Le bac d'orangerie

Fabrication d'un bac d'orangerie (1/2)

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[Août 2017]

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  1. Qu'est-ce qu'un bac d'orangerie ?
  2. Pourquoi les bacs d'orangerie coûtent-ils si chers ?
  3. Choix des essences de bois
  4. Contraintes et charge maximale

Qu'est-ce qu'un bac d'orangerie ?

Le bac d'orangerie est un objet apprécié par les jardiniers et paysagistes. Symbole de richesse et d'opulence de la cour de Versailles, il a rendu célèbre son orangerie. Les anglo-saxons le surnomme d'ailleurs le "Versailles planter" tant le symbole est mondialement connu. On retrouve aujourd'hui le bac d'orangerie aux entrées des châteaux, des hôtels, des commerces de luxe, dans les allées des parcs et jardins, mais également comme mobilier urbain de haut standing. Chez les particuliers, il habille les entrées, les portails, les marches d'escalier ou encore sur une terrasse dépourvue de terre.

Le bac d'orangerie se distingue de la jardinière par son contenu : il accueille des arbres ou des arbustes alors que la jardinière est destinée aux plantes annuelles ou de taille modeste. En théorie, le bac d'orangerie doit être transportable et à démontable. Les orangers ne supportant pas le gel, il est nécessaire de les rentrer à l'abri durant l'hiver. En outre, le système racinaire ayant tendance à se développer avec le temps, il finit par étouffer et affaiblir l'arbre. Il est donc nécessaire de pouvoir démonter les cotés du bac pour effectuer une taille régulière. Au besoin, il sera plus facile de transplanter l'arbre dans un bac plus grand, voire en en pleine terre. De nos jours, les bacs d'orangerie ne sont plus nécessairement rentrés l'hiver car ils accueillent des espèces (buis, ifs, oliviers, palmiers, boulot, magnolia, etc.) qui supportent mieux le froid et la vie en bac.

Pourquoi les bacs d'orangerie coûtent-ils si chers?

Dans le commerce et sur Internet, vous trouverez rarement des bacs à des prix inférieurs à 200 euros pour des dimensions à partir de 50cm*50cm*50cm. Les prix grimpent très vite avec les dimensions et atteignent généralement les 1000/1500 euros à l'approche des 1m*1m*1m. Il est possible d'acheter des bacs en plastique, en bois bas de gamme traité (pin autoclave) ou composite mais leur durée de vie est plus limitée.

Des bacs bas de gamme (moins de 100 euros)

A gauche, un bac en PVC. A droite, un bac en pin traité autoclave et sa couleur verdâtre caractéristique.

Un bac haut de gamme, en fonte et en chêne (près de 3000 euros)

Les bacs d'orangerie répondent à des contraintes de fabrication importantes qui expliquent leur coût et leur prix élevé:

  1. Exposition aux intempéries et aux rayons UV
  2. Pérennité des matériaux en milieu humide et au contact de la terre
  3. Contraintes de poids (terre)
  4. (Éventuellement) Démontabilité et transportabilité

La plupart des bois ne résistent pas longtemps à un usage extérieur. La pluie, les variations de température et surtout les rayons UV participent à la dégradation mécanique et esthétique prématurée du bois : il pourrit, se grise et se fend. De plus, il est soumis aux attaques des insectes xylophages (termites, capricornes etc.) et des champignons. Les contraintes sont encore plus importantes à l'intérieur du bac : le contact de la terre et d'une humidité permanente conduisent à la putréfaction de la plupart des bois. Ces contraintes correspondent aux classes d'emploi de bois de niveau 3 (extérieur du bac) et 4 (intérieur du bac).

Le choix des essences de bois

Sans traitement, peu d'essences sont en mesure de répondre aux exigences décrites ci-dessus. Parmi les essences locales (c'est-à-dire issues de nos forêts), on en trouve seulement trois. Toutes sont imputrescibles, peu imprégnables et adaptées à un usage extérieur.

