les jeter. Enfin, mis à part les modèles de freins à disque très haut de gamme, le poids des systèmes sur jante est généralement plus léger que ceux à disque.

Des freins à disque en ville ?