  • Le Chêne : Bois noble utilisé depuis toujours en charpente, en ameublement et en menuiseries d'intérieur comme d'extérieur. A l'époque de Louis XIV, les premiers bacs d'orangerie étaient fabriqués en chêne.
    • Ses atouts : Très bonnes propriétés mécaniques, très résistant et très stable. Aspect noble, beau veinage.
    • Ses inconvénients : Prix élevé car pousse lente, lourd, avec une forte densité, coulures de tanins (substance qui protège naturellement le bois des insectes).
  • Le Robinier (ou faux acacia) : Historiquement utilisé pour faire des piquets de clôture, des chevilles, des barriques et dans une moindre mesure pour l'ameublement, il fournit un bois jaune, très dur et dense.
    • Ses atouts : Le plus durable des bois locaux. Très résistant, même immergé dans l'eau douce ou en présence d'eau stagnante. La meilleure alternative aux bois exotiques.
    • Ses inconvénients : Le Robinier est un arbre à croissance rapide qui s’accommode de sols pauvres (il est considéré comme envahissant). Il en résulte un bois très dur mais peu stable, qui a tendance à se fendre. Il atteint rarement un diamètre supérieur à 50 cm. Faible disponibilité en planches et ces dernières sont généralement de dimensions modestes.
  • Le Châtaignier : A mi-chemin entre l'acacia et le chêne : il est utilisé pour la fabrication de piquets et de bardage, mais également apprécié en ameublement et en charpente. Il fournit un bois jaune/beige, tirant sur le blanc, avec un beau veinage.
    • Ses atouts : Plus léger que les deux essences précédentes. Bonne stabilité en service.
    • Ses inconvénients : Le moins durable et moins résistant des trois. Coulures de tanins.

Certains bois résineux, comme le pin Douglas ou le Mélèze, présentent également des caractéristiques intéressantes. Ils sont naturellement classe 3, d'une grande disponibilité et bien moins coûteux. Toutefois ce sont des bois tendres et moins durables. Ils sont généralement traités par autoclave avec injonction de produits à base de cuivre, chrome et d'arsenic. Ces produits se fixent bien sur le bois, ils ne se transmettent pas aux plantes dans les bacs. Cependant la poussière qu'ils génèrent en phase de sciage et de ponçage peut être dangereuse pour la santé (cancérigènes). Les bois traités en autoclave sont d'ailleurs considérés comme des déchets industriels non recyclables. Leur usage est par exemple banni dans les aires de jeux pour enfants, au profit du Robinier.

Les essences exotiques telles que le teck, l'ipé, l'iroko ou le padouk sont excellents en menuiserie extérieur. Toutefois, leur coût est bien plus élevé et les circuits d'approvisionnement sont opaques et peu durables.

Contraintes et charge maximale

L'intérêt du bac d'orangerie est de pouvoir fournir à l'arbre une quantité importante de terre. Ce volume croît de manière très importante (cubique) avec les dimensions du bac : passer d'un bac carré de 50 cm de coté à 80 cm multiplie par plus de 4 le volume de celui-ci (0,13 m3 à 0,51m3). Le bac doit ainsi être capable de supporté une charge maximale passant de 250 kg à 1 tonne.

Le choix des matériaux se fait donc en fonction de ces contraintes. Pour des bacs de taille réduite (jusqu'à 60 cm), il est possible d'utiliser pour la structure des bois légers tels que le châtaignier ou des résineux, sur des sections moyennement importantes (par exemple des montants carrés de 6 cm de coté). Pour des sections supérieures à 70 cm (soit une charge maximale de 500 kg), on s'oriente vers du chêne en section plus importante (8 cm) comme ce que l'on peut trouver en charpente (solives). Certains fabricants proposent également des châssis en acier ou en fonte. Au-delà de 100 cm (1m3 de volume soit 2 tonnes de charge maximale), la structure est généralement entièrement métallique, même si les panneaux demeurent en bois.

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